Economie africaine
Dévaluation du CFA, dix ans après
Il y a dix ans le franc CFA subissait une dévaluation historique de 50%. Cette mesure drastique relançait la compétitivité des 15 pays concernés mais sabrait, dans le même temps, le pouvoir d’achat des populations. Aujourd’hui, une large part des bienfaits de cette dévaluation compétitive persiste, mais un autre danger apparaît : le faible taux de change du dollar par apport à l’euro auquel le CFA est désormais rattaché.
Le 11 janvier 1994 à Dakar, sous la pression du Fonds monétaire international, la résignation de la France et la difficulté à s’y opposer des chefs d’Etats africains, les 14 pays de la zone franc dévaluaient le CFA de 50% et les Comores du tiers. Cette intervention historique, depuis la création de la zone franc en 1948, avait pour objectif le rétablissement de la compétitivité internationale des exportations africaines, entravées par le cours trop élevé du franc français auquel il était rattaché. Mécaniquement, en renchérissant aussi les importations, la dévaluation devait redresser des balances commerciales dégradées. Les pays de la zone avaient pris l’habitude de vivre «au-dessus de leurs moyens», par rapport à leurs voisins, profitant d’un taux de change favorable pour recourir largement aux importations. En conséquence, on attendait une relance de la production intérieure et donc de la croissance.
En revanche, la dévaluation s’est immédiatement traduite par une diminution d’environ 40% du pouvoir d’achat de la population, coup dur pour les plus pauvres qui ne bénéficiaient pas directement des effets du dopage des exportations.
Par chance, la modification de la parité du CFA est intervenue dans des circonstances internationales favorables, telles que la reprise dans les pays industrialisés et la hausse des cours des produits de base, café, cacao, coton.
Dix ans après que reste-t-il des effets de la dévaluation et quelles sont les perspectives économiques de la zone ? Après les gains de compétitivité liés à la dévaluation en janvier 1994 les pays de la zone franc répartis en Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina, Côté d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo) ou Uemoa, et en Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée-équatoriale, Tchad) ont connu des destins un peu différents.
L’inconnue du taux de change euro/dollar
On peut repérer deux périodes dans l’évolution économique et financière de ces pays, liées davantage à la conjoncture monétaire extérieure à la zone franc qu’aux politiques économiques et financières des Etats.
De 1994 à 2001 la zone Uemoa a reperdu une part de la compétitivité mais à l’Agence française de développement (AFD) on considère que la moitié de l’amélioration a été préservée. La zone Cemac a un peu moins bien résisté. Notamment une embellie s’est produite en 1999-2000, imputable à l’affaiblissement de l’euro et donc du FCFA par rapport au dollar. Rappelons en effet que le 1er janvier 1999 le CFA, jusque là lié par une parité fixe au franc français, a été automatiquement rattaché à la monnaie unique européenne en raison de la disparition du franc.
En Afrique de l’Ouest, la compétitivité des pays sahéliens est restée meilleure que celle des pays côtiers à cause, souvent, d’une plus forte inflation dans ces derniers. Dans la zone Cemac le Congo, ravagé par une guerre civile en 1997-98, a perdu les gains tirés de la dévaluation. Toutefois il est à noter que l’amélioration relative de la situation en zone franc provient beaucoup, durant cette période, des bonnes conditions climatiques et du cours élevé des matières premières et de l’effet mécanique de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar que de l’impact de politiques économiques que l’on souhaiterait dynamiques et favorables à la croissance et à l’emploi. Or, le niveau d’investissement dans ces pays reste notoirement insuffisant, notamment dans le secteur productif. En revanche, la prise de conscience de la nécessité de renforcer l’intégration régionale a fait de grands progrès.
Depuis 2001, et surtout depuis quelques mois, le fléchissement du dollar par rapport à l’euro pèse sur la compétitivité des exportations. En zone franc comme en Europe la croissance est en danger si le billet vert poursuit sa chute et y reste durablement. Mais aussi, depuis 2002, la crise en Côte d’ivoire domine le climat économique de la région et nuit à la croissance. L’année 2004 s’ouvre donc sur ces deux inconnues : le comportement du dollar et l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire.
En revanche, la dévaluation s’est immédiatement traduite par une diminution d’environ 40% du pouvoir d’achat de la population, coup dur pour les plus pauvres qui ne bénéficiaient pas directement des effets du dopage des exportations.
Par chance, la modification de la parité du CFA est intervenue dans des circonstances internationales favorables, telles que la reprise dans les pays industrialisés et la hausse des cours des produits de base, café, cacao, coton.
Dix ans après que reste-t-il des effets de la dévaluation et quelles sont les perspectives économiques de la zone ? Après les gains de compétitivité liés à la dévaluation en janvier 1994 les pays de la zone franc répartis en Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina, Côté d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo) ou Uemoa, et en Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée-équatoriale, Tchad) ont connu des destins un peu différents.
L’inconnue du taux de change euro/dollar
On peut repérer deux périodes dans l’évolution économique et financière de ces pays, liées davantage à la conjoncture monétaire extérieure à la zone franc qu’aux politiques économiques et financières des Etats.
De 1994 à 2001 la zone Uemoa a reperdu une part de la compétitivité mais à l’Agence française de développement (AFD) on considère que la moitié de l’amélioration a été préservée. La zone Cemac a un peu moins bien résisté. Notamment une embellie s’est produite en 1999-2000, imputable à l’affaiblissement de l’euro et donc du FCFA par rapport au dollar. Rappelons en effet que le 1er janvier 1999 le CFA, jusque là lié par une parité fixe au franc français, a été automatiquement rattaché à la monnaie unique européenne en raison de la disparition du franc.
En Afrique de l’Ouest, la compétitivité des pays sahéliens est restée meilleure que celle des pays côtiers à cause, souvent, d’une plus forte inflation dans ces derniers. Dans la zone Cemac le Congo, ravagé par une guerre civile en 1997-98, a perdu les gains tirés de la dévaluation. Toutefois il est à noter que l’amélioration relative de la situation en zone franc provient beaucoup, durant cette période, des bonnes conditions climatiques et du cours élevé des matières premières et de l’effet mécanique de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar que de l’impact de politiques économiques que l’on souhaiterait dynamiques et favorables à la croissance et à l’emploi. Or, le niveau d’investissement dans ces pays reste notoirement insuffisant, notamment dans le secteur productif. En revanche, la prise de conscience de la nécessité de renforcer l’intégration régionale a fait de grands progrès.
Depuis 2001, et surtout depuis quelques mois, le fléchissement du dollar par rapport à l’euro pèse sur la compétitivité des exportations. En zone franc comme en Europe la croissance est en danger si le billet vert poursuit sa chute et y reste durablement. Mais aussi, depuis 2002, la crise en Côte d’ivoire domine le climat économique de la région et nuit à la croissance. L’année 2004 s’ouvre donc sur ces deux inconnues : le comportement du dollar et l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire.
par Francine Quentin
Article publié le 10/01/2004