Santé
Légionellose : déjà 6 morts dans le nord de la France
Devant la persistance de l’épidémie de légionellose dans le nord de la France, le gouvernement a décidé d’envoyer sur place une équipe d’experts dont la mission est d’essayer d’identifier la ou les sources à partir desquelles la bactérie s’est propagée. Le bilan est déjà lourd : en un mois, cinquante-trois personnes ont été contaminées et six sont décédées.
Dans le périmètre touché par l’épidémie de légionellose, qui se situe dans la région de Lens (près d'Harnes et Henin-Beaumont), le nouvel an n’a pas été placé sous le signe de la fête. Depuis le début de l’épidémie de légionellose, le 28 novembre, les habitants sont inquiets. Le nombre de personnes contaminées ne cesse d’augmenter –trois nouveaux cas ont encore été recensés le 31 décembre- et l’origine de l’épidémie n’est toujours pas identifiée avec certitude. L’annonce de l’envoi de nouveaux experts nationaux pour aider à traquer la bactérie n’a pas vraiment permis de rassurer pour le moment. Le maire de Lens, Guy Delcourt, a même fait part de son scepticisme sur la capacité du gouvernement à prendre en compte une situation sanitaire particulièrement préoccupante : «Faire venir des experts nationaux, pourquoi pas, mais le travail a été bien fait jusqu’à maintenant par les services de l’Etat. Ce qui manque, ce sont les moyens humains et financiers».
Près de sept cents sites, entreprises, usines, établissements publics, susceptibles d’être à l’origine de la propagation de la légionellose ont déjà été visités par les agents de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) et la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) du Pas-de-Calais, dans une zone élargie à 22 communes des alentours de Lens. Mais pour le moment, des traces d’une bactérie de la même souche que celle qui a infecté deux patients décédés, n’ont été retrouvées que dans l’un d’entre eux : l’usine pétrochimique Noroxo d'Harnes qui possède une tour réfrigérante par laquelle la bactérie a vraisemblablement été diffusée.
La légionellose, qui se caractérise par des toux, des expectorations qui peuvent contenir du sang et de la fièvre, est une maladie provoquée par l’inhalation de gouttelettes d’eau contaminées par une bactérie, la «légionella». Celle-ci se développe dans l’eau douce et prolifère surtout lorsque sa température se situe entre 35 et 40 degrés. On peut la retrouver notamment dans les circuits urbains de distribution d’eau chaude et les systèmes de climatisation mais aussi les systèmes de refroidissement, les centres de cures thermales, les équipements médicaux producteurs d’aérosols. On l’a baptisée «maladie du légionnaire» car elle a été observée pour la première fois en 1976, à l’occasion d’un congrès d’anciens combattants de l’American Legion, organisé dans un hôtel de Philadelphie, durant lequel elle a été particulièrement meurtrière. Une trentaine de personnes ont succombé.
Mortelle dans 15 % des cas
Il s’agit, en effet, d’une maladie qui peut, dans les cas graves, entraîner une infection pulmonaire et provoquer la mort. On estime que l’issue peut être fatale pour environ 15 % des malades. Les personnes âgées ou aux défenses immunitaires affaiblies par une autre maladie (cancer, sida) sont celles qui courent le plus de risques. Malgré tout, la légionellose est dans la plupart des cas bénigne, se soigne avec des antibiotiques, et peut même disparaître sans traitement. Cela rend d’ailleurs parfois difficile l’identification de la présence de la bactérie. Sur les 53 personnes qui ont été contaminées dans le nord de la France durant le mois écoulé, six sont mortes, 21 sont toujours à l’hôpital dont 5 en réanimation, et 26 sont rentrées chez elles.
Dans ce contexte, deux facteurs rendent l’épidémie qui sévit actuellement en France particulièrement préoccupante : la persistance de l’apparition de nouveaux cas et l’étendue de la zone géographique concernée, qui font penser que l’usine repérée à Harnes n’est peut-être pas la seule source à l’origine de la contamination. La durée d’incubation habituelle de la bactérie est d’une douzaine de jours, même si elle va parfois jusqu’à vingt jours. L’apparition de nouveaux cas mercredi, à Henin-Beaumont, incite donc les spécialistes à penser qu’il y a un deuxième foyer à partir duquel la légionellose se propage dans la région. Même si une telle situation est exceptionnelle, comme l’a expliqué le préfet du Pas-de-Calais, Cyril Schoot : «Soit toutes les contaminations sont expliquées par l’usine Noroxo d’Harnes et c’est très peu probable aujourd’hui. Soit il existe une autre source. Ce serait là aussi exceptionnel. Nous voilà devant deux hypothèses, toutes deux difficiles à retenir».
