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Bolivie

Carlos Mesa, président de la Bolivie

Carlos Mesa, jusqu'alors vice-président été investi à la tête du pays après la démission, sous la pression de la rue, du président Gonzalo Sanchez de Lozada. Carlos Mesa propose un référendum sur la politique gazière du pays à l’origine du soulèvement contre le régime de Lozada et la convocation d’une assemblée constituante pour la refondation de la Bolivie.
Les Boliviens se sont réveillés ce samedi matin avec un nouveau président. Après un mois de grèves et de manifestations durement réprimées, tout est allé très vite dans la nuit de vendredi. Lâché successivement par ses soutiens politiques et sous la pression de la rue, le président Gonzalo Sanchez de Lozada a finalement jeté l’éponge.

Le Congrès, réuni vendredi soir en session extraordinaire, a accepté la démission de M. Sanchez de Lozada, et dans la foulée, a désigné l’actuel vice-président Carlos Mesa, intellectuel respecté de 50 ans, pour prendre la tête du pays. Avant même que la nouvelle ait été annoncée officiellement, on assistait dans les rues de la Paz à des scènes de liesse. De son côté, dans la plus grande discrétion, Gonzalo Sanchez de Lozada choisissait de quitter le pays pour les Etats-Unis.

Le numéro deux du gouvernement, Carlos Mesa avait retiré son soutien à Gonzalo Sanchez de Lozada dès le début de la semaine pour protester contre la répression à l’arme lourde des manifestations à La Paz et El Alto pendant le week-end dernier. Après avoir rendu hommage aux personnes tuées lors de ces manifestations anti-gouvernementales par les forces de sécurité, Carlos Mesa a annoncé un référendum sur la politique gazière du pays, effet déclencheur de la crise, et la convocation d’«une assemblée constituante pour la refonte de la Bolivie».

Un gouvernement de transition

Le nouveau président assure ne pas vouloir aller au terme de son mandat qui court jusqu’en 2007. Il s’est engagé à simplement gérer «un gouvernement de transition», et a proposé de convoquer des élections anticipées, ce que réclamaient les chefs de file indiens des manifestations ayant précipité le départ de son prédécesseur. «La Bolivie n’est toujours pas un pays égalitaire. Nous devons comprendre nos peuples, nos Quechuas et Aymaras», a déclaré le nouveau chef de l’Etat immédiatement après son investiture.

L’exploitation des ressources minières gazières du pays est à l’origine de la crise sociale et du soulèvement contre le régime de Lozada, le peuple bolivien était opposé à un projet d’exportation de gaz naturel aux Etats-Unis via le Chili, pays voisin mais ancien ennemi. Cela fait un mois que l’opposition, regroupant syndicalistes, mineurs et paysans indiens producteurs de coca, proteste contre ce projet gazier dont les conditions sont jugées désastreuses pour la Bolivie.

Les «campesinos» et les «cholos» accusaient également Lozada de brader les intérêts du pays. Dans leur collimateur: les initiatives parrainées par les Etats-Unis visant à éradiquer la culture de la coca, source d’importants revenus pour les paysans andins. Mais leur opposition a eu des conséquences tragiques. La répression sanglante par les forces de sécurité contre les contestataires a fait plus de 80 morts en un mois, dont plusieurs dizaines le week-end dernier.

Le député indien et dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS), Evo Morales, l’un des leaders de la contestation a déclaré qu’il offrirait un répit au nouveau président bolivien Carlos Mesa pour que ce dernier puisse recueillir auprès des syndicats leurs revendications. De son côté, le leader de la Centrale ouvrière bolivienne (COB) est resté très prudent. Jaime Solares a appelé les manifestants à ne pas baisser la garde et être prêts à donner leur avis sur le nouveau chef d’Etat lors d’une «assemblée du peuple».

Portrait du nouveau président bolivien, Carlos Mesa (Marie-Eve Deteuf, 18/10/2003, 0'58)

Pablo Laguna, sociologue bolivien revient sur les circonstances qui ont conduit au départ de Gonzalo Sanchez de Lozada (F. Genot, 18/10/2003, 7'14)



par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 18/10/2003