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Executive Life : Peyrelevade se rebiffe

L’amende fixée par la justice américaine dans le cadre de l’affaire Executive Life s’élève, provisoirement, à 770 millions de dollars, dont l’essentiel à la charge du contribuable français. Cette somme ne couvre pas pour autant les condamnations financières qui pourraient intervenir dans le procès civil prévu pour février 2005. Le règlement intervenu ne couvre pas, non plus, d’anciens dirigeants du Crédit Lyonnais, dont Jean Peyrelevade qui, désormais, ne mâche plus ses mots.
Déjà frappé de 100 millions de dollars d’amende par la justice pénale américaine le Crédit Lyonnais, principal acteur dans l’affaire Executive Life se voit infliger par la Réserve fédérale américaine (Fed) une sanction, au civil, de 100 millions de dollars supplémentaires. C’est l’Etat français et donc le contribuable qui réglera la facture car l’établissement financier était nationalisé au moment des faits. D’ailleurs, du montant total de l’amende négociée avec le procureur de Californie dans le cadre d’un règlement visant à éviter et long et coûteux procès pénal, soit 770 millions de dollars, les finances publiques de la France prendront la plus grande part. La holding Artémis de l’homme d’affaires François Pinault, dont la prise en compte dans l’accord amiable était une condition sine qua non pour la France, paiera 185 millions de dollars. Et la Maaf, société mutuelle d’assurances, versera 10 millions de dollars.

Mais l’Etat français et le Crédit Lyonnais ne sont pas quittes pour autant et le commissaire aux assurances de Californie, John Garamendi, entend bien continuer à leur faire rendre gorge. Il a affirmé que «toutes les sommes mal acquises devront être rendues» et c’est l’objet d’un procès au civil qui devrait s’ouvrir en février 2005. Des sanctions financières encore plus importantes peuvent théoriquement être consenties aux parties civiles à cette occasion. Toutefois, un médiateur, en la personne d’un professeur de droit américain Eric Green, vient d’être nommé et, là encore, une transaction est possible pour éviter le procès, mais ce n’est pas, à ce jour, une certitude. Surtout que la procureure en charge du dossier, Debra Yang a dramatisé l’affaire parlant de «l’une des plus importantes fraudes de l’histoire de ce pays».

Astérix et la potion magique

L’accord intervenu à grand peine, le 11 décembre, entre la justice américaine et les parties françaises au dossier ne couvre pas cinq anciens responsables du Crédit Lyonnais qui restent inculpés. Ceux-ci préparent leur défense, sous des angles divers, ou, tel Dominique Bazy, adjoint de l’ex-président du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade, sont prêts de trouver un accord amiable particulier.

Mais seul contre tous, Jean Peyrelevade, se comparant lui-même à Astérix, héros de bande dessiné gaulois en lutte contre l’envahisseur romain, semble avoir pris la fameuse potion magique et, abandonnant toute réserve, rompt le silence. L’ancien président du Crédit Lyonnais, arrivé à la tête de la banque après les faits, est soupçonné par la justice américaine d’avoir caché la fraude. Il encours une forte peine et de lourdes amendes et reproche vivement à l’Etat français d’avoir été incapable de le protéger alors qu’il était, de par ses fonctions, au service de la puissance publique. Il accuse «les anonymes de Bercy», les hauts fonctionnaires du ministère des Finances chargés de trouver un arrangement avec les Américains, de l’avoir incité à mentir en se reconnaissant coupable alors qu’il est innocent. Jugeant ces pratiques «contraires à l’honneur» il continue de s’y refuser et demande : «Qui sont ceux qui nous gouvernent avec de tels principes ?». Jean Peyrelevade qui a démissionné en octobre du Crédit Lyonnais désormais privatisé et repris par le Crédit Agricole, a occupé les fonctions de directeur-adjoint de cabinet du Premier ministre socialiste Pierre Mauroy entre 1981 et 1983. Il met en regard la forme de lâchage de la part du gouvernement français dont il s’estime victime et la façon dont François Pinault, proche du président de la République Jacques Chirac, «a fait ce qu’il fallait pour que ses collaborateurs soient complètement couverts».



par Francine  Quentin

Article publié le 19/12/2003