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Entreprises

Vivendi : Messier privé de cadeau

L’ex-PDG de Vivendi Universal a dû renoncer aux indemnités qu’il exigeait après son départ du groupe. Au terme d’un accord qui le met à l’abri de poursuites ultérieures il devra même débourser une amende de 1 million de dollars pour dédommager les actionnaires lésés par sa gestion entre 2000 et 2002.
Le père Noël ne s’est guère montré généreux cette année avec Jean-Marie Messier, l’ancien patron de Vivendi Universal. Non seulement il a dû renoncer aux 20 millions d’euros d’indemnités qu’il réclamait à VU, après son départ précipité de l’entreprise en juillet 2002, mais encore il devra payer de ses deniers une amende de 1 million de dollars pour dédommager les actionnaires américains lésés par sa gestion désastreuse des années 2000-2002. En outre il lui est interdit d’exercer des fonctions de directeur ou d’administrateur d’une entreprise cotée pendant dix ans.

Pour le nouveau PDG de VU, Jean-Marc Fourtou l’accord intervenu avec son prédécesseur sous l’égide de la SEC, la commission des opérations de Bourse américaine, constitue une victoire. Celui qui a été chargé de reprendre Vivendi au bord de la faillite avait, rapidement après son entrée en fonction, contesté le «parachute doré» que Jean-Marie Messier s’était consenti peu avant son départ. Dans un premier temps la justice américaine, devant laquelle Jean-Marie Messier avait porté le différend, avait semblé pencher du côté de l’ancien PDG «licencié». Mais, en septembre dernier, la SEC avait causé la surprise en demandant le gel de ces indemnités de départ, s’appuyant sur une loi de 2002 qui permet de suspendre ce genre de versement à un dirigeant d’entreprise visée par une enquête financière.

Morale bafouée

Or, entre 2000 et 2002, le gendarme de la bourse aux États-Unis reproche à VU d’avoir trompé ses actionnaires sur la situation réelle de l’entreprise par des communiqués de presse mensongers. D’où le deuxième volet de l’accord conclu le 23 décembre : VU devra dédommager à hauteur de 50 millions de dollars les actionnaires floués. A ce prix les poursuites au civil contre VU sont abandonnées aux Etats-Unis.

Colette Neuville, présidente de l’association française de défense des actionnaires minoritaires (ADAM), ne veut pas croire à ce conte de Noël. Elle estime qu’en cette affaire chacun a défendu ses intérêts et tenté d’éviter un conflit plus grave encore. Si J2M, surnom donné à l’ancien PDG, a renoncé à ses indemnités «il ne fait pas imaginer qu’il a été saisi par la grâce», mais plutôt qu’il craignait de payer davantage en s’entêtant. La procédure à l’amiable ainsi conclue permet également à l’ancien PDG de ne pas s’avouer formellement responsable des fausses informations répandues sur la santé du groupe. Quelle que soit l’issue de cette affaire, la présidente de l’ADAM maintient que «la morale a été bafouée».



par Francine  Quentin

Article publié le 24/12/2003 Dernière mise à jour le 23/12/2003 à 23:00 TU