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Proche-Orient

Progrès en vue de la constitution du cabinet palestinien

C’est l’intervention du Comité central du Fatah, principal mouvement palestinien qui compte dans ses rangs aussi bien le président Arafat que son Premier ministre, Ahmed Qoreï, qui a permis de dénouer la crise qui oppose depuis plusieurs semaines les deux hommes sur la constitution du nouveau gouvernement. Un compromis a en effet été trouvé vendredi soir concernant le choix du ministre de l’Intérieur, jusque-là principal obstacle à la mise en place du cabinet palestinien qui devrait compter une vingtaine de membres. Les discussions se poursuivaient samedi en vue de la répartition des autres portefeuilles avant la présentation, probablement lundi, de la nouvelle équipe au Conseil législatif palestinien, le parlement où siègent majoritairement des députés du Fatah.
Le nouveau ministre de l’Intérieur est un proche de Yasser Arafat. Ahmed Qoreï a du en effet se soumettre au choix du Fatah qui a approuvé la décision du président de l’Autorité palestinienne de nommer à ce poste-clé Hakam Balaoui, au détriment du général Nasser Youssef dont le Premier ministre avait pourtant vivement défendu la candidature. Ce différend, qui bloque depuis plusieurs jours la formation d’un gouvernement élargi en remplacement du cabinet de crise qui durant un mois a assuré la gestion des affaires courantes, a failli générer une nouvelle crise institutionnelle au sein de l’Autorité palestinienne. Et il aura donc fallu l’intervention ferme du Comité central du Fatah pour débloquer la situation.

Mais si Hakam Balaoui est désormais titulaire du portefeuille de l’Intérieur, ses prérogatives, contrairement à celles de ses prédécesseurs, seront limitées au domaine civil puisqu’il sera, à en croire un membre du Fatah, «uniquement chargé des affaires de sécurité intérieure». En vertu de l’accord conclu, les affaires de sécurité nationale seront en effet gérées par le tout nouveau Conseil national de sécurité formé au mois de septembre dernier et dont la présidence revient à Yasser Arafat. Plusieurs ministres, dont le chef du gouvernement, y siègent. Selon certaines sources, Ahmed Qoreï aurait réussi à négocier la nomination au poste de vice-Premier ministre du général Nasser Youssef, ce qui permettrait à ce dernier de siéger également au sein du Conseil.

Cet arbitrage du Comité central du Fatah devrait donc permettre au président Yasser Arafat de garder la haute main sur les affaires de sécurité, et ceci contre l’avis des Américains et des Israéliens qui ne ménagent pas leurs efforts depuis des mois pour écarter le président de l’Autorité palestinienne accusé d’encourager le terrorisme.

Soutien inattendu à l’Initiative de Genève

Alors que s’achève une nouvelle semaine meurtrière pour les Palestiniens, les promoteurs d’un plan de paix non officiel, connu sous le nom de l’Initiative de Genève, poursuivaient leurs efforts en vue de convaincre l’opinion internationale de la nécessité d’encourager un règlement du conflit israélo-palestinien. Ce plan, qui propose des solutions concernant tous les dossiers litigieux, dont le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés palestiniens ou encore le sort des colonies juives, doit être officiellement lancé début décembre à Genève. Les autorités israéliennes ont d’ores et déjà rejeté cette initiative portée notamment par l’ancien ministre travailliste Yossi Beilin, la jugeant illégitime. Yasser Arafat, au contraire, l’a vivement encouragée, l’un de proches collaborateurs, l’inamovible Yasser Abed Rabbo, est d’ailleurs l’un des promoteurs de ce plan.

Contre toute attente et alors que l’administration Bush a toujours défendu son attachement à la feuille de route –ce plan de paix moribond qui prévoit, sous l’égide des Etats-Unis, de la Russie, des Nations unies et de l’Union européenne, la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2004–, l’Initiative de Genève à reçu le soutien du secrétaire américain. Dans une lettre aux promoteurs de ce plan de paix, Colin Powell affirme «soutenir et comprendre» cette démarche. Le chef de la diplomatie américaine précise toutefois que ses encouragements ne constituent pas une remise en cause de la feuille de route, Washington soutenant toujours que ce plan était «le moyen d’aller de l’avant». Il a par ailleurs salué «l’atmosphère d’espoir» que tente de promouvoir l’Initiative de Genève.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 08/11/2003