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Irak

Kerbala, cible de plusieurs attentats

La ville de Kerbala, jusque-là épargnée par les attentats, a connu un samedi sanglant au cours duquel 19 personnes ont été tuées et quelque 160 autres blessées. Quatre attaques suicide ont été dénombrées dans ce sanctuaire chiite où la police a imposé un couvre-feu nocturne. La ville était soumise dimanche à de strictes mesures de sécurité. Des soldats polonais, bulgares et irakiens ont été déployés aux principaux carrefours et plusieurs routes principales ont été coupées.
Il s’agit sans doute de la série d’attaques la plus meurtrière depuis la capture il y a quinze jours de Saddam Hussein. En tout, quatre attentats quasi-simultanés et parfaitement coordonnés ont en effet frappé samedi Kerbala, cette ville sainte du chiisme où très peu d’attaques anti-américaines avaient jusqu’à présent été enregistrées contrairement aux zones sunnites qui entourent la capitale irakienne et où les agressions sont quotidiennes. Deux voitures piégées ont ainsi explosé devant le camp logistique de la division multinationale à l’entrée de la ville. Le mur d’enceinte a été en partie détruit. Au même moment, un attentat suicide au camion citerne a visé le quartier général bulgare jouxtant l’université après un échange de tirs nourri avec les gardes. Une troisième voiture piégée a ensuite explosé devant le gouvernorat de Kerbala pourtant fortement gardé et entouré de fortifications de sable. Le véhicule a pu s’approcher de l’édifice en suivant la voiture du commandant de la police, les soldats en faction ayant cru qu’il faisait parti du convoi.

Le bilan de cette série d’attaques est lourd. Dix-neuf personnes ont en effet été tuées parmi lesquelles sept soldats de la coalition –cinq Bulgares et deux Thaïlandais– et douze Irakiens. Le directeur adjoint du seul hôpital de la ville a en outre fait état de 160 blessés, dont cinq été dimanche dans une situation critique. «Il y a des hommes, des femmes et des enfants parmi les victimes. Des familles entières ont été tuées par les explosions», a-t-il précisé ajoutant que deux enfants avaient perdu la vue. Vingt-quatre membres de la coalition ont également été blessés, parmi lesquels 14 soldats bulgares, deux civils travaillant pour l’armée polonaise et cinq soldats américains. La Pologne, qui commande en Irak une division multinationale de quelque 9 000 hommes a indiqué que les prochaines semaines allaient être «particulièrement difficiles». «Je pense que nous allons tenir le coup, mais il faut être conscient que la mission est difficile et que des victimes sont possibles», a notamment déclaré le président polonais Aleksander Kwasniewski.

La main de l’étranger évoquée

Le caractère quasi-simultané et coordonné des attentats de Kerbala a relancé les spéculations sur la présence en Irak de terroristes venus de l'étranger. Le Conseil de gouvernement transitoire a ainsi évoqué la participation d'étrangers dans ces attaques qui ont visé le cœur de l’Irak chiite. «Une enquête est actuellement en cours pour identifier les auteurs. Mais nous pensons que si certains viennent de l'intérieur, d'autres viennent de l'extérieur», a notamment déclaré le porte-parole du Conseil, Hamid al-Kifaï. Selon lui, «les ennemis savent que Kerbala est une ville pacifique et c’est pour cela qu’ils ont choisi de l’attaquer dans une tentative de généraliser le terrorisme». Ce responsable estime par ailleurs que ces attaques font partie d’une offensive préméditée qui a commencé notamment à Nassiriya où un attentat contre le contingent italien avait fait le 12 novembre dernier 28 morts dont 19 Italiens. L’attaque revendiquée par al-Qaïda, le réseau d’Oussama ben Laden, a été la plus sanglante jamais menée contre les forces de la coalition depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril.

La capitale irakienne n’a pas non plus été épargnée ce week-end. Cinq soldats américains ont ainsi été blessés samedi matin par deux engins explosifs dans un quartier du centre de Bagdad. Dimanche, un autre militaire américain et deux enfants irakiens ont été tués par l'explosion d'une mine dans le centre de la capitale, tandis que cinq autres soldats américains, huit membres du Corps civil de défense irakien et un interprète irakien étaient blessés. L'explosion s'est produite vers dix heures du matin dans une zone très commerçante, bondée à cette heure de la journée. Ce décès porte à au moins 211 le nombre de soldats américains tués au combat depuis le 1er mai, date à laquelle le président George Bush a déclaré la fin officielle des opérations militaires majeures ayant conduit au renversement de Saddam Hussein.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 28/12/2003