Mondialisation
Une autre Europe au Forum social européen
Le 2e Forum social européen se déroule du 12 au 15 novembre à Paris et dans trois villes de la région parisienne avec, pour thème central, la construction d’«une autre Europe» que celle de l’ultralibéralisme. Les altermondialistes mobiliseront-ils autant qu’au 1er Forum social européen en novembre 2002 à Florence (Italie) où plus de 500 000 manifestants avaient défilé contre la guerre en Irak ?
Environ 60 000 altermondialistes sont attendus pendant les 4 jours de débats et rencontres du 2e Forum social européen, du 12 au 15 novembre, en région parisienne. Et, probablement beaucoup plus à la manifestation de clôture, samedi 15 novembre, dans les rues de la capitale. Le Forum social européen, premier du genre, qui avait eu lieu à Florence, il y a un an, était porté par la vague de protestation contre les perspectives de guerre en Irak. La mobilisation avait été à la hauteur de l’émoi suscité par les risques de guerre, partout dans le monde et, particulièrement, en Europe.
Cette année, le 2e Forum social européen entend promouvoir une Europe des citoyens et des peuples, telle que la voient les mouvements sociaux, alors que se concocte, au niveau politique, la future constitution d’une Union européenne à 25. Ces rencontres altermondialistes, au niveau européen, répondent au besoin de «décliner» le processus mondial de mobilisation citoyenne lancé, en 2001, par le Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil. Ainsi, deux forums africains se sont-ils déjà tenus au Mali en janvier 2002 et en Ethiopie en janvier 2003, un forum social asiatique en Inde, en janvier dernier, ou encore le forum latino-américain dit «panamazonique» au Brésil en janvier 2002 et en 2003. Poussant plus loin encore sa volonté d’essaimage, le Forum social mondial aura lieu en janvier 2004 en Inde à Mumbaï (ex-Bombay).
Dans l’esprit, le Forum social européen se réfère à la Charte de Porto Alegre qui définit les principes de cette rencontre ouverte à la réflexion et aux propositions, dans un « espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan. D’où la présence de 1 800 associations, syndicats et groupements à 55 conférences, 270 séminaires et autant d’ateliers thématiques.
La double culture du mouvement social
Dans cette profusion, certains parlent de nébuleuse, pas de partis politiques représentés en tant que tels. Le mouvement altermondialiste s’est constitué à partir de la société civile et d’une mobilisation sociale, justement parce qu’il ne parvenait pas à se faire entendre des partis politiques. C’était l’époque où le premier forum de Porto Alegre se présentait comme le contre-sommet de Davos, le traditionnel Forum économique mondial, où il était de bon ton, pour un homme politique ou un leader syndical, de se rendre. La situation s’est désormais inversée et une vingtaine de partis communistes ou de gauche européens ont exprimé, avant l’ouverture du Forum européen, le souhait d’instaurer un dialogue avec les mouvements sociaux et citoyens.
En effet, le débouché politique des propositions formulées par le mouvement social est un sujet crucial auquel les altermondialistes ne pourront échapper très longtemps. La lutte sociale et la mobilisation citoyenne ont leur dynamique propre, mais le changement économique et social passe, dans les sociétés démocratiques occidentales, par le biais des institutions, syndicales ou parlementaires. Le risque de récupération politique et d’instrumentalisation du mouvement social à des fins partisanes existe bien. Mais la réduction à l’inefficacité et la stérilisation des énergies qui sont la caractéristique du mouvement social ne sont pas un moins grand danger. Les moyens de concrétiser leur vision de la mondialisation ne font pas l’unanimité et la question est loin d’être tranchée par les centaines de groupes qui constituent le réseau altermondialiste. Il doit composer avec la double culture, portée par les deux générations que forment ses militants. D’un côté les déçus des partis politiques, souvent militants aguerris dans des formations de gauche et d’extrême-gauche, et les jeunes dont c’est le premier engagement, peu politisés, et arborant souvent la naïveté des nouveaux convertis.
