Turquie
Istanbul sous le choc
Après le double attentat à la voiture piégée perpétré samedi contre deux synagogues d’Istanbul, c’est la stupeur en Turquie. Le bilan n’a cessé de s’alourdir et les autorités comptabilisent aujourd’hui 23 morts et 250 blessés dont 70 sont encore hospitalisés. Six juifs ont été tués par ces explosions, les autres victimes sont des commerçants dont les échoppes se trouvaient à proximité et des passants. Aucune piste n’est pour le moment privilégiée par les enquêteurs mais la cible et le mode opératoire des terroristes incitent les autorités à penser que cette action a pu être préparée par une organisation «aux ramifications internationales».
Attentats suicides ou simples attaques à la voiture piégée, c’est notamment à cette question que les enquêteurs turcs essaient de répondre pour tenter de comprendre comment, et peut-être qui, est à l’origine des ces actes terroristes. Ils ont annoncé dimanche que les attentats avaient vraisemblablement été commis par des kamikazes. La police dispose d’un certain nombre d’éléments parmi lesquels figure les enregistrements réalisés par les caméras de surveillance de la synagogue de Neve Shalom. Le film montre un homme qui gare une voiture rouge près du lieu de culte, sort du véhicule et s’éloigne. Peu après, la voiture explose. Les enquêteurs attendent aussi beaucoup de l’examen des explosifs utilisés. Le ministre l’Intérieur, Abdulkadir Aksu a d’ailleurs déclaré à ce propos : «Nous allons avoir des résultats très prochainement à ce sujet». Dans l’intervalle, le journal Hurriyet a annoncé sur son site internet que trois personnes ont été interpellées par les policiers. Il s’agirait de deux hommes et une femme «voilée» qui auraient été conduits à la direction de la Sûreté pour être interrogés par des agents du renseignement national.
La revendication du groupe islamiste clandestin IBDA-C, Front islamique des combattants du Grand-Orient, auprès de l’agence de presse Anatolie, intervenue dès les premières heures qui ont suivi les attentats, ne semble pas convaincre totalement la police. Le groupe a été décapité depuis l’arrestation de son chef en 1998 et aurait, selon les responsables de la sécurité turque, difficilement pu avoir les moyens de mener de telles attaques. Au contraire, Abdullah Gul, le ministre turc des Affaires étrangères, a très rapidement fait part de sa conviction qu’il «s’agit d’un acte terroriste aux ramifications internationales» car ces attaques sont «d’un type différent» de celles jusqu’à présent perpétrées en Turquie. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a abondé dans ce sens et a lancé un appel à la communauté internationale : «Etant donné le point où en est arrivé le terrorisme dans le monde, j’estime qu’il faut une plate-forme internationale de lutte commune contre le terrorisme».
Israël s’inquiète
Cette analyse est largement partagée par les autorités israéliennes qui ont immédiatement réagi après l’annonce des attentats contre les deux synagogues. Le Premier ministre Ariel Sharon a exprimé sa «douleur» et son «émotion» et a immédiatement demandé au Shin Beth (sécurité intérieure) et au Mossad (sécurité extérieure) d’enquêter sur ces attentats. Des équipes spécialisées ont d'ailleurs été envoyées sur les lieux pour aider la police turque. Le ministre israélien des Affaires étrangères Sylvan Shalom est, quant à lui, arrivé dimanche à Istanbul pour rencontrer les membres de la communauté juive turque qui a été visée par les attaques, présenter ses condoléances au peuple turc et rencontrer son homologue Abdullah Gul. Il a déclaré que les attentats étaient l’œuvre «d’extrémistes qui ne veulent pas voir les pays participer à la démocratie». La consule d’Israël en Turquie Amira Arnon a quant à elle estimé que «ces attaques étaient d’une telle magnitude qu’elles n’ont pu être organisées que par une organisation importante, peut-être avec le soutien d’un Etat» et qu’elles visaient les juif d’Istanbul mais aussi «les bonnes relations entre Israël et la Turquie».
Pour les autorités israéliennes, le double attentat d’Istanbul est inquiétant. Sylvan Shalom a estimé qu’il s’inscrit «dans le cadre des récentes incitations à la haine contre Israël et les juifs dans le monde arabe, et des propos anti-israéliens et antisémites constatés ces derniers mois dans les capitales européennes». Dans ce contexte, Israël a décidé la mise en place d’un dispositif de sécurité d’urgence autour des représentations israéliennes et des institutions juives à l’étranger.
