Afghanistan
Des Serbes à la rescousse des Américains à Kandahar
Un bataillon de quelques 250 combattants serbes devrait bientôt partir pour l’Afghanistan afin de prêter main-forte aux forces américaines dans leur traque d’Al-Qaida et des Taliban. L’affaire, révélée par la presse, aurait été négociée par le Premier ministre Zivkovic lors de son dernier séjour à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies.
De notre correspondant à Belgrade
L’affaire est embarrassante pour le gouvernement, car aucun débat public n’a eu lieu sur le sujet, alors que l’opinion serbe est très réticente à un engagement de troupes à l’étranger sans mandat clair de l’ONU. De plus, un doute majeur subsiste sur la nature des troupes qui pourraient prendre la direction de Kandahar. Dans un premier temps, les autorités de Serbie-Monténégro avaient bien songé proposer la mission à l’armée, mais les exigences mises en avant par les USA semblent rédhibitoires: les soldats devraient avoir une moyenne d’âge de trente ans, être diplômés d’une école militaire, et parler anglais… Même si l’armée de Serbie-Monténégro ne manque pas d’hommes ayant récemment acquis une riche expérience de la guerre, bien peu sont en mesure de remplir ces critères.
Le gouvernement songe donc faire appel à la gendarmerie, qui est en Serbie une unité d’élite dépendant de la police. Le chef de cette unité, le colonel général de police Goran Radosavljevic, dit «Guri», n’est pas le moins emballé par la perspective d’un voyage en Afghanistan. En tant que commandant des Groupes opérationnels d’expulsion, il a joué un rôle déterminant dans la guerre du Kosovo, et il semblerait bien que le Tribunal pénal international de La Haye (TPI) s’intéresse beaucoup à ses activités passées. Au cours du procès de Slobodan Milosevic, son nom a fréquemment été cité à la barre, même si aucune accusation publique n’a été pour le moment formulée à son encontre.
Plutôt Kadahar que La Haye!
Selon certaines sources, le redoutable «Guri» pourrait prendre le commandement du bataillon serbe, ce que le ministre de l’Intérieur Dusan Mihajlovic a cependant démenti, affirmant que ce poste devait revenir à un militaire. En effet, malgré sa notoire expérience guerrière, «Guri» n’a aucun diplôme de l’Académie militaire. De surcroît, il serait exposé à de sérieux problèmes s’il devait se rendre aux USA, où une procédure judiciaire est engagée contre lui pour le meurtre des frères Bitic, des citoyens américains d’origine albanaise, tués à leur sortie de la prison de Ljipljane, au Kosovo, en 1999. Les tribunaux des USA ont compétence pour se saisir des crimes commis contre des citoyens américains partout dans le monde.
Même s’il ne prend pas la direction du bataillon serbe, «Guri» semble néanmoins décidé à faire le voyage de Kandahar, préférable à un long séjour à La Haye. Il estime en effet que le gouvernement lui doit cette gentillesse en remerciement des loyaux services rendus par la gendarmerie durant l’état d’urgence du printemps dernier. Guri pourrait être accompagné par des anciens Bérets rouges, l’unité d’élite dissoute après le meurtre du Premier ministre Djindjic. Le gouvernement serbe est convaincu d’avoir trouver une excellente voie de sortie pour les anciens «chiens de guerre» hérités du régime Milosevic.
L’affaire est embarrassante pour le gouvernement, car aucun débat public n’a eu lieu sur le sujet, alors que l’opinion serbe est très réticente à un engagement de troupes à l’étranger sans mandat clair de l’ONU. De plus, un doute majeur subsiste sur la nature des troupes qui pourraient prendre la direction de Kandahar. Dans un premier temps, les autorités de Serbie-Monténégro avaient bien songé proposer la mission à l’armée, mais les exigences mises en avant par les USA semblent rédhibitoires: les soldats devraient avoir une moyenne d’âge de trente ans, être diplômés d’une école militaire, et parler anglais… Même si l’armée de Serbie-Monténégro ne manque pas d’hommes ayant récemment acquis une riche expérience de la guerre, bien peu sont en mesure de remplir ces critères.
Le gouvernement songe donc faire appel à la gendarmerie, qui est en Serbie une unité d’élite dépendant de la police. Le chef de cette unité, le colonel général de police Goran Radosavljevic, dit «Guri», n’est pas le moins emballé par la perspective d’un voyage en Afghanistan. En tant que commandant des Groupes opérationnels d’expulsion, il a joué un rôle déterminant dans la guerre du Kosovo, et il semblerait bien que le Tribunal pénal international de La Haye (TPI) s’intéresse beaucoup à ses activités passées. Au cours du procès de Slobodan Milosevic, son nom a fréquemment été cité à la barre, même si aucune accusation publique n’a été pour le moment formulée à son encontre.
Plutôt Kadahar que La Haye!
Selon certaines sources, le redoutable «Guri» pourrait prendre le commandement du bataillon serbe, ce que le ministre de l’Intérieur Dusan Mihajlovic a cependant démenti, affirmant que ce poste devait revenir à un militaire. En effet, malgré sa notoire expérience guerrière, «Guri» n’a aucun diplôme de l’Académie militaire. De surcroît, il serait exposé à de sérieux problèmes s’il devait se rendre aux USA, où une procédure judiciaire est engagée contre lui pour le meurtre des frères Bitic, des citoyens américains d’origine albanaise, tués à leur sortie de la prison de Ljipljane, au Kosovo, en 1999. Les tribunaux des USA ont compétence pour se saisir des crimes commis contre des citoyens américains partout dans le monde.
Même s’il ne prend pas la direction du bataillon serbe, «Guri» semble néanmoins décidé à faire le voyage de Kandahar, préférable à un long séjour à La Haye. Il estime en effet que le gouvernement lui doit cette gentillesse en remerciement des loyaux services rendus par la gendarmerie durant l’état d’urgence du printemps dernier. Guri pourrait être accompagné par des anciens Bérets rouges, l’unité d’élite dissoute après le meurtre du Premier ministre Djindjic. Le gouvernement serbe est convaincu d’avoir trouver une excellente voie de sortie pour les anciens «chiens de guerre» hérités du régime Milosevic.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 12/10/2003