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Asie centrale

L'Amérique s'installe au bord de la Caspienne

L’Azerbaïdjan pourrait accueillir dans un proche avenir des troupes américaines sur son sol. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld s’est rendu le 3 décembre à Bakou, la capitale du pays où il s’est entretenu avec Ilham Aliyev, le nouveau chef de l’Etat et Safar Abiyev, son ministre de la Défense. Les analystes disent que Washington aimerait disloquer une partie des ses troupes déployés en Europe de l’Ouest vers les nouveaux états, notamment en Azerbaïdjan et en Géorgie, en créant des sections mobiles à quantité réduite.
De notre correspondant à Bakou

«Depuis deux ans, nous discutons avec les autorités l’installation de nos troupes dans ce pays, a dit Rumsfeld lors d’une conférence de presse à Bakou. Notre nouvelle conception consiste à créer des petites unités mobiles au lieu de grandes. Cela va contribuer à la réalisation du but que nous nous sommes fixé au XXIe siècle. Nous avons déjà annoncé le début de ce processus, mais nous ne sommes pas encore arrivés à un accord final avec nos partenaires de la coalition».

L’Azerbaïdjan, république du Caucase riche en hydrocarbure, situé au bord de la Caspienne entre la Russie et l’Iran, est un point stratégique pour les États-Unis comme pour ses deux puissants voisins qui voient d’un œil jaloux la coopération avec Washington.

Protéger les gisements offshore

Depuis la chute de l’URSS, Moscou ne veut pas perdre son influence dans cette zone. A la veille des élections présidentielles en Azerbaïdjan, en octobre 2003, la Russie a dépêché plusieurs missions pour exprimer son soutien à Ilham Aliyev, le fils de Haïdar Aliyev, le président sortant qui menait une politique équilibré entre l’ouest et le voisin du nord. A l’époque, certains analystes prédisaient un éventuel rapprochement avec la Russie après les élections.
La présence militaire américaine en Azerbaïdjan (et en Géorgie) sera liée avant tout à la sécurité des gisements pétroliers dans le secteur azerbaïdjanais de la Caspienne et de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui relie cette mer à la Méditerranée. Plusieurs milliards de dollars ont été investis ces dernières années par des compagnies pétrolières occidentales en Azerbaïdjan. Le pipeline BTC, long de 1 760 km sera opérationnelle en 2005. Près d’un million de barils de la brute Caspienne sera acheminé vers les marchés occidentaux par cet oléoduc qui a coûté 3,5 milliards de dollars.

Le renforcement du contrôle des frontières de la Caspienne a été abordé lors des discussions entre le secrétaire américaine à la défense et son homologue azerbaïdjanais. Douze ans après la chute de l’empire soviétique, le nouveau statut de la Caspienne, une mer fermée, n’a toujours pas été défini. Du coup, certains gisements offshore sont devenus une pomme de discorde entre les États riverains. En 2001, l’Iran avait envoyé un navire de guerre pour chasser un bateau azerbaïdjanais qui menait des travaux d’exploration dans un gisement que l’Azerbaïdjan considère comme le sien, ce que conteste Téhéran. L’espace aérien du pays a été violé à plusieurs reprises par la suite par des avions de combat iraniens. Depuis cette date, Washington a offert cinq bateaux aux garde-côtes azerbaïdjanaises. «Les États-Unis sont intéressés par la coopération des marines des deux pays pour protéger les gisements d’hydrocarbures en mer et les menaces des actes terroristes contre les plate-formes offshore», a dit Donald Rumsfeld. Le chef du Pentagone a souligné également l’intention de son pays d’aider l’Azerbaïdjan dans la lutte contre le trafic d’armes et de drogues. En 2003, l’aide militaire américaine à l’Azerbaïdjan a été de près de 3 millions de dollars.

L’Azerbaïdjan est le seul pays musulman de la coalition anti-terroriste dirigé par Washington qui a envoyé ses troupes en Irak. Le contingent azerbaïdjanais de 150 hommes sera triplé en 2004.

Le visite du secrétaire américain n’a pas échappé à la presse russe. «Le Pentagone prend à sa charge la protection de l’Azerbaïdjan», écrivait le quotidien Nezavisimaya Gazeta dans son numéro de mercredi le 3 décembre. L’article met l’accent sur la concurrence entre Moscou et Washington pour leur influence dans le Caucase et dans la région Caspienne. Aujourd’hui, l’armée russe possède une station radar puissante à Gabala, dans le nord de l’Azerbaïdjan et Moscou demande également d’augmenter la quantité de pétrole exporté par l’oléoduc du nord qui relie Bakou à Novorossisk en mer Noire.



par Kamil  Piriyev

Article publié le 07/12/2003