La condamnation des attentats d’Istanbul a été unanime. Paris, Berlin, Londres, Moscou, Islamabad, Le Caire, Damas notamment ont dénoncé ces actions terroristes. Le souverain marocain Mohamed VI a lui aussi estimé qu’il s’agissait d’un «crime odieux». A Téhéran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que «le recours à des actes de violences contre des civils est inacceptable, illogique et voué à l’échec». Quant à Yasser Arafat, le président de l’Autorité palestinienne, il a condamné «ce crime odieux qui va à l’encontre de tous les préceptes religieux».
A écouter :
L'enquête
Papier de Jérôme Bastion à Istanbul, le 16/11/2003.
La revendication du groupe islamiste clandestin IBDA-C, Front islamique des combattants du Grand-Orient, auprès de l’agence de presse Anatolie, intervenue dès les premières heures qui ont suivi les attentats, ne semble pas convaincre totalement la police. Le groupe a été décapité depuis l’arrestation de son chef en 1998 et aurait, selon les responsables de la sécurité turque, difficilement pu avoir les moyens de mener de telles attaques. Au contraire, Abdullah Gul, le ministre turc des Affaires étrangères, a très rapidement fait part de sa conviction qu’il «s’agit d’un acte terroriste aux ramifications internationales» car ces attaques sont «d’un type différent» de celles jusqu’à présent perpétrées en Turquie. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a abondé dans ce sens et a lancé un appel à la communauté internationale : «Etant donné le point où en est arrivé le terrorisme dans le monde, j’estime qu’il faut une plate-forme internationale de lutte commune contre le terrorisme».
Israël s’inquiète
Cette analyse est largement partagée par les autorités israéliennes qui ont immédiatement réagi après l’annonce des attentats contre les deux synagogues. Le Premier ministre Ariel Sharon a exprimé sa «douleur» et son «émotion» et a immédiatement demandé au Shin Beth (sécurité intérieure) et au Mossad (sécurité extérieure) d’enquêter sur ces attentats. Des équipes spécialisées ont d'ailleurs été envoyées sur les lieux pour aider la police turque. Le ministre israélien des Affaires étrangères Sylvan Shalom est, quant à lui, arrivé dimanche à Istanbul pour rencontrer les membres de la communauté juive turque qui a été visée par les attaques, présenter ses condoléances au peuple turc et rencontrer son homologue Abdullah Gul. Il a déclaré que les attentats étaient l’œuvre «d’extrémistes qui ne veulent pas voir les pays participer à la démocratie». La consule d’Israël en Turquie Amira Arnon a quant à elle estimé que «ces attaques étaient d’une telle magnitude qu’elles n’ont pu être organisées que par une organisation importante, peut-être avec le soutien d’un Etat» et qu’elles visaient les juif d’Istanbul mais aussi «les bonnes relations entre Israël et la Turquie».
Pour les autorités israéliennes, le double attentat d’Istanbul est inquiétant. Sylvan Shalom a estimé qu’il s’inscrit «dans le cadre des récentes incitations à la haine contre Israël et les juifs dans le monde arabe, et des propos anti-israéliens et antisémites constatés ces derniers mois dans les capitales européennes». Dans ce contexte, Israël a décidé la mise en place d’un dispositif de sécurité d’urgence autour des représentations israéliennes et des institutions juives à l’étranger.
La condamnation des attentats d’Istanbul a été unanime. Paris, Berlin, Londres, Moscou, Islamabad, Le Caire, Damas notamment ont dénoncé ces actions terroristes. Le souverain marocain Mohamed VI a lui aussi estimé qu’il s’agissait d’un «crime odieux». A Téhéran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que «le recours à des actes de violences contre des civils est inacceptable, illogique et voué à l’échec». Quant à Yasser Arafat, le président de l’Autorité palestinienne, il a condamné «ce crime odieux qui va à l’encontre de tous les préceptes religieux».
A écouter :
L'enquête
Papier de Jérôme Bastion à Istanbul, le 16/11/2003.
par Valérie Gas
Article publié le 16/11/2003