Ecouter également:
Fatiha Belkodja : «L'universalité est un projet humain et n'appartient pas seulement aux occidentaux» : portrait d'une militante altermondialiste (C. Potet, 12/11/2003, 2'22")
Juliette Rengeval, propose un Rendez-vous de la rédaction axé autour du lancement, le mercredi 12 novembre à Paris, du Forum social européen (11 nov. 2003, 4’54’’).
Cette année, le 2e Forum social européen entend promouvoir une Europe des citoyens et des peuples, telle que la voient les mouvements sociaux, alors que se concocte, au niveau politique, la future constitution d’une Union européenne à 25. Ces rencontres altermondialistes, au niveau européen, répondent au besoin de «décliner» le processus mondial de mobilisation citoyenne lancé, en 2001, par le Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil. Ainsi, deux forums africains se sont-ils déjà tenus au Mali en janvier 2002 et en Ethiopie en janvier 2003, un forum social asiatique en Inde, en janvier dernier, ou encore le forum latino-américain dit «panamazonique» au Brésil en janvier 2002 et en 2003. Poussant plus loin encore sa volonté d’essaimage, le Forum social mondial aura lieu en janvier 2004 en Inde à Mumbaï (ex-Bombay).
Dans l’esprit, le Forum social européen se réfère à la Charte de Porto Alegre qui définit les principes de cette rencontre ouverte à la réflexion et aux propositions, dans un « espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan. D’où la présence de 1 800 associations, syndicats et groupements à 55 conférences, 270 séminaires et autant d’ateliers thématiques.
La double culture du mouvement social
Dans cette profusion, certains parlent de nébuleuse, pas de partis politiques représentés en tant que tels. Le mouvement altermondialiste s’est constitué à partir de la société civile et d’une mobilisation sociale, justement parce qu’il ne parvenait pas à se faire entendre des partis politiques. C’était l’époque où le premier forum de Porto Alegre se présentait comme le contre-sommet de Davos, le traditionnel Forum économique mondial, où il était de bon ton, pour un homme politique ou un leader syndical, de se rendre. La situation s’est désormais inversée et une vingtaine de partis communistes ou de gauche européens ont exprimé, avant l’ouverture du Forum européen, le souhait d’instaurer un dialogue avec les mouvements sociaux et citoyens.
En effet, le débouché politique des propositions formulées par le mouvement social est un sujet crucial auquel les altermondialistes ne pourront échapper très longtemps. La lutte sociale et la mobilisation citoyenne ont leur dynamique propre, mais le changement économique et social passe, dans les sociétés démocratiques occidentales, par le biais des institutions, syndicales ou parlementaires. Le risque de récupération politique et d’instrumentalisation du mouvement social à des fins partisanes existe bien. Mais la réduction à l’inefficacité et la stérilisation des énergies qui sont la caractéristique du mouvement social ne sont pas un moins grand danger. Les moyens de concrétiser leur vision de la mondialisation ne font pas l’unanimité et la question est loin d’être tranchée par les centaines de groupes qui constituent le réseau altermondialiste. Il doit composer avec la double culture, portée par les deux générations que forment ses militants. D’un côté les déçus des partis politiques, souvent militants aguerris dans des formations de gauche et d’extrême-gauche, et les jeunes dont c’est le premier engagement, peu politisés, et arborant souvent la naïveté des nouveaux convertis.
Ecouter également:
Fatiha Belkodja : «L'universalité est un projet humain et n'appartient pas seulement aux occidentaux» : portrait d'une militante altermondialiste (C. Potet, 12/11/2003, 2'22")
Juliette Rengeval, propose un Rendez-vous de la rédaction axé autour du lancement, le mercredi 12 novembre à Paris, du Forum social européen (11 nov. 2003, 4’54’’).
par Francine Quentin
Article publié le 11/11/2003