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Economie française

Le <i>Queen Mary 2</i> et le blues des chantiers

La construction du plus grand paquebot du monde n'a duré que dix-huit mois. Plus de 100 000 personnes salueront son départ du chantier naval de Saint-Nazaire.
C'est ce lundi, 22 décembre 2003, que le Queen Mary 2 doit quitter les quais de Saint-Nazaire, le chantier d'Alstom Marine qui l'a vu naître. Trois ans après la découpe de la première tôle, et donc en un temps record, le plus grand paquebot, jamais construit au monde, va être livré à son armateur, La Cunard, N°1 mondial de la croisière. Sorti de l'estuaire de la Loire, le Queen Mary fera alors cap au nord, en direction de Southampton, son futur port d'attache, où il sera baptisé au début du mois de janvier.

345 mètres de long, 41 mètres de large, 72 mètres de haut, sont les mensurations de ce géant des mers, deux fois plus volumineux que Le France, sorti des mêmes chantiers de Saint-Nazaire, il y a précisément quarante ans. Le Queen Mary 2 est conçu pour embarquer à son bord 4000 passagers dont plus d'un millier de marins et membres d'équipage.

Une période d'euphorie

Depuis une dizaine d'années, les chantiers de l'Atlantique, passés sous contrôle du groupe Alstom, se sont à nouveau spécialisés dans la construction des paquebots de luxe. Une activité à haute valeur ajoutée, qui a permis à la construction navale française de faire face à la concurrence asiatique. Plus d'une dizaine de paquebots sont sortis des chantiers au cours de ces dernières années. Mais la crise économique, les incertitudes politiques, et la concurrence coréenne mettent de nouveau en péril la construction navale française. Plus un seul paquebot ne figure sur le carnet de commande d'Alstom-Marine. Trois navires sont encore en chantiers, dont un méthanier. Au-delà, c'est l'incertitude la plus totale.

Plusieurs milliers de salariés, travaillant pour des sous-traitants d'Alstom, sont directement menacés de chômage. Certains d'entre eux, Polonais, Croates, Indiens, sont déjà rentrés chez eux. Les ouvriers d'Alstom ne seront sans doute pas totalement épargnés. Pour la direction du groupe, la sortie de crise et la relance du secteur de la croisière doit obligatoirement apporter son lot de nouvelles commandes aux chantiers. Mais en attendant, on envisage déjà une diversification vers le militaire, pour maintenir un niveau minimum d'activité et garder à flot l'entreprise.

On souhaite également rouvrir le dossier des aides à la construction navales. Face au dumping social pratiqué par les chantiers asiatiques, les élus français et les syndicats réclament des contre-mesures. Bruxelles vient déjà d'autoriser une augmentation des aides à l'innovation. Cela devrait aider les chantiers de l'Atlantique, devenus maîtres dans l'art de réaliser des paquebots, à conserver une longueur d'avance sur leurs concurrents.

A écouter :

Dimanche économie par Marc Lebeaupin
Le blues des chantiers de l'Atlantique (21/12/2003).



Article publié le 20/12/2003