Sénégal
L’abbé Diamacoune aux Assises du MFDC : «<i>La rebellion ne se justifie plus</i>»
Aux assise du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ouvertes lundi 6 octobre à Ziguinchor, le président du mouvement, l'Abbé Diamacoune Senghor, est allé plus loin que son discours du mois de mai dernier au Palais de la république à Dakar lors de sa rencontre avec le président Abdoulaye Wade. En effet, pour la première fois, devant environ cinq cents délégués, il a déclaré: «Chers combattants, quand les raisons de se battre sont satisfaites, il n'y a plus de raison de continuer la bataille. Aujourd'hui, la rébellion ne se justifie plus, c'est pourquoi, en ma qualité de Président du MFDC, je vous réitère mes ordres de baisser les armes».
Le sénégal a par ailleurs décidé d'expulser la correspondante de RFI Sophie Malibeaux pour sa couverture de ces assisesjugée «tendancieuse» par les autorités de Dakar. Cependant, mardi soir, le gouvernement est revenu sur sa décision et a annulé l'arrêté d'expulsion.
Le sénégal a par ailleurs décidé d'expulser la correspondante de RFI Sophie Malibeaux pour sa couverture de ces assisesjugée «tendancieuse» par les autorités de Dakar. Cependant, mardi soir, le gouvernement est revenu sur sa décision et a annulé l'arrêté d'expulsion.
De notre envoyé spécial à Ziguinchor
Tout se passe comme si l'Abbé Diamacoune et le secrétaire général de son mouvement, Jean-Marie Biagui, voulaient désormais une paix à marche forcée. Même si l'absence de certaines factions (civiles et militaires) milite à tempérer cet enthousiasme ambiant. Pour la première fois, l'Abbé Diamacoune, d'habitude très réservé sur les promesses des autorités sénégalaises, se montre confiant : «Je fonde ma volonté de faire la paix sur celle du Président Abdoulaye Wade qui a solennellement donné des garanties qui sont, à mon avis, des éléments suffisants pour arrêter définitivement ce conflit qui n'a que trop duré». Au passage Diamacoune qui, pour la première fois, parlant du Sénégal dit «notre pays» : «Nous retiendrons tous, que la cause que nous défendions, et que nous continuons à défendre, est l'arrêt total de la marginalisation manifeste de notre région au sein d'un pays qui nous appartient tous».
C'est une nouveauté dans la bouche de Diamacoune. Jusqu'ici, il parlait du Sénégal, comme d'un pays étranger et la Casamance d'un pays à part. Signe des temps. Signe de la paix ? Jean-Marie Biagui y est lui aussi allé de sa partition pour la paix. Avec emphase: «Je voudrais réaffirmer avec force, ici et maintenant :la guerre pour nous est définitivement révolue». Quant à leur appel à déposer les armes, Jean-Marie Biagui déclare que «plus qu'une affirmation, il s'agit là d'un engagement solennel et résolu que le MFDC entend honorer dans les meilleurs délais dès lors que les garanties que nous attendons du gouvernement, en particulier du président Wade, sont définitivement acquises».
La question des garanties
Tout a démarré le 4 mai 2003 quand l'Abbé Diamacoune rencontre le président Wade à Dakar. En direct, les deux autorités prennent des engagements publics. Les revendications du MFDC, acceptées par le président Wade, vont de l'amnistie des
combattants, la réinsertion, la reconstruction, en passant par la prise en charge des activités du mouvement. En contrepartie, l'Abbé s'engage à faire déposer les armes par ses combattants et à entamer les négociations entre les deux parties. Mais le préalable, c'était de réunir les deux ailes(civile et militaire) du mouvement pour entériner ses engagements. C'est le sens des actuelles assises. Des engagements qui seront difficiles à faire respecter. Il y a des grains de sable qui pourraient compromettre les décisions qui seront prises mercredi à la fin des assises.
