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Union européenne

L’Irlande reçoit la patate chaude

La présidence italienne de l’Union européenne qui s’achève laissera le souvenir des écarts verbaux de Silvio Berlusconi et, plus sérieusement, de l’échec des Vingt-Cinq à se mettre d’accord sur la future constitution de la communauté. L’Irlande prend donc le relais pour six mois avec ce dossier chaud à faire avancer, sinon aboutir, alors que les dix nouveaux membres font leur entrée officielle le 1er mai prochain.
Silvio Berlusconi, président du conseil italien, estime satisfaisant le bilan de sa présidence de l’Union européenne qui s’achève le 31 décembre. Il met en avant l’accord sur un programme commun de grands travaux d’infrastructures et dans le projet de constitution pour l’Union européenne, les «82 points qu’il ne sera plus nécessaire d’évoquer pour la suite des négociations, ce qui, selon le Comandatore, va faciliter le travail des présidences à venir». L’Italie peut également se féliciter, au niveau national, de la décision d’installer à Parme, au nord du pays, le siège de l’agence européenne pour la sécurité alimentaire.

Cette indulgence de Silvio Berlusconi à l’égard de sa propre présidence européenne n’est pas partagée par tout le monde. Les députés européens auxquels il est venu faire un compte-rendu de mandat à la mi-décembre se sont montrés bien plus sévères. Le chef de file des eurodéputés libéraux Graham Watson a estimé que l’échec sur la future constitution lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles les 12 et 13 décembre était dû, aussi, à l’absence d’art de la tactique de la présidence. Le fait est là, Silvio Berlusconi n’est pas parvenu à réduire l’opposition entre les pays de l’Union européenne sur des points essentiels de la constitution : la composition de la commission et la pondération des droits de vote.

De son côté le député allemand Martin Schulz affirme que Silvio Berlusconi a «maquillé le très faible bilan» de sa présidence. Mais il a des raisons personnelles d’en vouloir au président du conseil italien : c’est lui que Silvio Berlusconi avait invité à jouer le rôle de «kapo» dans un film sur les camps de concentration nazis, déclenchant un incident diplomatique, en juillet dernier, quelques jours seulement après avoir pris la présidence de la communauté. Ce dérapage verbal n’était que le premier d’une série de gaffes et d’erreurs qui a émaillé la présidence italienne, occultant quelque peu les efforts du ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini.

Recherche d’un compromis

L’Irlande qui reprend la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier récupère donc inachevé le difficile dossier de la constitution européenne à charge pour elle de le faire avancer. Déjà, des voix s’élèvent pour estimer que, compte-tenu de l’ampleur de la tâche, personne ne pourrait blâmer l’Irlande si elle ne parvenait pas à un accord d’ici le 1er juillet, avant de passer le relais aux Pays-Bas.

La recherche d’un compromis sur la constitution risque de reléguer au second plan des sujets pourtant importants comme la relance des réformes économiques ou l’amélioration des relations entre l’Europe et les Etats-Unis. Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern aura donc un rôle essentiel au cours du semestre à venir mais il aura aussi la satisfaction de présider, le 1er mai, le passage de l’Union européenne de quinze à vingt-cinq membres.

Ecouter également : L'invité de la mi-journée, 31/12/2003, Stéphano Silvestri, Président de l'institut italien des Affaires internationales.

A lire également :

Union européenne : piètre année 2003
Edito international de Michèle Gayral du 31/12/2003



par Francine  Quentin

Article publié le 30/12/2003