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Attentats

Guantanamo : Paris réclame des «informations précises»

La France a demandé aux Etats-Unis de lui fournir des informations précises sur la situation et l'avenir des six Français détenus à Guantanamo, sur l'île de Cuba. «Nous voudrions savoir les faits qui leur sont reprochés et quelles charges pèsent sur eux», a déclaré Hervé Ladsous, le porte parole du ministère français des Affaires étrangères. Les conditions de détention de ces hommes, tous des membres présumés d’al-Qaïda, l’organisation terroriste d’Oussama ben Laden, échappent au droit international.
La base navale de Guantanamo est la nasse dans laquelle les Etats Unis jettent les présumés coupables du 11 septembre 2001. Six-cents cinquante suspects, dont six Français et vingt autres Européens, croupissent donc depuis près de deux ans dans ce bagne, sans inculpation, sans procès, pratiquement sans droit de visite des avocats ou des familles. Leurs lettres mentionnent des sévices psychologiques et corporels exercés par leurs geôliers dans le but de leur extorquer des informations sur les réseaux d'al-Qaïda. Des tortures que dément bien évidemment le président Bush.

Les premiers procès imminents

«C'est une impasse juridique», a récemment déclaré le ministre français de la Justice, Dominique Perben, qui a rencontré il y a quelque semaines son homologue américain. Le sujet fait d’ailleurs l’objet de concertations avec les autres pays européens concernés. Mais les Etats Unis invoquent la guerre contre le terrorisme pour expliquer ces violations du droit international. Pour l’administration Bush en effet, les détenus de Guantanamo ont des «combattants illégaux» qui ne peuvent à ce titre être protégés par la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre.

Face au mécontentement de plusieurs pays, les Etats-Unis ont récemment décidé d’accélérer les procédures. Le début des procès serait même imminent, à en croire le procureur du tribunal militaire spécialement créé pour l'occasion. C'est sans doute cette accélération du calendrier qui a incité Paris à demander à Washington des explications sur les faits reprochés et les charges qui pèsent sur les détenus français. Paris espère également pouvoir envoyer une nouvelle mission à Guantanamo, les deux précédentes, au printemps 2002, ayant surtout servi à vérifier les identités des prisonniers.



par Noëlle  Velly

Article publié le 08/11/2003