Asie centrale
Azerbaïdjan : la mort du père
L’Azerbaïdjan est en deuil. Heydar Aliev, l’ancien président le père de la nation azerbaïdjanaise, est décédé vendredi à l’âge de 80 ans dans une clinique de cardiologie à Cleveland aux Etats-Unis où il était hospitalisé depuis août 2003. Aliyev a dominé pendant près de 35 ans la vie politique de cette ex-république soviétique du Caucase riche en pétrole, avant de passer le pouvoir à son fils Ilham. Ce dernier, 41 ans, a été élu à la tête de l’Etat le 15 octobre dernier lors d’un scrutin contesté par l’opposition. Toutefois, la disparition du vieux leader azerbaïdjanais pourrait engendrer une période de troubles politiques dans le pays dirigé d’une main de fer.
De notre correspondant à Bakou.
La nouvelle de décès est arrivée très tard dans la nuit, à un moment où les habitants du pays dormaient. De nombreux azerbaïdjanais n’ont donc appris l’information que samedi matin. Toute la nuit, la chaîne privée de télévision ANS a diffusé des images de l’ancien président surnommé «Heydar Baba», Grand-père. Ilham Aliev, le nouveau président de l’Azerbaïdjan, fils de Heydar Aliev, avait appris la nouvelle dans l’avion, de retour de Genève où il venait d’effectuer sa première visite à l’étranger en participant au Sommet mondial de la société de l’Information.
Arrivé à l’aéroport de Bakou, il a immédiatement tenu une réunion d’urgence avec ses ministres. Aucune déclaration à la presse n’a été faite. Ce n’est que dans la matinée que les Azerbaïdjanais ont appris la mise en place d’une commission d’Etat, composée de ministres, de personnalités et du jeune Aliev, pour l’organisation des funérailles du père.
Un deuil national de 7 jours a été annoncé à cette occasion dans le pays, où les drapeaux ont été mis en berne pendant une semaine. Toutes les émissions et les manifestations de divertissement sont interrompues durant cette période. La dépouille du défunt président sera ramenée en Azerbaïdjan le 14 décembre et une cérémonie d’hommage est prévue le 15 décembre à Bakou.
Certains analystes estiment que la mort de Heydar Aliev suscite des doutes sur la capacité de son fils et son successeur, à se maintenir au pouvoir sans la protection paternelle.«Aliyev, le père, est une figure qui a défini la scène politique azerbaïdjanaise des trois décennies écoulées», a déclaré Rassim Mussabeyov, un politologue proche de l’opposition à Bakou. «Sa mort n’a pas été perçue comme un choc pour une simple raison : Il est absent de la scène politique depuis plusieurs mois. La société azerbaïdjanaise s’est déjà habituée à cette absence», a-t-il ajouté.
«doué en politique…»
En avril dernier, lors d’un discours en direct à la télévision nationale, le chef de l’état a fait un malaise cardiaque en raison d’une brusque montée de sa tension artérielle. En juillet, il était hospitalisé dans un établissement militaire en Turquie et le 6 août 2003 il était transféré aux Etats-Unis.
«Aujourd’hui le pays fonctionne avec un système politique autoritaire fondé par le père Aliev. Sous son autorité, ce système fonctionnait bien. Même s’il est nécessaire, il est encore très tôt de parler d’un changement au sein du gouvernement», poursuit Rassim Musabeyov.
Nombre d'observateurs estiment qu'Ilham Aliev, novice en politique, dépend largement du respect inspiré par son père. «Il lui sera très difficile de pouvoir faire face à la concurrence de ses rivaux au sein des cercles dirigeants azerbaïdjanais. En l’absence de Heydar Aliev, beaucoup de ces gens vont révéler leurs ambitions», dit Tofiq Zulfugarov, ancien ministre des Affaires étrangères sous Heydar Aliev.
Situé dans le Caucase entre la Russie et l’Iran, l'Azerbaïdjan a une grande importance stratégique, en particulier pour l'Occident. Le pays dispose en mer Caspienne de réserves d’hydrocarbures importantes qui sont exploitées par des compagnies occidentales. Plusieurs milliards de dollars ont été investis dans ce secteur et un oléoduc long de 1 760 km, reliant la Caspienne à la Méditerranée, sera opérationnel d’ici 2005. «Beaucoup de chefs d’entreprises étrangers aimerait voir une reforme au sein du gouvernement», estime Leyla Aliyeva, une politologue indépendante à Bakou.
