Education
Ferry face aux étudiants
Les étudiants ne sont pas contents. Après avoir manifesté leur colère au sein de leurs universités en faisant grève depuis plusieurs semaines, ils ont décidé de défiler jeudi pour protester contre les projets de réforme du ministre de l’Education nationale Luc Ferry. Certains syndicats étudiants demandent l’abandon pur et simple des textes sur l’autonomie des universités et l’harmonisation européenne des diplômes. De leur point de vue, la «modernisation» des universités ne passent pas par des mesures qui vont aboutir à la «privatisation», la «marchandisation» et la «sélection». Pour le ministre, par contre, les réformes sont nécessaires et s’il n’a pas l’intention de les faire «passer en force», il ne renonce pas à faire accepter «une réforme fondamentale pour les 15 années qui viennent».
Décidément Luc Ferry n’en finit pas de provoquer des réactions épidermiques. Après le mouvement mené par les enseignants pour protester contre son projet de décentralisation durant l’année scolaire 2002/2003, voilà maintenant les étudiants qui prennent le relais en ce début d’année 2003/2004. Certes les deux mouvements n’ont pas du tout la même ampleur, la mobilisation dans les facs tendant à s’essouffler. Sur 90 universités françaises, une vingtaine seulement ont appelé à manifester jeudi et le défilé de Paris n’a réuni quelque 2000 participants selon la police (5000 selon les organisateurs). Mais il n’empêche que la grogne des étudiants a fini par amener le ministre de l’Education nationale à repousser les échéances sur l’un des volet de la réforme : celui qui concerne l’autonomie des universités. Luc Ferry qui s’est attelé récemment à la difficile tâche d’aller convaincre les récalcitrants sur les campus a déclaré, il y a quelques jours, concernant ce projet : «Je ne veux pas passer en force, ce serait idiot. Je veux prendre le temps de la concertation pour que d’ici le mois de mars, on puisse se mettre d’accord». Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a lui aussi affirmé qu’il fallait aller dans le sens du «dialogue social» tout en confirmant que l’autonomie était «la bonne direction».
Les syndicats qui ont mené le mouvement de contestation, Unef et Sud-Etudiant en tête, ne sont pas satisfaits pour autant. Yassir Fichtali, le président de l’Unef, affiche sa méfiance et s’interroge : «Quel crédit accorder à cette nouvelle déclaration ?» Ils sont d’autant plus sceptiques que concernant l’autre volet du projet gouvernemental sur l’harmonisation des diplômes, le ministre a réaffirmé qu’il n’était pas question de renoncer à continuer un processus déjà engagé.
L’harmonisation des diplômes est en cours
Depuis 2002, en effet, une vingtaine d’universités françaises ont commencé à mettre en œuvre la réforme LMD (licence, master, doctorat). Et d’ici 2005, elles devraient être 40. Ce projet vise, selon le gouvernement, à mettre en place une équivalence des diplômes au niveau européen, notamment en alignant les durées de formation (3, 5 et 8 ans) sur celles des autres pays et en adoptant un système de crédits exportables dans d’autres universités. L’objectif est à la fois de permettre la mobilité des étudiants français et la valorisation de leurs diplômes mais aussi d’attirer les étudiants étrangers en France. Cette réforme a été initiée en 1999 par le ministre socialiste Claude Allègre. Elle a ensuite été reprise par son successeur Jack Lang et poursuivie aujourd’hui par Luc Ferry.
Les syndicats craignent que la réforme LMD, en faisant perdre leur caractère national aux diplômes, n’ouvre la porte à une sélection accrue, à une augmentation des droits universitaires, à la création «de diplômes de facs» et à la concurrence entre les universités. Face à ces accusations, Luc Ferry affirme quant à lui qu’il n’est pas question «de sélection à l’entrée des universités, le ticket d’entrée c’est le bac et c’est tout». Il déclare aussi que la réforme est une «grande chance» pour les étudiants et qu’il s’agit d’un «enjeu majeur face à la mondialisation» pour empêcher une «marchandisation des services de l’éducation», à la mode américaine. Il garantit en outre que les «diplômes seront plus nationaux que jamais» et que «la mobilité des étudiants sera rendue à l’évidence plus aisée».
