Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France Afrique

Jacques Chirac est fait «sage hogon» au Mali

Jacques Chirac s’est rendu au Mali dernière étape de la visite présidentielle en Afrique. Son séjour au Mali a débuté à Tombouctou dans le nord du pays. Les problèmes de développement, les difficultés des pays producteurs de coton et les questions liées à l’immigration ont constitué l’essentiel des sujets de discussion entre Jacques Chirac et son hôte Amadou Toumani Touré.
Tombouctou a été la première escale de la visite de Jacques Chirac au Mali. Cette ville, haut lieu de la culture islamique était aux couleurs françaises pour recevoir le chef de l’Etat français. Selon les autorités locales, plus de 2 000 chameaux, 200 chevaux et une quinzaine de troupes folkloriques ont été mobilisés pour cette visite. Le long de la route reliant l’aéroport au centre ville, plusieurs centaines chameliers touaregs s’étaient alignés pour saluer le cortège présidentiel. Jacques Chirac est le troisième chef d’Etat français, après Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand à visiter cette ville historique qui sa gloire du commerce caravanier transsaharien.

Tombouctou qui comptait au 16ème siècle jusqu’à 100 000 habitants, 180 mosquées et de nombreuses bibliothèques fréquentées par des milliers d’étudiants, n’est plus peuplée que de 30 000 habitants. Le conseil municipal de Tombouctou a élevé le président français au rang de citoyen d’honneur de la ville. Sur la place de l’indépendance et lors d’une brève allocution Jacques Chirac a placé sa visite au Mali sous le signe «d’un partenariat rénové». Le cortège présidentiel est alors reparti pour Bamako, où des milliers de personnes l’attendait. Après les traditionnels bains de foule dont raffole Jacques Chirac et un dîner offert par le chef d’Etat malien, les deux délégations sont entrées dans le vif du sujet : les problèmes de coopération, le commerce international et l’immigration.

Jacques Chirac soulignant l’extrême pauvreté du Mali et saluant l’effort «exceptionnel de bonne gestion sur le plan financier» a annoncé à ses hôtes que la France allait soutenir cet élan en annulant la dette du Mali sur quatre ans (2004-2007) et qui s’élève à 11,6 millions d’euros. Mais certaines dispositions dans les accords bilatéraux ne permettant l’annulation pure et simple de la dette, la France fournira, en compensation, une aide budgétaire directe qui correspondra au montant dû par le Mali.

«Le sage hogon»

Par ailleurs en matière de commerce international, la France a répondu aux attentes des pays africains producteurs de coton, dont le Mali est le troisième producteur mondial. Le chef de l’Etat français a annoncé une initiative de l’Union européenne pour suppléer à l’échec des récentes discussions à Cancun de l’Organisation mondiale du commerce, concernant les subventions accordées par les Européens et les Américains à leur filière coton. Le Mali, le Bénin, le Burkina Faso et le Tchad ont annoncé un manque à gagner de plus d’un milliard de dollars qui minent leurs efforts de développement. «Les mécanismes établis notamment par les pays développés producteurs de coton déstabilisent les cours. Les producteurs sahéliens en sont les premières victimes», a remarqué Jacques Chirac qui se fait l’avocat des pays producteurs africains auprès des institutions internationales.

Il a abordé la question de l’immigration malienne en France, mais a rencontré moins d’adhésion à son discours que sur les précédents thèmes qu’il a abordés. Environ 42 000 Maliens sont régulièrement installés en France et on compterait autant d’illégaux : «les sans-papiers». Sans condamner une politique laxiste des autorités maliennes, il a appelé à «mettre fin aux agissements d’intermédiaires mafieux sans scrupules».

La visite du chef de l’Etat français au Mali s’est clôturée par une haute distinction à laquelle il a été élevée en pays Dogon, une ethnie du centre du pays. Au cours d’une cérémonie rituelle dans la région de Mopti il a été fait «dignitaire de la société des masques» et intronisé «sage hogon», stade suprême de la sagesse chez les Dogons. De Mopti Jacques Chirac s’est envolé pour Paris après quatre jours de visite au Niger et au Mali.

A écouter également :

Le bilan de la visite de Jacques Chirac, S.Biville, 1'26

La question de l'immigration, S.Biville, 1'18

Le président français et la jeunesse africaine, S.Biville, 1'18



par Didier  Samson

Article publié le 26/10/2003