En effet, l'Abbé Diamacoune et ses partisans, malgré l'optimisme dont ils font preuve, n'ont pu faire l'unité de toutes les factions du MFDC. Même si le fils du fondateur de la branche armée Atika (Sidy Badji décédé le 27 mai dernier) était présent à la cérémonie d'ouverture, ses partisans de Ziguinchor et de Banjul ainsi que leurs éléments armés, n'ont pas jugé bon de faire le déplacement. Ils accusent Diamacoune et ses partisans de ne les avoir pas associés et de «rouler» pour eux-mêmes. Ce que bien sûr Diamacoune et son clan récusent. Par ailleurs, dans cette assemblée d'environ 500 personnes, difficile de dire qui est combattant ou civil. Même si les organisateurs affirment que les combattants sont présents, ce que certaines sources relativisent voire démentent. Mais le vrai test montrant que Diamacoune a réussi son coup est devant nous. En effet, bien malin celui qui aujourd'hui peut dire si les engagements qui seront pris mercredi seront respectés par ceux qui ont boycotté les assises. Deuxième question : ceux qui ont pris les décisions de paix et de désarmement pourront-ils les faire respecter ? Toute la question est là.
A écouter également :
Sophie Malibeaux, envoyée spéciale à Ziguinchor
Tout se passe comme si l'Abbé Diamacoune et le secrétaire général de son mouvement, Jean-Marie Biagui, voulaient désormais une paix à marche forcée. Même si l'absence de certaines factions (civiles et militaires) milite à tempérer cet enthousiasme ambiant. Pour la première fois, l'Abbé Diamacoune, d'habitude très réservé sur les promesses des autorités sénégalaises, se montre confiant : «Je fonde ma volonté de faire la paix sur celle du Président Abdoulaye Wade qui a solennellement donné des garanties qui sont, à mon avis, des éléments suffisants pour arrêter définitivement ce conflit qui n'a que trop duré». Au passage Diamacoune qui, pour la première fois, parlant du Sénégal dit «notre pays» : «Nous retiendrons tous, que la cause que nous défendions, et que nous continuons à défendre, est l'arrêt total de la marginalisation manifeste de notre région au sein d'un pays qui nous appartient tous».
C'est une nouveauté dans la bouche de Diamacoune. Jusqu'ici, il parlait du Sénégal, comme d'un pays étranger et la Casamance d'un pays à part. Signe des temps. Signe de la paix ? Jean-Marie Biagui y est lui aussi allé de sa partition pour la paix. Avec emphase: «Je voudrais réaffirmer avec force, ici et maintenant :la guerre pour nous est définitivement révolue». Quant à leur appel à déposer les armes, Jean-Marie Biagui déclare que «plus qu'une affirmation, il s'agit là d'un engagement solennel et résolu que le MFDC entend honorer dans les meilleurs délais dès lors que les garanties que nous attendons du gouvernement, en particulier du président Wade, sont définitivement acquises».
La question des garanties
Tout a démarré le 4 mai 2003 quand l'Abbé Diamacoune rencontre le président Wade à Dakar. En direct, les deux autorités prennent des engagements publics. Les revendications du MFDC, acceptées par le président Wade, vont de l'amnistie des
combattants, la réinsertion, la reconstruction, en passant par la prise en charge des activités du mouvement. En contrepartie, l'Abbé s'engage à faire déposer les armes par ses combattants et à entamer les négociations entre les deux parties. Mais le préalable, c'était de réunir les deux ailes(civile et militaire) du mouvement pour entériner ses engagements. C'est le sens des actuelles assises. Des engagements qui seront difficiles à faire respecter. Il y a des grains de sable qui pourraient compromettre les décisions qui seront prises mercredi à la fin des assises.
En effet, l'Abbé Diamacoune et ses partisans, malgré l'optimisme dont ils font preuve, n'ont pu faire l'unité de toutes les factions du MFDC. Même si le fils du fondateur de la branche armée Atika (Sidy Badji décédé le 27 mai dernier) était présent à la cérémonie d'ouverture, ses partisans de Ziguinchor et de Banjul ainsi que leurs éléments armés, n'ont pas jugé bon de faire le déplacement. Ils accusent Diamacoune et ses partisans de ne les avoir pas associés et de «rouler» pour eux-mêmes. Ce que bien sûr Diamacoune et son clan récusent. Par ailleurs, dans cette assemblée d'environ 500 personnes, difficile de dire qui est combattant ou civil. Même si les organisateurs affirment que les combattants sont présents, ce que certaines sources relativisent voire démentent. Mais le vrai test montrant que Diamacoune a réussi son coup est devant nous. En effet, bien malin celui qui aujourd'hui peut dire si les engagements qui seront pris mercredi seront respectés par ceux qui ont boycotté les assises. Deuxième question : ceux qui ont pris les décisions de paix et de désarmement pourront-ils les faire respecter ? Toute la question est là.
A écouter également :
Sophie Malibeaux, envoyée spéciale à Ziguinchor
par Demba Ndiaye
Article publié le 07/10/2003