Ces arguments ont été entendus par un certain nombre d’étudiants. Un syndicat, la Fédération des associations générales d’étudiants (Fage), a d’ailleurs pris le contre-pied de la position de l’Unef en s’engageant en faveur de l’harmonisation européenne des diplômes. Il estime que cette réforme est positive car elle devrait permettre «une souplesse des cursus», la «pluridisciplinarité» et l’ouverture sur l’Europe. Reste à savoir quelle voix entendra le mieux la masse des étudiants qui doit élire ses représentants au sein des universités le 9 décembre prochain. D’aucuns estiment d’ailleurs que le mouvement de grogne risque de ne pas aller au-delà de cette date.
Les syndicats qui ont mené le mouvement de contestation, Unef et Sud-Etudiant en tête, ne sont pas satisfaits pour autant. Yassir Fichtali, le président de l’Unef, affiche sa méfiance et s’interroge : «Quel crédit accorder à cette nouvelle déclaration ?» Ils sont d’autant plus sceptiques que concernant l’autre volet du projet gouvernemental sur l’harmonisation des diplômes, le ministre a réaffirmé qu’il n’était pas question de renoncer à continuer un processus déjà engagé.
L’harmonisation des diplômes est en cours
Depuis 2002, en effet, une vingtaine d’universités françaises ont commencé à mettre en œuvre la réforme LMD (licence, master, doctorat). Et d’ici 2005, elles devraient être 40. Ce projet vise, selon le gouvernement, à mettre en place une équivalence des diplômes au niveau européen, notamment en alignant les durées de formation (3, 5 et 8 ans) sur celles des autres pays et en adoptant un système de crédits exportables dans d’autres universités. L’objectif est à la fois de permettre la mobilité des étudiants français et la valorisation de leurs diplômes mais aussi d’attirer les étudiants étrangers en France. Cette réforme a été initiée en 1999 par le ministre socialiste Claude Allègre. Elle a ensuite été reprise par son successeur Jack Lang et poursuivie aujourd’hui par Luc Ferry.
Les syndicats craignent que la réforme LMD, en faisant perdre leur caractère national aux diplômes, n’ouvre la porte à une sélection accrue, à une augmentation des droits universitaires, à la création «de diplômes de facs» et à la concurrence entre les universités. Face à ces accusations, Luc Ferry affirme quant à lui qu’il n’est pas question «de sélection à l’entrée des universités, le ticket d’entrée c’est le bac et c’est tout». Il déclare aussi que la réforme est une «grande chance» pour les étudiants et qu’il s’agit d’un «enjeu majeur face à la mondialisation» pour empêcher une «marchandisation des services de l’éducation», à la mode américaine. Il garantit en outre que les «diplômes seront plus nationaux que jamais» et que «la mobilité des étudiants sera rendue à l’évidence plus aisée».
Ces arguments ont été entendus par un certain nombre d’étudiants. Un syndicat, la Fédération des associations générales d’étudiants (Fage), a d’ailleurs pris le contre-pied de la position de l’Unef en s’engageant en faveur de l’harmonisation européenne des diplômes. Il estime que cette réforme est positive car elle devrait permettre «une souplesse des cursus», la «pluridisciplinarité» et l’ouverture sur l’Europe. Reste à savoir quelle voix entendra le mieux la masse des étudiants qui doit élire ses représentants au sein des universités le 9 décembre prochain. D’aucuns estiment d’ailleurs que le mouvement de grogne risque de ne pas aller au-delà de cette date.
par Valérie Gas
Article publié le 27/11/2003