Maroc
Madrid et Rabat scellent leur réconciliation
Après quatre années de relations plutôt tendues sur le plan politique, le Maroc et l’Espagne ont décidé d’enterrer la hache de guerre. Officiellement, la visite à Marrakech du chef du gouvernement Jose Maria Aznar est donc destinée à restaurer des rapports de bon voisinage entre les deux pays. Elle a également été l’occasion de relancer la coopération bilatérale puisque cinq accords, dont trois conventions financières portant sur 390 millions d’euros, ont été signés lors de cette visite à laquelle a participé une importante délégation espagnole comprenant notamment sept ministres.
Les contentieux entre Rabat et Madrid ont été tels ces quatre dernières années que personne de part et d’autres du détroit de Gibraltar n’ose aujourd’hui les nier. Les sujets de désaccord ont en effet été nombreux et le refus du Maroc de renouveler en 1999 l’accord d’association sur la pêche, signé avec l’Union européenne et qui permettait majoritairement aux bateaux espagnols de pêcher dans les eaux territoriales du royaume, a sans conteste été le déclencheur de la dégradation des relations entre les deux pays. Les deux voisins se sont ensuite querellés au sujet de l’immigration clandestine subsaharienne et marocaine qui transite par le royaume, Madrid accusant Rabat de ne rien faire pour la juguler ou encore sur les réseaux mafieux à l’origine du trafic de cannabis en direction de l’Espagne.
Mais la rupture a été franchement consommée avec le dossier du Sahara occidental, les Marocains jugeant la position de Madrid ouvertement hostile à leur égard et complaisante vis à vis du Front Polisario. La crise avait d’ailleurs débouché sur le rappel le 27 octobre 2001 de l’ambassadeur du royaume à Madrid. Plus récemment les deux voisins ont évité de justesse un affrontement militaire avec la querelle en juillet 2002 sur l’îlot inhabité de Perejil/Leïla à quelques dizaines de mètres des côtes marocaines. Des soldats marocains l’avaient occupé quelques heures avant d’en être délogé par un contingent de militaires espagnols héliporté sur ce bout de terre aride, connu de quelques pêcheurs. Le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, avait dû intervenir en personne, pour dénouer la crise.
Mais tous ces différends relèvent désormais du passé à en croire Rabat et Madrid. «Je suis un ami du Maroc, je travaille honnêtement en ce sens et je souhaite des liens plus forts entre nos deux pays», a notamment affirmé Jose Maria Aznar. Evoquant les nombreux contentieux qui ont opposé les responsables des deux Etats, le chef du gouvernement espagnol a estimé qu’«entre voisins, il y avait parfois des disputes». Mais, a-t-il insisté, «il faut que la volonté de les transcender domine à tout moment». Le son de cloche est le même côté marocain puisque le chef de la diplomatie Mohamed Benaïssa a certes reconnu que les relations de part et d’autre du détroit avaient été «assez difficiles», mais selon lui «la volonté de tourner la page est la plus forte».
Une coopération économique fructueuse
Depuis plusieurs mois déjà, des gestes de détente ont réchauffé l’atmosphère entre les deux pays. Madrid a notamment apprécié la proposition de Rabat autorisant les pêcheurs galiciens, durement touchés par la marée noire du Prestige, à venir pêcher dans les eaux territoriales du royaume. La réconciliation s’est également faite autour de la lutte contre le terrorisme considéré par Madrid comme «un fléau global». Les polices et les renseignements des deux pays ont accentué ces derniers temps leur coopération et plusieurs Marocains, terroristes présumés, ont été arrêtés en Espagne depuis les attentats qui ont ensanglanté le 16 mai dernier Casablanca. Mais c’est sur le front de la lutte contre l’immigration clandestine que la collaboration entre les deux voisins a été le plus aboutie. Les deux pays ont en effet annoncé il y a quelques jours la création de patrouilles conjointes de gendarmes marocains et d’agents de la garde civile espagnole pour lutter contre les réseaux d’immigration illégale. Ces patrouilles devraient être opérationnelles à la mi-janvier 2004.
Sur le plan économique et en dépit de la tension bilatérale de ces dernières années, l’Espagne n’a eu de cesse de consolider ses positions commerciales avec le Maroc dont elle est le deuxième partenaire économique après la France. Quelque 600 entreprises espagnoles sont en effet installées dans le royaume et les échanges économiques affichent une nette tendance à la hausse, avec notamment une augmentation des investissements espagnols qui s’élèvent pour l’année 2002 à 80 millions d’euros.
