Guinée
Le dernier meeting
Avant la clôture officielle de la campagne, les derniers grands meetings se tiennent à Conakry avec des fortunes diverses. Le Parti de l’union et du progrès (PUP) a donné rendez-vous à ses militants au stade du 28 septembre, mais la fête avait un goût d’inachevé.
Le jeudi 18 décembre devait être le point d’orgue de la campagne du PUP en faveur de son leader, le président sortant Lansana Conté. Malgré les signes d’indifférence perceptible dans l’opinion nationale, la direction de campagne du président s’est persuadée qu’elle pourrait remplir le stade du 28 septembre. Douze mille personnes, au plus, ont fait le déplacement dans uns stade qui pourrait contenir quatre fois plus. Dans le public il y avait autant de militants que de simples curieux cherchant à voir personnellement le président «malade». L’épisode de la première prestation du président, le 1er décembre devant les cadres de son parti et autres personnels de la présidence de la république avait marqué les esprits. Son discours avait été interrompu et ses lieutenants l’avaient emmené, sans explication à l’assistance.
L’état de santé du président aurait conduit ses gardes du corps à abréger son intervention pour lui «éviter une trop grande fatigue». Mais cette scène insolite a alimenté les rumeurs du président «gravement malade» que les instances du PUP s’appliquent à démentir. Elles ont laissé entendre que Lansana Conté serait en personne au stade lors du rassemblement de clôture de la campagne. Cette annonce a suscité quelques intérêts dans une ambiance de grande indifférence à Conakry. Lors du meeting l’assistance a compris très vite que Lansana Conté ne viendrait pas et commençait par quitter les tribunes. Moments pathétiques, pendant lesquels Sékou Décazy Camara, le directeur de campagne parlait encore de mobilisation et de comportements citoyens alors que l’auditoire se réduisait comme une peau de chagrin. Cet ultime rassemblement du PUP contraste avec celui de 1998 où au moins trente mille personnes avaient accueilli Lansana Conté.
«La grande abstention»
Dans les différents états-majors des partis politiques d’opposition, les téléphones sonnent et les uns et autres se félicitent de l’indifférence affichée du public. L’échec du PUP est leur victoire. Jean-Marie Doré, le président de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) fait remarquer que cette indifférence du public est un signe annonciateur de «la grande abstention» qui marquera le scrutin présidentiel du dimanche 21 décembre. «Rester chez soi et ne pas aller voter» est le mot d’ordre du Front républicain pour l’alternance démocratique (FRAD) qui regroupe les principaux partis politiques d’opposition. Pour Alpha Condé, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), la plupart des Guinéens respecteront ce mot d’ordre «pour exprimer leur ras-le-bol du pouvoir», affirme-t-il.
L’opposition, consciente des techniques de propagande du pouvoir, a décidé de ne laisser nulle place où le PUP s’exprimerait tout seul. C’est pourquoi une contre manifestation du FRAD a été envisagée du carrefour Constantin au pont du 8 novembre à Conakry, c’est-à-dire sur le chemin du stade du 28 septembre qui accueille le dernier meeting du PUP. Mamadou Bâ, le président du FRAD espère «qu’il n’y aura pas de débordement». En tout cas, les militants des deux camps ne risquaient plus de rencontrer du fait de la brièveté du meeting du PUP, conclu aux alentours de 14 heures locales. L’échec de ce meeting n’a pas incité non plus les militants du FRAD à se ruer dans les artères du parcours tracé pour la contre manifestation. Par ailleurs, d’autres manifestations sont prévues le jour même du scrutin devant l’ambassade de Guinée à Bonn en Allemagne, et à Paris. Pour l’opposition guinéenne, la seule inconnue de ce scrutin présidentiel est le taux d’abstention.
A écouter :
Thierno Bah, Opposant guinéen en exil, auteur de Mon combat pour la Guinée répond aux questions de Christophe Boisbouvier (Invité Afrique le 19/12/2003).
L’état de santé du président aurait conduit ses gardes du corps à abréger son intervention pour lui «éviter une trop grande fatigue». Mais cette scène insolite a alimenté les rumeurs du président «gravement malade» que les instances du PUP s’appliquent à démentir. Elles ont laissé entendre que Lansana Conté serait en personne au stade lors du rassemblement de clôture de la campagne. Cette annonce a suscité quelques intérêts dans une ambiance de grande indifférence à Conakry. Lors du meeting l’assistance a compris très vite que Lansana Conté ne viendrait pas et commençait par quitter les tribunes. Moments pathétiques, pendant lesquels Sékou Décazy Camara, le directeur de campagne parlait encore de mobilisation et de comportements citoyens alors que l’auditoire se réduisait comme une peau de chagrin. Cet ultime rassemblement du PUP contraste avec celui de 1998 où au moins trente mille personnes avaient accueilli Lansana Conté.
«La grande abstention»
Dans les différents états-majors des partis politiques d’opposition, les téléphones sonnent et les uns et autres se félicitent de l’indifférence affichée du public. L’échec du PUP est leur victoire. Jean-Marie Doré, le président de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) fait remarquer que cette indifférence du public est un signe annonciateur de «la grande abstention» qui marquera le scrutin présidentiel du dimanche 21 décembre. «Rester chez soi et ne pas aller voter» est le mot d’ordre du Front républicain pour l’alternance démocratique (FRAD) qui regroupe les principaux partis politiques d’opposition. Pour Alpha Condé, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), la plupart des Guinéens respecteront ce mot d’ordre «pour exprimer leur ras-le-bol du pouvoir», affirme-t-il.
L’opposition, consciente des techniques de propagande du pouvoir, a décidé de ne laisser nulle place où le PUP s’exprimerait tout seul. C’est pourquoi une contre manifestation du FRAD a été envisagée du carrefour Constantin au pont du 8 novembre à Conakry, c’est-à-dire sur le chemin du stade du 28 septembre qui accueille le dernier meeting du PUP. Mamadou Bâ, le président du FRAD espère «qu’il n’y aura pas de débordement». En tout cas, les militants des deux camps ne risquaient plus de rencontrer du fait de la brièveté du meeting du PUP, conclu aux alentours de 14 heures locales. L’échec de ce meeting n’a pas incité non plus les militants du FRAD à se ruer dans les artères du parcours tracé pour la contre manifestation. Par ailleurs, d’autres manifestations sont prévues le jour même du scrutin devant l’ambassade de Guinée à Bonn en Allemagne, et à Paris. Pour l’opposition guinéenne, la seule inconnue de ce scrutin présidentiel est le taux d’abstention.
A écouter :
Thierno Bah, Opposant guinéen en exil, auteur de Mon combat pour la Guinée répond aux questions de Christophe Boisbouvier (Invité Afrique le 19/12/2003).
Article publié le 18/12/2003