Politique française
Le beau geste de Chirac à Juppé
La sollicitude du président de la République pour Alain Juppé relance les spéculations sur le retour de l’ancien Premier ministre au gouvernement. Les questions ne portent pas tant sur un remaniement du gouvernement Raffarin, qui ne fait plus de doute, que sur la date à laquelle il interviendra.
On a rarement vu un président de la République se déplacer pour inaugurer solennellement une ligne de tramway. Le voyage de Jacques Chirac, dimanche, a donc été interprété comme un geste en direction du maire de Bordeaux, appelé, selon toutes probabilités, à revenir au gouvernement dans les prochains mois.
Ancien Premier ministre lors du premier mandat à l’Elysée de Jacques Chirac, entre 1995 et 1997, Alain Juppé est resté un proche du président de la République qui lui a confié la direction de «son» parti, l’UMP, après avoir été réélu en 2002. Le maire de Bordeaux apparaît en effet comme le seul homme politique de la majorité présidentielle d’une stature suffisante pour contrer l’omniprésent Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’Intérieur, de son côté, ne fait plus mystère de ses ambitions pour le futur, avec, à l’horizon, la fonction suprême de la République française.
Son déploiement d’activité et sa présence permanente sur des fronts divers semblent avoir quelque peu agacé le chef de l’Etat qui ne s’est pas privé, ces derniers temps, de le rappeler à l’ordre. Cela a été le cas, dernièrement, de manière spectaculaire lorsque, depuis Tunis où il était en voyage officiel, le président de la République a pris la peine de se prononcer, sans même attendre son retour en France, contre la discrimination positive en faveur des jeunes issus de l’immigration, prônée par son ministre de l’Intérieur.
Les commentateurs politiques considèrent donc comme de plus en plus probable un remaniement ministériel qui aurait pour double objectif de redonner du dynamisme à une équipe gouvernementale qui s’essouffle, la baisse de popularité de Jean-Pierre Raffarin en témoigne, et de rééquilibrer les forces en son sein, au détriment de Nicolas Sarkozy. Ce même week-end le ministre de l’Intérieur inaugurait, lui aussi, un poste de police à Pau (sud-ouest de la France) en présence du député François Bayrou, également président de l’UDF. Cette formation de la majorité présidentielle affirme clairement sa différence avec l’UMP en se refusant à voter une partie du budget pour 2004, et en se présentant sous ses propres couleurs dans plusieurs régions lors des prochaines élections régionales.
Susceptibilités
La question qui se pose est donc davantage de la date la plus opportune pour procéder à un remaniement. On prêtait au Premier ministre le souhait de faire vite, si possible avant la fin de l’année. Jean-Pierre Raffarin en profiterait pour se délester de ceux des ministres qui n’ont pas fait leurs preuves dans les fonctions qui leur ont été confiées.
Cette hâte entre en conflit avec l’obligation d’attendre fin janvier, date à laquelle Alain Juppé sera fixé sur son sort dans le procès sur les emplois présumés fictifs au RPR où il est impliqué en tant qu’ancien dirigeant de cette formation politique. Si l’issue en était positive pour lui, rien ne s’opposerait plus à son entrée au gouvernement, probablement à un grand ministère de l’Economie et des finances. Ayant déjà occupé les fonctions de chef du gouvernement Alain Juppé ne saurait revenir qu’à un poste ministériel éminent, tout comme Laurent Fabius avant lui.
Là se pose alors le problème du télescopage avec les élections régionales des 21 et 28 mars. Le président de la République pourrait juger plus judicieux d’attendre les résultats de cette consultation pour modifier la composition du gouvernement. Quelle que soit la décision retenue le futur gouvernement devra concilier les susceptibilités. Après avoir été numéro 1 du gouvernement comme Alain Juppé réagira-t-il au fait d’être désormais numéro 2 ? De son côté comment Nicolas Sarkozy prendra-t-il de se voir ainsi concurrencé ? Enfin, comment le Premier ministre Raffarin gérera-t-il une équipe où rivalisent deux poids lourds ?
Ancien Premier ministre lors du premier mandat à l’Elysée de Jacques Chirac, entre 1995 et 1997, Alain Juppé est resté un proche du président de la République qui lui a confié la direction de «son» parti, l’UMP, après avoir été réélu en 2002. Le maire de Bordeaux apparaît en effet comme le seul homme politique de la majorité présidentielle d’une stature suffisante pour contrer l’omniprésent Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’Intérieur, de son côté, ne fait plus mystère de ses ambitions pour le futur, avec, à l’horizon, la fonction suprême de la République française.
Son déploiement d’activité et sa présence permanente sur des fronts divers semblent avoir quelque peu agacé le chef de l’Etat qui ne s’est pas privé, ces derniers temps, de le rappeler à l’ordre. Cela a été le cas, dernièrement, de manière spectaculaire lorsque, depuis Tunis où il était en voyage officiel, le président de la République a pris la peine de se prononcer, sans même attendre son retour en France, contre la discrimination positive en faveur des jeunes issus de l’immigration, prônée par son ministre de l’Intérieur.
Les commentateurs politiques considèrent donc comme de plus en plus probable un remaniement ministériel qui aurait pour double objectif de redonner du dynamisme à une équipe gouvernementale qui s’essouffle, la baisse de popularité de Jean-Pierre Raffarin en témoigne, et de rééquilibrer les forces en son sein, au détriment de Nicolas Sarkozy. Ce même week-end le ministre de l’Intérieur inaugurait, lui aussi, un poste de police à Pau (sud-ouest de la France) en présence du député François Bayrou, également président de l’UDF. Cette formation de la majorité présidentielle affirme clairement sa différence avec l’UMP en se refusant à voter une partie du budget pour 2004, et en se présentant sous ses propres couleurs dans plusieurs régions lors des prochaines élections régionales.
Susceptibilités
La question qui se pose est donc davantage de la date la plus opportune pour procéder à un remaniement. On prêtait au Premier ministre le souhait de faire vite, si possible avant la fin de l’année. Jean-Pierre Raffarin en profiterait pour se délester de ceux des ministres qui n’ont pas fait leurs preuves dans les fonctions qui leur ont été confiées.
Cette hâte entre en conflit avec l’obligation d’attendre fin janvier, date à laquelle Alain Juppé sera fixé sur son sort dans le procès sur les emplois présumés fictifs au RPR où il est impliqué en tant qu’ancien dirigeant de cette formation politique. Si l’issue en était positive pour lui, rien ne s’opposerait plus à son entrée au gouvernement, probablement à un grand ministère de l’Economie et des finances. Ayant déjà occupé les fonctions de chef du gouvernement Alain Juppé ne saurait revenir qu’à un poste ministériel éminent, tout comme Laurent Fabius avant lui.
Là se pose alors le problème du télescopage avec les élections régionales des 21 et 28 mars. Le président de la République pourrait juger plus judicieux d’attendre les résultats de cette consultation pour modifier la composition du gouvernement. Quelle que soit la décision retenue le futur gouvernement devra concilier les susceptibilités. Après avoir été numéro 1 du gouvernement comme Alain Juppé réagira-t-il au fait d’être désormais numéro 2 ? De son côté comment Nicolas Sarkozy prendra-t-il de se voir ainsi concurrencé ? Enfin, comment le Premier ministre Raffarin gérera-t-il une équipe où rivalisent deux poids lourds ?
par Francine Quentin
Article publié le 22/12/2003