Algérie
Le Conseil d’Etat désavoue les partisans de Bouteflika
Le coup est dur pour les partisans du président Abdelaziz Bouteflika, en guerre ouverte depuis des mois avec son ancien Premier ministre, Ali Benflis, pour le contrôle de la formidable machine électorale qu’est le Front de libération nationale. En annulant la décision de la cour d’Alger d’interdire le congrès extraordinaire du FLN, le Conseil d’Etat légitime en effet la décision de l’ancien parti unique –réuni discrètement la veille de son congrès– de plébisciter la candidature à la présidentielle de 2004 de son secrétaire général, Ali Benflis. Cette mesure renforce donc considérablement la position de ce très sérieux rival politique du président algérien qui apparaît de plus en isolé. Un isolement qui risque de se renforcer après la parution du dernier ouvrage de l’ancien ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar, dans lequel il fait un bilan sans concession du mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
Le désaveu est d’autant plus cinglant pour le président algérien qu’il a appris la nouvelle à Téhéran où il effectuait une visite officielle de trois jours. Le Conseil d’Etat a en effet décidé d’annuler le jugement en référé de la Cour d’Alger qui, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, a contre toute attente et alors que les autorisations avaient pourtant été délivrées, interdit la tenue du congrès extraordinaire du FLN convoqué pour entériner la candidature de son secrétaire général, Ali Benflis, pour la présidentielle de 2004. Motif de cette interdiction : une plainte déposée par des militants de cette même formation politique pour dénoncer «les irrégularités des conditions dans lesquelles s’était déroulé en mars dernier le 8ème congrès du parti». Réunis autour du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, ces militants réclamaient en même temps l’invalidation du congrès et appelaient à la tenue d’«un congrès du redressement».
Afin de contourner cette interdiction et surtout dans le souci d’éviter les affrontements avec le clan présidentiel, l’ancien parti unique avait surmonté l’épreuve de force en se réunissant la veille de la date prévue et en désignant l’ancien Premier ministre pour le représenter à la présidentielle de 2004, mettant les pro-Bouteflika devant le fait accompli. Il a également contre-attaqué en portant l’affaire devant le Conseil d’Etat.
En déclarant la cour d’Alger «incompétente» pour statuer sur le genre de conflit qui lui a été soumis par les partisans du président algérien, le Conseil d’Etat a du même coup légitimé non seulement la réunion du FLN mais également, avec effet rétroactif, la candidature d ‘Ali Benflis à la magistrature suprême. «Cette décision a réhabilité la légitimité et le droit et confirme notre confiance en la justice de notre pays», a ainsi estimé le secrétaire général de l’ancien parti unique. Elle a surtout renforcé sa position dans la lutte sans merci qui l’oppose au chef de l’Etat algérien, qui jusqu’à présent ne s’est toujours pas officiellement lancé dans la course électorale.
L’attaque du général Nezzar
C’est dans ce contexte politique plutôt défavorable au président algérien, et alors que les mouvements de grève se multiplient dans l’enseignement et chez les cheminots, que paraît le dernier ouvrage du général Khaled Nezzar. Certes l’ancien ministre de la Défense est aujourd’hui à la retraite et ses propos n’engagent que lui. Toujours est-il que dans son livre, qualifié de brûlot par la presse algérienne, il se livre à un réquisitoire incendiaire contre le président algérien. «On a vite l’impression que Abdelaziz Bouteflika considère sa présence à la tête de l’Etat comme une réappropriation d’un bien légitime que des indus occupants ont longtemps squatté», écrit-il notamment. Et d’énumérer les dérapages du chef de l’Etat, évoquant notamment la condescendance de Bouteflika face à ses collaborateurs et son mépris pour toute personne osant le contredire. Il détruit, affirme ainsi le général Nezzar, tel un bulldozer la carrière de tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Dédouanant l’armée des «erreurs» du président, il accuse ce dernier d’être à l’origine de toutes les dérives suscités par la loi sur la concorde civile. Selon lui, le texte originel garantissait un devoir de justice qu’Abdelaziz Bouteflika a balayé en décrétant une grâce amnistiante qu’il qualifie d’«anomalie hors normes juridiques et hors normes constitutionnelles». Concernant l’affaire Khalifa et les accusations portées contre le chef de l’Etat d’avoir profité des largesses de l’homme d’affaires, l’ancien ministre de la Défense, qui affirme ne pas vouloir accuser sans preuve, estime qu’«il y a trop d’éléments évidents et irréfutables qui démontrent que sa responsabilité politique est entière». Et Khaled Nezzar de conclure : «le gel des réformes, la marasme économique, la discorde en Kabylie, le rebond de terrorisme… sont un bilan dont ne peut se prévaloir un candidat à la présidence de la république».
