Education
Lancement du grand débat national sur l’école
Ouverture, en France, d’un débat national sur l’avenir de l’école. L’objectif du gouvernement est de parvenir à un consensus sur la réforme d’une institution en crise, régulièrement mise en cause, par les enseignants, les élèves ou leurs parents et sur laquelle tant de ministres de l’Education se sont cassé les dents.
Au même titre que l’hôpital public, l’école, institution fondamentale de la République, est en crise et affiche son malaise. Ces dernières années, la violence croissante dans certains établissements qualifiés de «difficiles» est venue attirer l’attention sur les dysfonctionnements d’un service public particulièrement cher au coeur des Français. De leur côté, les enseignants manifestaient leur mal être et leurs états d’âme au travers de mouvements revendicatifs et de grèves à répétition comme, par exemple, celles de la fin d‘année scolaire 2002-2003 qui avait exaspéré nombre de parents d’élèves.
Le problème n’est certes pas récent. Depuis longtemps, sociologues, pédagogues, spécialistes des sciences de l’éducation tiraient la sonnette d’alarme : à l’école, les inégalités, loin de se réduire comme c’était le cas dans le passé, et comme cela demeure toujours son but, avaient plutôt tendance à s’accroître. Des enfants «largués» dès le début de leur scolarité perdaient toute chance de réussir dans leurs études. Sous les termes de «massification» de l’enseignement, de classes «hétérogènes», certains sous-entendaient l’impossibilité de mener tous les élèves à bon port, quelle que soit leur origine sociale ou culturelle. Et puis, aussi, il y avait «la faute à mai 68», terrain idéologique miné sur lequel enseignants traditionalistes et réformateurs révélaient des conceptions différentes de l’autorité et de la transmission des savoirs.
15 000 réunions en deux mois
Le président de la République, Jacques Chirac, avait lancé l’idée d’un débat national sur cette question en 2002. Le ministre de l’Education, Luc Ferry, donne, à Lille, dans le nord de la France, le coup d’envoi des 15 000 réunions qui se tiendront sur l’ensemble du territoire jusqu’au 17 janvier 2004. Les synthèses de tous ces débats seront prises en compte par une commission, présidée par Claude Thélot, un spécialiste de l’évaluation du système éducatif. Le fruit de leurs travaux devrait servir de trame à une loi d’orientation sur 15 ans, examinée au Parlement d’ici la fin 2004.
Les pistes de réflexion soumises à tous ceux qui, appartenant ou non à l’éducation nationale, souhaiteront y participer sont regroupées en 22 thèmes autour de trois axes principaux : la définition des missions de l’école, la réussite de tous les élèves, l’amélioration du fonctionnement de l’école. Parmi ces questions celle des valeurs de l’école républicaine ouvre le champ à des discussions qu’on imagine vives sur la laïcité et le thème brûlant d’actualité du port du voile islamique dans les établissements scolaires. Mais cette polémique ne devrait pas occulter la recherche d’un socle commun de connaissances à enseigner impérativement à tous les enfants. Ce qui amène à évoquer l’adaptation à la diversité des élèves, le choix de leur orientation, la prise en charge des enfants en difficulté.
La lutte contre la violence et les incivilités, sujet à part entière dans le débat qui s’instaure, n’est cependant pas sans lien avec celui qui touche à la motivation des élèves ni avec le thème de la formation et du recrutement des enseignants.
Pour le gouvernement, aboutir à un consensus rassemblant les enseignants, divisés dans leurs approches, et les parents d’élèves, sans faire exploser le budget de l’éducation nationale sous la pression des demandes de moyens supplémentaires sera une tâche ardue. Bien des réformes de l’éducation, de Alain Savary à Claude Allègre, sans remonter au-delà des années 80, se sont heurtées à l’opposition insurmontable de telle ou telle catégorie d’intervenants dans le système éducatif.
Le problème n’est certes pas récent. Depuis longtemps, sociologues, pédagogues, spécialistes des sciences de l’éducation tiraient la sonnette d’alarme : à l’école, les inégalités, loin de se réduire comme c’était le cas dans le passé, et comme cela demeure toujours son but, avaient plutôt tendance à s’accroître. Des enfants «largués» dès le début de leur scolarité perdaient toute chance de réussir dans leurs études. Sous les termes de «massification» de l’enseignement, de classes «hétérogènes», certains sous-entendaient l’impossibilité de mener tous les élèves à bon port, quelle que soit leur origine sociale ou culturelle. Et puis, aussi, il y avait «la faute à mai 68», terrain idéologique miné sur lequel enseignants traditionalistes et réformateurs révélaient des conceptions différentes de l’autorité et de la transmission des savoirs.
15 000 réunions en deux mois
Le président de la République, Jacques Chirac, avait lancé l’idée d’un débat national sur cette question en 2002. Le ministre de l’Education, Luc Ferry, donne, à Lille, dans le nord de la France, le coup d’envoi des 15 000 réunions qui se tiendront sur l’ensemble du territoire jusqu’au 17 janvier 2004. Les synthèses de tous ces débats seront prises en compte par une commission, présidée par Claude Thélot, un spécialiste de l’évaluation du système éducatif. Le fruit de leurs travaux devrait servir de trame à une loi d’orientation sur 15 ans, examinée au Parlement d’ici la fin 2004.
Les pistes de réflexion soumises à tous ceux qui, appartenant ou non à l’éducation nationale, souhaiteront y participer sont regroupées en 22 thèmes autour de trois axes principaux : la définition des missions de l’école, la réussite de tous les élèves, l’amélioration du fonctionnement de l’école. Parmi ces questions celle des valeurs de l’école républicaine ouvre le champ à des discussions qu’on imagine vives sur la laïcité et le thème brûlant d’actualité du port du voile islamique dans les établissements scolaires. Mais cette polémique ne devrait pas occulter la recherche d’un socle commun de connaissances à enseigner impérativement à tous les enfants. Ce qui amène à évoquer l’adaptation à la diversité des élèves, le choix de leur orientation, la prise en charge des enfants en difficulté.
La lutte contre la violence et les incivilités, sujet à part entière dans le débat qui s’instaure, n’est cependant pas sans lien avec celui qui touche à la motivation des élèves ni avec le thème de la formation et du recrutement des enseignants.
Pour le gouvernement, aboutir à un consensus rassemblant les enseignants, divisés dans leurs approches, et les parents d’élèves, sans faire exploser le budget de l’éducation nationale sous la pression des demandes de moyens supplémentaires sera une tâche ardue. Bien des réformes de l’éducation, de Alain Savary à Claude Allègre, sans remonter au-delà des années 80, se sont heurtées à l’opposition insurmontable de telle ou telle catégorie d’intervenants dans le système éducatif.
par Francine Quentin
Article publié le 17/11/2003