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Russie

Poutine vers une réélection facile

A moins d’un improbable revirement le président russe sortant sera réélu lors de l’élection présidentielle du 14 mars 2004. Les uns après les autres, ses adversaires déclinent leur participation. Par réalisme pour certains, dont les partis ont été laminés lors des dernières législatives. Faute de réelles convictions pour d’autres qui n’ont pas de véritable contre-programme à opposer au maître du Kremlin.
Sauf développement imprévisible, la question n’est plus de savoir si Vladimir Poutine se présentera pour un second mandat: il a déjà répondu qu’il le fera. La question n’est pas non plus de savoir s’il sera réélu le 14 mars: l’opposition est en lambeaux. La question qui taraude les électeurs et les observateurs de la vie politique russe est de savoir s’il respectera la Constitution en s’engageant pour une toute dernière présidence. Depuis les élections législatives que son parti a triomphalement remporté, le 7 décembre, toutes les options lui sont ouvertes. Pour l’heure, conformément au texte de la Constitution, il a rejeté l’hypothèse d’une poursuite de sa carrière présidentielle au-delà de 2008. Il s’est d’ailleurs déclaré contre la prolongation du mandat présidentiel (d’une durée de quatre ans), et contre l’autorisation pour un président de se présenter à un troisième mandat.

Pourtant, depuis les élections du 7 décembre, avec la victoire de son parti Russie Unie, Vladimir Poutine dispose des outils tant législatifs que politiques qui lui permettent de faire à peu près ce qu’il veut. Il est tout d’abord crédité d’une cote de popularité de 80%, de nature à décourager les plus combatifs de ses adversaires. Avec les ralliements de nombreux candidats indépendants depuis les législatives, son parti détient désormais plus des deux tiers des sièges de la Douma (plus de 300 députés sur 450) et peut donc décider d’engager les modifications constitutionnelles qui autoriseraient le maître du Kremlin à briguer un nouveau mandat de quatre ans.

Dernière défection en date, celle du leader communiste Guennadi Ziouganov dont le porte-parole a annoncé dimanche qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle, laissant la place à NikolaÏ Kharitonov qui, de l’avis général, ne pèsera pas lourd face au président sortant. Le parti communiste russe, seconde force politique du pays, a subi le plus cinglant revers de son existence post-soviétique lors du dernier scrutin législatif en ne remportant que 12,6% des suffrages, moitié moins que lors du précédent scrutin.

La Douma, courroie de transmission

De même, le très populaire candidat ultranationaliste Vladimir Jirinovski a annoncé qu’il ne serait pas candidat, après sa contre-performance (11,5%) du 7 décembre. M. Jirinovski, qui manifeste à l’égard du régime une opposition de façade, avait récemment affirmé qu’il n’y avait «aucun argument pour s’opposer à Vladimir Poutine». Son parti, le LDPR, sera représenté par Oleg Malychkine, totalement inconnu du grand public.

Quant aux deux petits partis se réclamant de la droite, Iabloko et l’Union des forces de droite, laminés lors des législatives et incapables à la fois de maintenir des députés à l’assemblée et de se mettre d’accord sur un candidat commun pour la présidentielle, ils menacent de ne pas présenter de prétendants et d’appeler au boycott du scrutin.

En toute logique, dans le contexte de monopole qui caractérise la vie politique russe, c’est donc un proche de Vladimir Poutine, membre de Russie Unie, qui a été élu lundi à la tête de la Douma, lors de la séance d’ouverture de la nouvelle assemblée. L’ancien ministre de l’Intérieur de Vladimir Poutine, Boris Gryzlov, a engrangé 352 votes en sa faveur. Quinze députés ont voté contre lui et quatre se sont abstenus.

En ouvrant la séance inaugurale de la Douma, lundi matin, le président russe à annoncé qu’elle aurait à adopter des réformes «stratégiques». Vladimir Poutine a notamment appelé à améliorer la qualité de vie des Russes et à faire «du développement des systèmes fiscal, bancaire, financier, les leviers de la croissance de l’économie». Il a demandé aux députés de travailler au développement de la démocratie et du niveau de vie de leurs concitoyens, insistant sur les responsabilités particulière de cette assemblée qui lui sera acquise au cours de son mandat présidentiel. Elle assurera à l’exécutif russe un pouvoir considérable puisqu’elle en sera la courroie de transmission législative. Les derniers sondages d’opinion accordent en effet à Vladimir Poutine 75% des intentions de vote lors de la présidentielle de mars.



par Georges  Abou

Article publié le 29/12/2003