Officiellement l’armée n’interviendra pas dans l’élection présidentielle d’avril 2004 et respectera le choix des urnes. Mais les derniers déboires du clan présidentiel ainsi que l’offensive du général Nezzar contre le bilan d’Abdelaziz Bouteflika pourrait bien laisser penser que ce dernier n’est décidément plus «le candidat du consensus» qu’avait soutenu la grande muette.
Afin de contourner cette interdiction et surtout dans le souci d’éviter les affrontements avec le clan présidentiel, l’ancien parti unique avait surmonté l’épreuve de force en se réunissant la veille de la date prévue et en désignant l’ancien Premier ministre pour le représenter à la présidentielle de 2004, mettant les pro-Bouteflika devant le fait accompli. Il a également contre-attaqué en portant l’affaire devant le Conseil d’Etat.
En déclarant la cour d’Alger «incompétente» pour statuer sur le genre de conflit qui lui a été soumis par les partisans du président algérien, le Conseil d’Etat a du même coup légitimé non seulement la réunion du FLN mais également, avec effet rétroactif, la candidature d ‘Ali Benflis à la magistrature suprême. «Cette décision a réhabilité la légitimité et le droit et confirme notre confiance en la justice de notre pays», a ainsi estimé le secrétaire général de l’ancien parti unique. Elle a surtout renforcé sa position dans la lutte sans merci qui l’oppose au chef de l’Etat algérien, qui jusqu’à présent ne s’est toujours pas officiellement lancé dans la course électorale.
L’attaque du général Nezzar
C’est dans ce contexte politique plutôt défavorable au président algérien, et alors que les mouvements de grève se multiplient dans l’enseignement et chez les cheminots, que paraît le dernier ouvrage du général Khaled Nezzar. Certes l’ancien ministre de la Défense est aujourd’hui à la retraite et ses propos n’engagent que lui. Toujours est-il que dans son livre, qualifié de brûlot par la presse algérienne, il se livre à un réquisitoire incendiaire contre le président algérien. «On a vite l’impression que Abdelaziz Bouteflika considère sa présence à la tête de l’Etat comme une réappropriation d’un bien légitime que des indus occupants ont longtemps squatté», écrit-il notamment. Et d’énumérer les dérapages du chef de l’Etat, évoquant notamment la condescendance de Bouteflika face à ses collaborateurs et son mépris pour toute personne osant le contredire. Il détruit, affirme ainsi le général Nezzar, tel un bulldozer la carrière de tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Dédouanant l’armée des «erreurs» du président, il accuse ce dernier d’être à l’origine de toutes les dérives suscités par la loi sur la concorde civile. Selon lui, le texte originel garantissait un devoir de justice qu’Abdelaziz Bouteflika a balayé en décrétant une grâce amnistiante qu’il qualifie d’«anomalie hors normes juridiques et hors normes constitutionnelles». Concernant l’affaire Khalifa et les accusations portées contre le chef de l’Etat d’avoir profité des largesses de l’homme d’affaires, l’ancien ministre de la Défense, qui affirme ne pas vouloir accuser sans preuve, estime qu’«il y a trop d’éléments évidents et irréfutables qui démontrent que sa responsabilité politique est entière». Et Khaled Nezzar de conclure : «le gel des réformes, la marasme économique, la discorde en Kabylie, le rebond de terrorisme… sont un bilan dont ne peut se prévaloir un candidat à la présidence de la république».
Officiellement l’armée n’interviendra pas dans l’élection présidentielle d’avril 2004 et respectera le choix des urnes. Mais les derniers déboires du clan présidentiel ainsi que l’offensive du général Nezzar contre le bilan d’Abdelaziz Bouteflika pourrait bien laisser penser que ce dernier n’est décidément plus «le candidat du consensus» qu’avait soutenu la grande muette.
par Mounia Daoudi
Article publié le 20/10/2003 Dernière mise à jour le 19/10/2003 à 22:00 TU