Serbie
Elections invalidées, extrême droite au zénith
Pour la troisième fois en un an, les élections présidentielles ont été invalidées : le taux de participation n’a été que de 38,6% des électeurs inscrits, bien loin du seuil requis de 50%. Le candidat de l’extrême droite nationaliste a obtenu un véritable triomphe, en recueillant 46,5% des suffrages exprimés.
De notre correspondant dans les Balkans.
La démobilisation des électeurs est révélatrice de la grande désillusion qui prévaut dans l’opinion serbe et du large discrédit de la classe politique, trois ans après la chute de Slobodan Milosevic. Dragoljub Micunovic, le candidat d’un camp démocratique divisé, affaibli par de nombreuses affaires de corruption, et qui s’est révélé incapable d’améliorer la situation économique du pays, paie au prix fort ces échecs.
À l’inverse le candidat du Parti radical (extrême droite nationaliste), Tomislav Nikolic a fédéré les nostalgiques de l’ancien régime et tous les déçus de la difficile transition démocratique serbe. Tomislav Nikolic, surnommé «le fossoyeur» en raison de son ancienne profession de gardien de cimetière, améliore même de 100 000 voix le score obtenu l’an dernier par son mentor Vojislav Seselj, le fondateur du Parti radical, détenu depuis février dans les prisons du Tribunal pénal international de La Haye, devant lequel il est poursuivi pour crimes de guerre.
Avec ce nouvel échec de l’élection présidentielle, la Serbie se trouve plongée dans une crise constitutionnelle à l’issue incertaine. En effet, après l’échec des élections de 2002, la Présidente du Parlement, Natasa Micic, avait assumé l’intérim de la fonction présidentielle, ainsi que le prévoit la Constitution. Mais le Parlement a été dissous jeudi dernier, alors que le gouvernement essayait depuis plusieurs semaines de faire face à une motion de censure déposée par l’opposition. Le gouvernement continue à expédier les affaires courantes, mais nul ne sait qui est en mesure de pouvoir convoquer un nouveau scrutin présidentiel, au moins d’ici les élections législatives anticipées convoquées pour le 28 décembre prochain.
Tous les constitutionnalistes écartent l’hypothèse que Natasa Micic puisse devenir à nouveau Présidente par intérim de la République. Selon certains, cette charge pourrait revenir au doyen du Parlement sortant, en l’occurrence un député du Parti socialiste de Serbie, la formation de Slobodan Milosevic.
La crise profite aux nostalgiques
Cette solution a cependant bien peu de chances de faire l’unanimité. En fait, la Serbie se trouve confrontée à une situation que le Constitution ne prévoit pas. Il est vrai que cette Constitution, rédigée à l’époque Milosevic, aurait dû être réécrite depuis déjà deux ans. Faute de disposer de la majorité qualifiée des deux tiers au Parlement, le gouvernement avait renoncé aux projets de réforme constitutionnelle, se contentant de supprimer le seuil de 50% des inscrits, mais seulement pour le second tour des élections présidentielles…
Certes, la Serbie n’est pas un État pleinement souverain, puisqu’elle demeure unie au Monténégro. Le Monténégrin Svetozar Marovic, actuel Président de l’Union de Serbie et Monténégro, est ainsi le chef des armées.
La vacance du pouvoir à Belgrade va cependant bloquer toutes les réformes et retarder la stabilisation du pays. En dissolvant le Parlement, le gouvernement avait espéré créer un choc dans l’opinion, de manière à favoriser la mobilisation en faveur du candidat réformateur Miroljub Labus, et d’améliorer sa position en vue des prochaines législatives. L’opération a tourné court, et les divisions au sein du camp démocratique risquent de s’aggraver encore plus dans les semaines qui viennent.
En s’adressant à la presse, dimanche peu avant minuit, le candidat malheureux Dragolub Micunovic a réaffirmé sa confiance en la «Serbie démocratique», mais il est encore trop tôt pour savoir si les partis qui ont fait chuter le régime de Slobodan Milosevic, le 5 octobre 2000, seront capables de surmonter leurs divisions et de proposer un programme politique viable.