Les recherches pour déterminer à partir de quels sites la bactérie se propage sont particulièrement difficiles car des incertitudes demeurent sur sa capacité à rester en suspension dans l’air et la distance qu’elle peut ainsi parcourir avant d’infecter un organisme. Du coup, les habitants de la région ne savent toujours pas à quoi s’en tenir, ce qui accentue leurs craintes. Une fleuriste d’Hénin-Beaumont estime ainsi : «On a peur car on connaît des gens fragiles. Et puis on est mal informé». Tout le monde veut savoir, et vite, pourquoi on en est arrivé là. Surtout les familles des victimes fauchées par la bactérie. Martine Delaby, dont le mari âgé de 53 ans est mort, a d’ailleurs décidé de porter plainte contre X pour «que l’on trouve les responsables de cette épidémie, les responsables de la mort de ces innocents». Les maires de quatre communes concernées, Hénin-Beaumont, Rouvroy, Noyelles-Godeault, Drocourt, envisagent de faire de même et de se constituer partie civile.
Près de sept cents sites, entreprises, usines, établissements publics, susceptibles d’être à l’origine de la propagation de la légionellose ont déjà été visités par les agents de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) et la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) du Pas-de-Calais, dans une zone élargie à 22 communes des alentours de Lens. Mais pour le moment, des traces d’une bactérie de la même souche que celle qui a infecté deux patients décédés, n’ont été retrouvées que dans l’un d’entre eux : l’usine pétrochimique Noroxo d'Harnes qui possède une tour réfrigérante par laquelle la bactérie a vraisemblablement été diffusée.
La légionellose, qui se caractérise par des toux, des expectorations qui peuvent contenir du sang et de la fièvre, est une maladie provoquée par l’inhalation de gouttelettes d’eau contaminées par une bactérie, la «légionella». Celle-ci se développe dans l’eau douce et prolifère surtout lorsque sa température se situe entre 35 et 40 degrés. On peut la retrouver notamment dans les circuits urbains de distribution d’eau chaude et les systèmes de climatisation mais aussi les systèmes de refroidissement, les centres de cures thermales, les équipements médicaux producteurs d’aérosols. On l’a baptisée «maladie du légionnaire» car elle a été observée pour la première fois en 1976, à l’occasion d’un congrès d’anciens combattants de l’American Legion, organisé dans un hôtel de Philadelphie, durant lequel elle a été particulièrement meurtrière. Une trentaine de personnes ont succombé.
Mortelle dans 15 % des cas
Il s’agit, en effet, d’une maladie qui peut, dans les cas graves, entraîner une infection pulmonaire et provoquer la mort. On estime que l’issue peut être fatale pour environ 15 % des malades. Les personnes âgées ou aux défenses immunitaires affaiblies par une autre maladie (cancer, sida) sont celles qui courent le plus de risques. Malgré tout, la légionellose est dans la plupart des cas bénigne, se soigne avec des antibiotiques, et peut même disparaître sans traitement. Cela rend d’ailleurs parfois difficile l’identification de la présence de la bactérie. Sur les 53 personnes qui ont été contaminées dans le nord de la France durant le mois écoulé, six sont mortes, 21 sont toujours à l’hôpital dont 5 en réanimation, et 26 sont rentrées chez elles.
Dans ce contexte, deux facteurs rendent l’épidémie qui sévit actuellement en France particulièrement préoccupante : la persistance de l’apparition de nouveaux cas et l’étendue de la zone géographique concernée, qui font penser que l’usine repérée à Harnes n’est peut-être pas la seule source à l’origine de la contamination. La durée d’incubation habituelle de la bactérie est d’une douzaine de jours, même si elle va parfois jusqu’à vingt jours. L’apparition de nouveaux cas mercredi, à Henin-Beaumont, incite donc les spécialistes à penser qu’il y a un deuxième foyer à partir duquel la légionellose se propage dans la région. Même si une telle situation est exceptionnelle, comme l’a expliqué le préfet du Pas-de-Calais, Cyril Schoot : «Soit toutes les contaminations sont expliquées par l’usine Noroxo d’Harnes et c’est très peu probable aujourd’hui. Soit il existe une autre source. Ce serait là aussi exceptionnel. Nous voilà devant deux hypothèses, toutes deux difficiles à retenir».
Les recherches pour déterminer à partir de quels sites la bactérie se propage sont particulièrement difficiles car des incertitudes demeurent sur sa capacité à rester en suspension dans l’air et la distance qu’elle peut ainsi parcourir avant d’infecter un organisme. Du coup, les habitants de la région ne savent toujours pas à quoi s’en tenir, ce qui accentue leurs craintes. Une fleuriste d’Hénin-Beaumont estime ainsi : «On a peur car on connaît des gens fragiles. Et puis on est mal informé». Tout le monde veut savoir, et vite, pourquoi on en est arrivé là. Surtout les familles des victimes fauchées par la bactérie. Martine Delaby, dont le mari âgé de 53 ans est mort, a d’ailleurs décidé de porter plainte contre X pour «que l’on trouve les responsables de cette épidémie, les responsables de la mort de ces innocents». Les maires de quatre communes concernées, Hénin-Beaumont, Rouvroy, Noyelles-Godeault, Drocourt, envisagent de faire de même et de se constituer partie civile.
par Valérie Gas
Article publié le 01/01/2004