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Irak

Saddam Hussein capturé

C'est confirmé: l'ancien président irakien a bien été capturé samedi soir, près de son fief de Tikrit par un commando américain. Il se cachait dans une ferme et n'a pas opposé de résistance. De nombreuses réactions de satisfaction et d'espoir sont enregistrées. Des voix s'élèvent pour appeler au jugement de l'ancien raïs.

«Un grand jour dans l'histoire de l'Irak»
(Paul Bremer, 14/12/2003, 0'43")

Ecoutez l'édition spéciale de RFI
(14/12/2003, 17H30 TU, 26'40")


Le discours de George Bush (1'13")
Bagdad, dimanche 14 décembre, 12 heures 15 TU : «Ladies and gentlemen, we got him ! (Mesdames, messieurs, on l’a eu !)», s’exclame l’administrateur civil américain de l’Irak, Paul Bremer, en entamant son point presse, alors que des cris de joie et de soulagement fusent de la salle. Cette annonce de la capture de l’ancien président irakien fait suite à deux longues heures d’incertitude au cours desquelles l’information avait largement filtré sans toutefois être confirmée.

Paul Bremer explique que la capture a eu lieu samedi soir, vers 20 heures 30 heures locales, près de la ville d’al Dour, au sud de Tikrit. Selon lui, un commando américain investit une petite ferme dans laquelle il découvre une cave. C’est là que se cache l’ancien chef d’Etat qui n’a pas opposé de résistance à son arrestation. Les images tournées par l’armée américaine montrent l’ancien président hirsute, portant une barbe fournie et se laissant examiner par un soldat portant des gants en caoutchouc. C’est probablement au cours de cet examen qu’un prélèvement a été effectué sur Saddam Hussein afin d’établir, par l’examen de son ADN, la preuve de son identité. Il a été conduit peu après dans un endroit tenu secret, a déclaré le porte-parole militaire de Paul Bremer qui assure que «cette capture va marquer le début de la réconciliation pour le peuple irakien».

A l’annonce de l’arrestation, des tirs de joie ont retenti dans les rues de Bagdad. A Souleymaniyah, dans le Kurdistan, des orchestres de rue se sont réunis pour célébrer l’événement.

Ce sont des sources kurdes qui, les premières, ont révélé la nouvelle de la capture de l’ancien président irakien. Tout d’abord sous couvert de l’anonymat, un haut responsable de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) a annoncé que cette arrestation avait été le fruit d’une collaboration entre l’armée américaine et les forces spéciales de l’UPK et affirmé qu’il s’agissait «de la même force qui a arrêté Taha Yassine Ramadan à Mossoul», en référence à l’arrestation du vice-président irakien à Mossoul, à la mi-août. Puis l’information avait été confirmée par le président du Conseil de gouvernement transitoire irakien en visite à Madrid, Abdel Aziz al Hakim, qui précisait que le test ADN pratiqué confirmait l’identité du prisonnier.

Le bénéfice de la capture

De nombreuses réactions sont enregistrées. A Paris, la porte-parole de la présidence déclare que Jacques Chirac «se réjouit» et parle «d’événement majeur». Satisfaction en Israël où le président Moshé Katzav, en visite officielle en Chine, a déclaré que «c’est une excellent nouvelle pour Israël et un preuve que la communauté internationale ne tolérera pas qu’un Etat totalitaire soutienne le terrorisme international». «Je sous content lorsqu’on arrête un criminel, quel qu’il soit, je le suis encore plus quand ce criminel a commis tant de crimes contre les Iraniens», a déclaré de son côté le vice-président iranien. «C’est une très bonne nouvelle pour le peuple irakien», a estimé le Premier ministre britannique Tony Blair, «nous devons essayer maintenant d’unifier l’ensemble de l’Irak en reconstruisant le pays et en lui offrant un nouvel avenir». «Une victoire de la coalition» qui «pourrait changer la situation internationale», a déclaré le ministre roumain de la Défense.

C’est donc la fin d’une longue traque de neuf mois. Sa tête avait été mise à prix pour une somme de 25 millions de $. Ses deux fils avaient été tués lors d’un raid, le 22 juillet à Mossoul. Aujourd’hui, il semble définitivement acquis que Saddam Hussein ne gouvernera plus. Cela suffira-t-il à inverser la tendance et à entraver la détérioration de la situation en Irak ? Il n’est pas sûr que les forces d’occupation en tireront un bénéfice militaire ou politique immédiat, car l’influence réelle de l’ancien raïs sur la résistance de plus en plus vive que doit affronter la coalition n’est pas prouvée. En tout cas le bénéfice symbolique est certain. Washington vient de remporter une incontestable victoire et compte bien en tirer les bénéfice. Car la chute de «l’as de pique» aura un impact psychologique positif autant sur les troupes que sur l’opinion publique, toutes deux saisies par le doute depuis quelques mois. Et l’hôte de la Maison Blanche a bien besoin de renouer avec le succès avant d’affronter une autre bataille décisive, l’année prochaine, sur son front électoral intérieur.

Reste la question de savoir quel traitement sera appliqué à l’ancien président irakien. Le président du Congrès national irakien a annoncé que son «dossier judiciaire sera instruit». La question des armes introuvables de destruction massive ne semblant pas en mesure de fournir une accusation convaincante, la question des crimes commis par l’ancien dictateur contre son propre peuple est évoquée. Le Premier ministre britannique a notamment estimé que ce nouveau développement permettra «de juger Saddam Hussein pour ses crimes contre le peuple irakien». «Il est directement responsable de la mort de millions de personnes au cours des trente dernières années. Le moment est venu pour lui de payer pour ses crimes», a déclaré le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. Pour le ministre de l’Information koweïtien, «Grâce à Dieu, il a été capturé vivant, et il pourra ainsi être jugé pour les crimes abominables qu’il avait commis».

En marge de cette événement, l’explosion d’une voiture piégée devant le poste de police de Khaldiya, à l’ouest de Bagdad, a fait 18 morts, dont 16 policiers, et 29 blessés, dimanche matin.



par Georges  Abou

Article publié le 14/12/2003