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Mauritanie

Rebondissement à quelques heures de l’ouverture du scrutin

Jeudi après-midi, le candidat d’opposition Mohamed Khouna ould Haidalla a été interpellé de force par la police avec cinq autres de ses proches. Il a finalement été relâché en début de soirée après avoir été accusé de prendre le pouvoir par la violence et l’illégalité. Le scrutin a débuté aujourd’hui dans le calme.
De notre correspondante à Nouakchott

Journée mouvementée jeudi pour le candidat à la présidentielle Mohamed Khouna ould Haidalla. L’homme a été arrêté à son domicile en début d’après-midi tout comme cinq autres de ses proches appartenant au directoire de sa campagne. Ces arrestations sans ménagements aucun ont plongé la classe politique dans l’inquiétude la plus totale.

En début de soirée, tous sauf un ont été accusés de comploter pour prendre le pouvoir par la violence et dans l’illégalité. Le procureur de la République invoquant la découverte d’un document compromettant pour eux –un plan de protestation en cas de réélection du président ould Taya, un plan baptisé Grab 1- a annoncé l’ouverture d’une instruction judiciaire contre Haidalla et quatre de ses co-accusés. Quelques heures plus tard, de manière inattendue, le candidat et son directeur de campagne sont pourtant libérés. Après avoir été entendus ont leur a simplement signifié qu’ils étaient libres mais toujours soupçonnés.

Ce retournement exceptionnel à quelques heures de l’ouverture du scrutin pose question. Certains voient dans la libération de l’opposant le résultat des pressions exercées par les ambassades étrangères représentées à Nouakchott. D’autres estiment que le pouvoir a reculé après avoir réalisé qu’en l’absence de l’un des candidats les élections devaient être forcément reportées. L’article 10 de la loi organisant l’élection présidentielle est en effet très clair: «Si avant le premier tour un des candidats décède ou est empêché, le conseil constitutionnel prononce le report de l’élection». D’autres parlent d’une farce ou encore d’une parodie de démocratie. Mais dans le cadre d’une élection, où le pouvoir met en jeu un fauteuil présidentiel occupé depuis 19 ans, après avoir subi une tentative de coup d’Etat au mois de juin, l’affaire est trop sérieuse pour être prise à la légère.

Dans le collimateur

Ce qui est sûr c’est que Mohamed Khouna ould Haidalla est dans le collimateur des autorités depuis plusieurs jours. L’ancien chef de l’État au pouvoir de 80 à 84 était considéré comme l’un des trois grands challengers de cette élection qui compte au total six candidats. Cet ancien militaire écarté par un coup d’Etat mené par le président sortant Maaouya ould Taya était surtout redouté pour sa popularité apparente. En quelques mois il a rassemblé autour de lui une coalition très large composée de bassistes, de nassériens, de négro-mauritaniens, d’islamistes, de haratines –descendant d’esclaves-, de militaires, et de militants venus tout droit du PRDS le parti au pouvoir. Une coalition qui a trouvé assez vite un écho auprès des mauritaniens. Son arrestation était envisagée par ses proches mais personne ne pensait cependant qu’elle prendrait ce tour là. Dans le camp Haidalla on incite à ne rien changer au dispositif prévu ces derniers jours et «à aller voter massivement sans se laisser terroriser». Hier soir après sa libération, le directeur de campagne du candidat, Ismail ould Amar, a insisté pour que cette mobilisation ait lieu dans le calme et la tranquillité.

Au total 1 107 400 Mauritaniens sont appelées à voter dans 2 258 bureaux de vote répartis sur tout le territoire.



par Marie-Pierre  Olphand

Article publié le 07/11/2003