La crise politique dans laquelle se retrouve la Serbie ne peut guère profiter qu’aux nostalgiques du régime de Slobodan Milosevic, conduits par le Parti radical. Depuis leurs cellules de La Haye, Vojislav Seselj et Slobodan Milosevic peuvent se frotter les mains.
La démobilisation des électeurs est révélatrice de la grande désillusion qui prévaut dans l’opinion serbe et du large discrédit de la classe politique, trois ans après la chute de Slobodan Milosevic. Dragoljub Micunovic, le candidat d’un camp démocratique divisé, affaibli par de nombreuses affaires de corruption, et qui s’est révélé incapable d’améliorer la situation économique du pays, paie au prix fort ces échecs.
À l’inverse le candidat du Parti radical (extrême droite nationaliste), Tomislav Nikolic a fédéré les nostalgiques de l’ancien régime et tous les déçus de la difficile transition démocratique serbe. Tomislav Nikolic, surnommé «le fossoyeur» en raison de son ancienne profession de gardien de cimetière, améliore même de 100 000 voix le score obtenu l’an dernier par son mentor Vojislav Seselj, le fondateur du Parti radical, détenu depuis février dans les prisons du Tribunal pénal international de La Haye, devant lequel il est poursuivi pour crimes de guerre.
Avec ce nouvel échec de l’élection présidentielle, la Serbie se trouve plongée dans une crise constitutionnelle à l’issue incertaine. En effet, après l’échec des élections de 2002, la Présidente du Parlement, Natasa Micic, avait assumé l’intérim de la fonction présidentielle, ainsi que le prévoit la Constitution. Mais le Parlement a été dissous jeudi dernier, alors que le gouvernement essayait depuis plusieurs semaines de faire face à une motion de censure déposée par l’opposition. Le gouvernement continue à expédier les affaires courantes, mais nul ne sait qui est en mesure de pouvoir convoquer un nouveau scrutin présidentiel, au moins d’ici les élections législatives anticipées convoquées pour le 28 décembre prochain.
Tous les constitutionnalistes écartent l’hypothèse que Natasa Micic puisse devenir à nouveau Présidente par intérim de la République. Selon certains, cette charge pourrait revenir au doyen du Parlement sortant, en l’occurrence un député du Parti socialiste de Serbie, la formation de Slobodan Milosevic.
La crise profite aux nostalgiques
Cette solution a cependant bien peu de chances de faire l’unanimité. En fait, la Serbie se trouve confrontée à une situation que le Constitution ne prévoit pas. Il est vrai que cette Constitution, rédigée à l’époque Milosevic, aurait dû être réécrite depuis déjà deux ans. Faute de disposer de la majorité qualifiée des deux tiers au Parlement, le gouvernement avait renoncé aux projets de réforme constitutionnelle, se contentant de supprimer le seuil de 50% des inscrits, mais seulement pour le second tour des élections présidentielles…
Certes, la Serbie n’est pas un État pleinement souverain, puisqu’elle demeure unie au Monténégro. Le Monténégrin Svetozar Marovic, actuel Président de l’Union de Serbie et Monténégro, est ainsi le chef des armées.
La vacance du pouvoir à Belgrade va cependant bloquer toutes les réformes et retarder la stabilisation du pays. En dissolvant le Parlement, le gouvernement avait espéré créer un choc dans l’opinion, de manière à favoriser la mobilisation en faveur du candidat réformateur Miroljub Labus, et d’améliorer sa position en vue des prochaines législatives. L’opération a tourné court, et les divisions au sein du camp démocratique risquent de s’aggraver encore plus dans les semaines qui viennent.
En s’adressant à la presse, dimanche peu avant minuit, le candidat malheureux Dragolub Micunovic a réaffirmé sa confiance en la «Serbie démocratique», mais il est encore trop tôt pour savoir si les partis qui ont fait chuter le régime de Slobodan Milosevic, le 5 octobre 2000, seront capables de surmonter leurs divisions et de proposer un programme politique viable.
La crise politique dans laquelle se retrouve la Serbie ne peut guère profiter qu’aux nostalgiques du régime de Slobodan Milosevic, conduits par le Parti radical. Depuis leurs cellules de La Haye, Vojislav Seselj et Slobodan Milosevic peuvent se frotter les mains.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 17/11/2003