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Commerce électronique

Bonne affaire pour le Nord, chance pour le Sud

Le commerce électronique mondial connaît une phase d’accélération remarquable. Les principaux bénéficiaires sont majoritairement les Américains, les Européens et les pays émergents d’Asie. L’Afrique est la grande absente du commerce en ligne. C’est ce qui ressort du «Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003» publié par la CNUCED. Cette nouvelle forme d’échanges constitue pourtant un défi majeur pour les pays du Sud en matière de création d’emplois et d’exportations.
Nul doute que l'avenir du commerce mondial passe désormais par le commerce électronique. Or, actuellement, plus de 95% de cette pratique se réalisent dans les Etats industrialisés. L’Afrique et l’Amérique latine ne représentent, ensemble, que moins de 1% du total. Si tous les pays se préparent à cette évolution du commerce mondial. Certains -comme les Etats-Unis, le Japon, la Malaisie et Singapour où les autorités ont d’emblée impulsé le développement de la société de l’information- sont davantage prêts que d'autres. C’est le constat fait par la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport sur le commerce électronique rendu public le jeudi 20 novembre 2003.

A l’heure actuelle, l’essentiel du commerce électronique (près de 95%) concerne le «Business-to-Business» (BtoB) c’est-à-dire les échanges entre entreprises. La croissance est tirée aujourd’hui par les Américains qui représentent 15% des transactions BtoB (995 milliards de dollars fin 2001). Il sont suivis par les pays de la région Asie-Pacifique (200 milliards de dollars en 2002) et les Européens (200 milliards de dollars en 2002). Côté pays en développement, le volume de BtoB est essentiellement imputable à trois Etats: l’Argentine, le Mexique et le Brésil.

Du côté du commerce électronique «Business-to-Consumer» (BtoC) autrement dit d’entreprise à consommateur, c’est dans les pays nordiques, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, que l’on trouve la plus forte proportion d’internautes achetant en ligne, soit 38% des utilisateurs. Si globalement, on assiste à une explosion des achats en ligne dans les Etats industrialisés, certains articles se vendent mieux que d’autres. Les produits électroniques (DVD, CD, appareils photo numériques), les livres, les voyages ont davantage les faveurs des cyberconsommateurs. Pour 2002, les ventes de détail en ligne se montent à 43,47 milliards de dollars aux Etats-Unis, 28,29 milliards pour l’Union européenne, 15 milliards de dollars pour la région Asie-Pacifique, 2,3 milliards pour l’Amérique latine et 4 millions de dollars seulement pour l’Afrique.

La commercialisation en ligne des exportations agricoles

Même si les entreprises commencent à intégrer des stratégies de commerce en ligne dans leurs activités courantes, et à en tirer de substantiels profits, la vente n’est qu’un élément du processus du commerce en ligne. D’autres applications via le Web sont également lucratives. Le rapport note que le transfert d’activités telles que les centres d’appel et la sous-traitance de service de gestion qui opèrent à distance via Internet est devenu un nouveau modèle économique. Si l’on en croit les estimations du rapport, ce marché mondial, qui croît au rythme fulgurant de 23 % par an depuis 1999, représenterait environ 300 milliards de dollars d’ici à 2004.

Plusieurs Etats parmi les pays les moins avancés s’y mettent, engrangeant des bénéfices. L’Inde, qui offre une main d’œuvre qualifiée et anglophone pour des salaires parfois inférieurs de 80% à ceux pratiqués dans les pays développés, a réussi à attirer 80% du marché international de la sous-traitance. Dans ce pays, le secteur des services liés à l’informatique devrait employer jusqu’à 1,1 million de personnes d’ici à 2008.

Pour les pays du Sud, la commercialisation en ligne des produits agricoles constituent également une autre niche. Les marchés électroniques et les enchères en ligne sont de plus en plus utilisés pour vendre du café et du thé, ce qui permet aux producteurs de retirer de biens meilleurs bénéfices qu’auparavant. Les surprix tirés des enchères en ligne au Brésil ont été très élevés − jusqu’à 2,60 dollars par livre pour le café en 1999, alors que le prix sur le marché à terme de New York était compris entre 1,32 et 1,34 dollar la livre. Le modèle brésilien a fait des émules au Guatemala, au Nicaragua et au Kenya.

Réduction des coûts, meilleur accès aux marchés mondiaux, service client plus ciblé, adaptabilité à la demande... Le commerce en ligne constitue un moyen extraordinaire pour permettre aux pays les moins avancés de sortir du marasme économique. Mais de nombreux obstacles freinent encore l’essor du e-commerce. Le rapport de la Cnuced évoque deux obstacles principaux. En premier lieu, les prix des télécommunications encore trop élevés, et notamment des connexions à large bande. Le haut débit est un facteur capital pour le BtoB. En second lieu, les problèmes de sécurité de plus en plus préoccupants: messages publicitaires abusifs, virus, fraude, violation du droit d’auteur, atteinte à la vie privée, attaques informatiques.



par Myriam  Berber

Article publié le 21/11/2003