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Mondialisation

Les partis politiques s’altermondialisent

«Ne pourront participer au Forum en tant que tels les représentants de partis» affirme haut et fort la charte du Forum social mondial de Porto Alegre, également applicable au 2ème Forum social européen qui se tient en région parisienne du 12 au 15 novembre. Le même code de conduite des altermondialistes, représentant la société civile, précise cependant que des gouvernants et des parlementaires pourront être invités à ces rencontres «à titre personnel».
Sans attendre une hypothétique invitation des altermondialistes, les partis politiques français, toutes tendances confondues, se réunissent, dans les jours précédents l’ouverture du Forum social européen, afin de prendre position sur le thème de la mondialisation. A la création du Forum de Porto Alegre, en janvier 2001, contre-sommet à la rencontre annuelle des décideurs économiques de la planète dans la station suisse de Davos, rares étaient les représentants des partis politiques. En janvier 2002, le Forum social mondial était devenu «incontournable» pour les nombreux responsables politiques français déjà largement en campagne électorale pour l’élection présidentielle et les législatives des mois suivants. Un an plus tard, au 3ème Forum de Porto Alegre, leur nombre était un peu retombé mais le débat sur une autre mondialisation était désormais lancé et ce thème est désormais au cœur de la vie politique française.

Maintenant que le qualificatif d’altermondialiste a remplacé celui d’antimondialiste, dans la plupart des organisations de la société civile hostiles à la globalisation ultra-libérale, s’en revendiquer ne fait plus peur. Jusqu’à Alain Juppé, président de l’UMP, formation de la majorité présidentielle peu suspecte de gauchisme, qui déclarait le 4 novembre : «Ce terme ne m'effraie pas si s’affirmer altermondialistes, c’est vouloir changer le cours des choses et inventer une autre mondialisation». En effet, pour cet ancien ministre du Budget et Premier ministre d’un gouvernement situé à droite de l’échiquier politique français «il faut avoir une bonne dose d’aveuglement pour considérer que la mondialisation telle qu’elle est va contribuer aux solutions de nos problèmes». L’UMP est ainsi la première formation à organiser, en prélude au forum social, un colloque consacré au «partage des fruits de la mondialisation».

«La bourse ou la vie»

Suivront, jusqu’à l’ouverture du Forum lui-même, le mouvement de Jean-Pierre Chevènement, opposé à la mondialisation au nom de la souveraineté des Etats; puis, le parti socialiste qui a ouvert avec les organisateurs du Forum une polémique sur la présence à cette rencontre de l’islamologue Tariq Ramadan. Le PS recevra cependant la présidente d’Attac, Susan George, au cours d’un colloque tendant à prouver que ce parti est le seul débouché politique possible à l’altermondialisme. Le parti communiste a opté, quant à lui, pour une rencontre des dirigeants des partis communistes ou progressistes européens. La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) appelle à un meeting de rupture avec la mondialisation libérale. Enfin, les Verts organisent pendant trois jours à Paris une conférence avec les parlementaires écologistes européens, en un lieu hautement symbolique : la bourse du palais Brongniart, sous le titre «la bourse ou la vie».

Les Verts français entretiennent depuis toujours d’excellentes relations avec les associations altermondialisation telles Attac. Mais signe que la politique intérieure n’est jamais très loin dans ces débats sur la mondialisation, le torchon brûle actuellement entre les Verts allemands qui participent au gouvernement Schröder et la section allemande d’Attac. L’organisation altermondialiste a appelé à une manifestation contre les réformes économiques et sociales du gouvernement de coalition «rouge-vert», ce que les écologistes lui reprochent «vertement».



par Francine  Quentin

Article publié le 04/11/2003