Entreprises
Le sauvetage de Parmalat s’organise
Le gouvernement italien a adopté une procédure de sauvetage d'urgence pour tenter de sauver ce qui peut l’être de Parmalat, le géant agroalimentaire entraîné dans une faillite frauduleuse spectaculaire. La justice s’emploie à démêler les responsabilités dans les manipulations comptables et le «trou» financier pourrait dépasser les 7 milliards d’euros.
Au fur et à mesure qu’ils pénètrent dans le dossier nébuleux de la comptabilité de Parmalat les juges milanais réévaluent le trou financier laissé par la société. Créé en 1961 par Calisto Tanzi, une usine de pasteurisation du lait et devenu depuis le numéro un mondial du lait longue conservation, Parmalat emploie 35 000 salariés dans 30 pays dont 4 000 en Italie. Son chiffre d’affaires, en 2002, a atteint 7,5 milliards d’euros. Soit à peu près le montant de l’ardoise découverte par le parquet de Milan et qui pourrait même, selon certaines estimations, grimper jusqu’à 10 milliards d’euros.
A l’origine du scandale financier qui secoue l’Italie, on parle en effet d’«affaire Enron transalpine», la révélation de 4 milliards d’euros introuvables dans la comptabilité du groupe. La Bank of America a rejeté, le qualifiant de faux, un document censé émaner d’elle et prouvant que la filiale de Parmalat aux îles Caïman, paradis fiscal bien connu, Bonlat financing, pouvait se prévaloir de ce montant. La banque américaine a même porté plainte pour faux en écriture. Les enquêteurs sont rapidement arrivés à la conclusion que des manipulations comptables graves étaient intervenues. En conséquence, une enquête pénale à l'encontre du fondateur, de deux anciens directeurs financiers du groupe agroalimentaire et au total d’une vingtaine de personnes a été lancée.
Préserver l’activité de l’entreprise
Dans l’immédiat, le souci du nouveau patron du groupe Enrico Bondi, arrivé il y a une semaine seulement pour éviter la faillite, et celui du gouvernement italien, est de sauver l’outil industriel mis en péril et de préserver l’activité de l’entreprise en grand danger de disparition. Outre les salariés directs, 5 000 producteurs de lait italiens, liés par contrat à Parmalat, n’ont pas été payés depuis longtemps.
Redressement judiciaire ou mise sous tutelle quelle que soit la formule retenue, les dégâts devraient être considérables. Les banques italiennes seraient engagées à hauteur de 3 milliards d’euros dans Parmalat et les banques étrangères pour 7 milliards d’euros. La Bank of America est la plus exposée en cette affaire et l’agence de notation Standard & Poor’s prévoit des pertes conséquentes mais pas au point de mettre en difficulté un établissement bancaire d’une telle surface financière.
Le Conseil des ministres a entériné une procédure de faillite accélérée pour répondre au caractère d’urgence où se trouve Parmalat. Une législation sur les grandes entreprises en difficultés existe bien, mais ses délais de mise en oeuvre seraient réduits. Le Conseil d’administration du groupe a entrepris de se placer sous protection de la justice vis à vis de ses créanciers. Enfin, l’action Parmalat ayant perdu les deux tiers de sa valeur en quelques jours les autorités financières italiennes devaient prendre des dispositions en faveur des petits investisseurs.
La Commission européenne, très regardante sur les conditions d’une intervention publique dans le redressement d’entreprises privées en difficulté, au nom du respect de la concurrence, est prête à examiner avec célérité les mesures de sauvetage que le gouvernement sera amené à proposer pour éviter un naufrage économique et social.
A écouter :
Le choix de RFI (le 23/12/2003)
L'affaire Parmalat avec Frédérique Tissandier, journaliste à RFI, invitée de Guillaume Naudin.
A l’origine du scandale financier qui secoue l’Italie, on parle en effet d’«affaire Enron transalpine», la révélation de 4 milliards d’euros introuvables dans la comptabilité du groupe. La Bank of America a rejeté, le qualifiant de faux, un document censé émaner d’elle et prouvant que la filiale de Parmalat aux îles Caïman, paradis fiscal bien connu, Bonlat financing, pouvait se prévaloir de ce montant. La banque américaine a même porté plainte pour faux en écriture. Les enquêteurs sont rapidement arrivés à la conclusion que des manipulations comptables graves étaient intervenues. En conséquence, une enquête pénale à l'encontre du fondateur, de deux anciens directeurs financiers du groupe agroalimentaire et au total d’une vingtaine de personnes a été lancée.
Préserver l’activité de l’entreprise
Dans l’immédiat, le souci du nouveau patron du groupe Enrico Bondi, arrivé il y a une semaine seulement pour éviter la faillite, et celui du gouvernement italien, est de sauver l’outil industriel mis en péril et de préserver l’activité de l’entreprise en grand danger de disparition. Outre les salariés directs, 5 000 producteurs de lait italiens, liés par contrat à Parmalat, n’ont pas été payés depuis longtemps.
Redressement judiciaire ou mise sous tutelle quelle que soit la formule retenue, les dégâts devraient être considérables. Les banques italiennes seraient engagées à hauteur de 3 milliards d’euros dans Parmalat et les banques étrangères pour 7 milliards d’euros. La Bank of America est la plus exposée en cette affaire et l’agence de notation Standard & Poor’s prévoit des pertes conséquentes mais pas au point de mettre en difficulté un établissement bancaire d’une telle surface financière.
Le Conseil des ministres a entériné une procédure de faillite accélérée pour répondre au caractère d’urgence où se trouve Parmalat. Une législation sur les grandes entreprises en difficultés existe bien, mais ses délais de mise en oeuvre seraient réduits. Le Conseil d’administration du groupe a entrepris de se placer sous protection de la justice vis à vis de ses créanciers. Enfin, l’action Parmalat ayant perdu les deux tiers de sa valeur en quelques jours les autorités financières italiennes devaient prendre des dispositions en faveur des petits investisseurs.
La Commission européenne, très regardante sur les conditions d’une intervention publique dans le redressement d’entreprises privées en difficulté, au nom du respect de la concurrence, est prête à examiner avec célérité les mesures de sauvetage que le gouvernement sera amené à proposer pour éviter un naufrage économique et social.
A écouter :
Le choix de RFI (le 23/12/2003)
L'affaire Parmalat avec Frédérique Tissandier, journaliste à RFI, invitée de Guillaume Naudin.
par Francine Quentin
Article publié le 24/12/2003