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Musique sur Internet

Régime sec pour le marché du disque en France

Epargnée jusque là, la France connaît une chute sensible des ventes de disques. Le piratage n’est pas le seul responsable de ces mauvais chiffres. D'autres raisons expliquent cette crise du CD.
Les marchands de disques français n’ont pas le sourire. Leurs ventes ne cessent de chuter. Sur les neufs premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de l’industrie discographique a enregistré une baisse de 13,5%. Avec un total de 729 millions d'euros pour 103 millions d'unités vendues (tous supports confondus: CD, singles, vinyles, DVD musicaux), le marché est en baisse de 8,9% par rapport à la même période en 2002. «Nous rejoignons la tendance mondiale», confirme Hervé Rony, le directeur général du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP). Et de rappeler que «le recul du marché mondial du disque a été de 10,9% au cours du premier semestre de l’année 2003».

Des mauvais chiffres qui s'expliquent, en bonne partie, par l’augmentation des téléchargements illicites sur Internet. Ce fléau est accusé d’avoir provoqué la baisse mondiale des ventes de disques de 30% ces dernières années. Plus de quatre millions d’internautes dans le monde se livrent à chaque instant à l’échange de fichiers musicaux grâce à des logiciels peer-to-peer comme Kazaa ou Morpheus. D’autant plus que le déploiement du haut débit et la banalisation des graveurs a accéléré ce processus.

Nouvelles formes de revenus

Le téléchargement que les internautes font pour leur usage personnel ne pose pas de problème en France. En revanche quand il prend des volumes considérables, les professionnels français «n’excluent pas de poursuivre les internautes pirates comme cela a été le cas au cours de l’année aux Etats-Unis», a expliqué le directeur général du SNEP. En effet, l’Association américaine de l’industrie phonographique (RIAA) qui représente les majors du disque (Sony, Universal, Time Warner et EMI) a entamé cette année des poursuites judiciaires contre 261 particuliers soupçonnés d’avoir distribué des milliers de chansons sur Internet.

Reste que le marché de la musique en ligne ne peut se résumer à l’affrontement judiciaire entre les majors et les services d’échange gratuit de fichiers. L’industrie est aussi tout simplement en panne d’artistes remplissant facilement les tiroirs caisses comme les représentants de la «pop ado» (Boys Band) l’ont fait dans les années 90. Si l'on en croit les analystes, le trou d’air du marché devrait durer encore quatre ou cinq ans. L'industrie discographique va connaître ce qu'a connu le cinéma, où les entrées salles ne représentent désormais qu'une portion des revenus de l'industrie du 7e art, à côté des droits télévisés, des ventes de VHS et DVD et autres produits dérivés. Les revenus de la musique vont prendre de nouvelles formes, la musique vendue en magasins ne sera pas la seule source de revenus, elle passera par le développement d'utilisations complémentaires de la musique, comme les sonneries téléphoniques, ou bien les services payants de téléchargement de musique en ligne.

Le marché a connu un choc avec le lancement réussi il y a quelques mois du le magasin de musique en ligne d’Apple «iTunes Music Store». Le magasin de Steve Jobs a annoncé au mois d’octobre avoir franchi le cap de 14 millions de titres vendus depuis son ouverture en avril. Une démarche suivie par d’autres, l’«iTunes Music Store» suscite des vocations chez les grands noms de l’Internet. Dans le sillage d’Apple, le fournisseur de services Internet America Online (filiale du groupe AOL Time Warner) a annoncé l’ouverture d’un magasin de disques en ligne d’ici la fin de l’année, qui viendra à s’ajouter à son service d’abonnement MusicNet. Les géants Yahoo!, Microsoft, Sony Music et Amazon et la chaîne de télévision musicale MTV s’apprêtent à emboîter le pas à Apple pour lancer des services payants de musique en ligne.


par Myriam  Berber

Article publié le 01/11/2003 Dernière mise à jour le 31/10/2003 à 23:00 TU