Le nouveau président a gardé les ministres et les conseillers de son père. Il est entouré par des groupes disposant de grands pouvoirs politique et financier. «Il y a une menace pour le pouvoir d'Ilham Aliev s'il veut réformer le régime que lui a légué son père et écarter certains de ses fidèles», poursuit Leyla Aliyeva. «Mais s’il a un bon soutien derrière lui et si il est doué en politique il pourra le faire. Pour cela il doit avant tout de recruter des intellectuels dans sa nouvelle équipe», conclut-elle.
Ecoutez Jean Simon, l’invité de la rédaction (E. d'Abzac, 13/12/2003, 4')
La nouvelle de décès est arrivée très tard dans la nuit, à un moment où les habitants du pays dormaient. De nombreux azerbaïdjanais n’ont donc appris l’information que samedi matin. Toute la nuit, la chaîne privée de télévision ANS a diffusé des images de l’ancien président surnommé «Heydar Baba», Grand-père. Ilham Aliev, le nouveau président de l’Azerbaïdjan, fils de Heydar Aliev, avait appris la nouvelle dans l’avion, de retour de Genève où il venait d’effectuer sa première visite à l’étranger en participant au Sommet mondial de la société de l’Information.
Arrivé à l’aéroport de Bakou, il a immédiatement tenu une réunion d’urgence avec ses ministres. Aucune déclaration à la presse n’a été faite. Ce n’est que dans la matinée que les Azerbaïdjanais ont appris la mise en place d’une commission d’Etat, composée de ministres, de personnalités et du jeune Aliev, pour l’organisation des funérailles du père.
Un deuil national de 7 jours a été annoncé à cette occasion dans le pays, où les drapeaux ont été mis en berne pendant une semaine. Toutes les émissions et les manifestations de divertissement sont interrompues durant cette période. La dépouille du défunt président sera ramenée en Azerbaïdjan le 14 décembre et une cérémonie d’hommage est prévue le 15 décembre à Bakou.
Certains analystes estiment que la mort de Heydar Aliev suscite des doutes sur la capacité de son fils et son successeur, à se maintenir au pouvoir sans la protection paternelle.«Aliyev, le père, est une figure qui a défini la scène politique azerbaïdjanaise des trois décennies écoulées», a déclaré Rassim Mussabeyov, un politologue proche de l’opposition à Bakou. «Sa mort n’a pas été perçue comme un choc pour une simple raison : Il est absent de la scène politique depuis plusieurs mois. La société azerbaïdjanaise s’est déjà habituée à cette absence», a-t-il ajouté.
«doué en politique…»
En avril dernier, lors d’un discours en direct à la télévision nationale, le chef de l’état a fait un malaise cardiaque en raison d’une brusque montée de sa tension artérielle. En juillet, il était hospitalisé dans un établissement militaire en Turquie et le 6 août 2003 il était transféré aux Etats-Unis.
«Aujourd’hui le pays fonctionne avec un système politique autoritaire fondé par le père Aliev. Sous son autorité, ce système fonctionnait bien. Même s’il est nécessaire, il est encore très tôt de parler d’un changement au sein du gouvernement», poursuit Rassim Musabeyov.
Nombre d'observateurs estiment qu'Ilham Aliev, novice en politique, dépend largement du respect inspiré par son père. «Il lui sera très difficile de pouvoir faire face à la concurrence de ses rivaux au sein des cercles dirigeants azerbaïdjanais. En l’absence de Heydar Aliev, beaucoup de ces gens vont révéler leurs ambitions», dit Tofiq Zulfugarov, ancien ministre des Affaires étrangères sous Heydar Aliev.
Situé dans le Caucase entre la Russie et l’Iran, l'Azerbaïdjan a une grande importance stratégique, en particulier pour l'Occident. Le pays dispose en mer Caspienne de réserves d’hydrocarbures importantes qui sont exploitées par des compagnies occidentales. Plusieurs milliards de dollars ont été investis dans ce secteur et un oléoduc long de 1 760 km, reliant la Caspienne à la Méditerranée, sera opérationnel d’ici 2005. «Beaucoup de chefs d’entreprises étrangers aimerait voir une reforme au sein du gouvernement», estime Leyla Aliyeva, une politologue indépendante à Bakou.
Le nouveau président a gardé les ministres et les conseillers de son père. Il est entouré par des groupes disposant de grands pouvoirs politique et financier. «Il y a une menace pour le pouvoir d'Ilham Aliev s'il veut réformer le régime que lui a légué son père et écarter certains de ses fidèles», poursuit Leyla Aliyeva. «Mais s’il a un bon soutien derrière lui et si il est doué en politique il pourra le faire. Pour cela il doit avant tout de recruter des intellectuels dans sa nouvelle équipe», conclut-elle.
Ecoutez Jean Simon, l’invité de la rédaction (E. d'Abzac, 13/12/2003, 4')
par Kamil Piriyev
Article publié le 13/12/2003