La réconciliation entre Rabat et Madrid a d’ailleurs largement été centrée sur le volet économique. Les responsables des deux pays, réunis ces dernières quarante-huit heures à Marrakech, ont en effet signé plusieurs accords de coopération, dont trois conventions financières portant sur une enveloppe de 390 millions d'euros. Il s’agit de l'accord financier «le plus élevé» jamais signé par l'Espagne. La première de ces conventions porte sur une ligne de crédit de 270 millions d'euros –dont la moitié se traduit par des dons– destinée à la réalisation de projets au Maroc par des entreprises espagnoles. Un deuxième crédit privilégié de 20 millions d'euros a également été débloqué pour la mise à niveau des entreprises marocaines auquel s’ajoute un don de 10 millions d'euros. Madrid, enfin, a décidé de procéder à la conversion de 50 millions d'euros de la dette marocaine envers l'Espagne en investissements publics, ainsi qu'à la conversion de 40 millions d'euros de cette dette en investissements privés.
Mais la rupture a été franchement consommée avec le dossier du Sahara occidental, les Marocains jugeant la position de Madrid ouvertement hostile à leur égard et complaisante vis à vis du Front Polisario. La crise avait d’ailleurs débouché sur le rappel le 27 octobre 2001 de l’ambassadeur du royaume à Madrid. Plus récemment les deux voisins ont évité de justesse un affrontement militaire avec la querelle en juillet 2002 sur l’îlot inhabité de Perejil/Leïla à quelques dizaines de mètres des côtes marocaines. Des soldats marocains l’avaient occupé quelques heures avant d’en être délogé par un contingent de militaires espagnols héliporté sur ce bout de terre aride, connu de quelques pêcheurs. Le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, avait dû intervenir en personne, pour dénouer la crise.
Mais tous ces différends relèvent désormais du passé à en croire Rabat et Madrid. «Je suis un ami du Maroc, je travaille honnêtement en ce sens et je souhaite des liens plus forts entre nos deux pays», a notamment affirmé Jose Maria Aznar. Evoquant les nombreux contentieux qui ont opposé les responsables des deux Etats, le chef du gouvernement espagnol a estimé qu’«entre voisins, il y avait parfois des disputes». Mais, a-t-il insisté, «il faut que la volonté de les transcender domine à tout moment». Le son de cloche est le même côté marocain puisque le chef de la diplomatie Mohamed Benaïssa a certes reconnu que les relations de part et d’autre du détroit avaient été «assez difficiles», mais selon lui «la volonté de tourner la page est la plus forte».
Une coopération économique fructueuse
Depuis plusieurs mois déjà, des gestes de détente ont réchauffé l’atmosphère entre les deux pays. Madrid a notamment apprécié la proposition de Rabat autorisant les pêcheurs galiciens, durement touchés par la marée noire du Prestige, à venir pêcher dans les eaux territoriales du royaume. La réconciliation s’est également faite autour de la lutte contre le terrorisme considéré par Madrid comme «un fléau global». Les polices et les renseignements des deux pays ont accentué ces derniers temps leur coopération et plusieurs Marocains, terroristes présumés, ont été arrêtés en Espagne depuis les attentats qui ont ensanglanté le 16 mai dernier Casablanca. Mais c’est sur le front de la lutte contre l’immigration clandestine que la collaboration entre les deux voisins a été le plus aboutie. Les deux pays ont en effet annoncé il y a quelques jours la création de patrouilles conjointes de gendarmes marocains et d’agents de la garde civile espagnole pour lutter contre les réseaux d’immigration illégale. Ces patrouilles devraient être opérationnelles à la mi-janvier 2004.
Sur le plan économique et en dépit de la tension bilatérale de ces dernières années, l’Espagne n’a eu de cesse de consolider ses positions commerciales avec le Maroc dont elle est le deuxième partenaire économique après la France. Quelque 600 entreprises espagnoles sont en effet installées dans le royaume et les échanges économiques affichent une nette tendance à la hausse, avec notamment une augmentation des investissements espagnols qui s’élèvent pour l’année 2002 à 80 millions d’euros.
La réconciliation entre Rabat et Madrid a d’ailleurs largement été centrée sur le volet économique. Les responsables des deux pays, réunis ces dernières quarante-huit heures à Marrakech, ont en effet signé plusieurs accords de coopération, dont trois conventions financières portant sur une enveloppe de 390 millions d'euros. Il s’agit de l'accord financier «le plus élevé» jamais signé par l'Espagne. La première de ces conventions porte sur une ligne de crédit de 270 millions d'euros –dont la moitié se traduit par des dons– destinée à la réalisation de projets au Maroc par des entreprises espagnoles. Un deuxième crédit privilégié de 20 millions d'euros a également été débloqué pour la mise à niveau des entreprises marocaines auquel s’ajoute un don de 10 millions d'euros. Madrid, enfin, a décidé de procéder à la conversion de 50 millions d'euros de la dette marocaine envers l'Espagne en investissements publics, ainsi qu'à la conversion de 40 millions d'euros de cette dette en investissements privés.
par Mounia Daoudi
Article publié le 09/12/2003