Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Haïti

Aristide promet des élections

Au sommet des Amériques à Monterrey au Mexique, le président Jean-Bertrand Aristide, défend le bilan à mi-parcours de son mandat. Il promet d’organiser dans les six mois qui viennent de nouvelles élections législatives pour renouveler l’Assemblée nationale dont le mandat est arrivé à terme le 13 janvier.
Haïti n’a plus de députés depuis le 13 janvier. Les 83 députés de l’Assemblée nationale sont arrivés au terme de leur mandat, ainsi que 15 sénateurs sur les 27 que compte le Sénat. Le parlement d’Haïti fonctionnera avec un tiers des sénateurs, mais aucune loi ne pourra être votée. La maigre satisfaction que les politiciens haïtiens retiennent de cette situation est que la présence de ces sénateurs, restés en fonctions, empêche l’exécutif de gouverner par décret. Les quinze sénateurs ont atteint le quorum 14 membres, qui leur permet de siéger. Le parti Lavalas, au pouvoir était largement majoritaire dans les deux chambres du parlement.

L’opposition politique avait critiqué les conditions d’organisation du scrutin législatif de mai 2000. Mais elle n’a pu s’entendre pour la mise sur pied d’un Conseil électoral qui aurait dû avoir la charge d’organiser les nouveaux scrutins. Aujourd’hui la vacance du pouvoir parlementaire sert d’argument à l’opposition qui accuse Jean-Bertrand Aristide de tentations totalitaires, alors que le président reproche à ses détracteurs de participer à un vaste complot contre son régime. Pressé par les Etats-Unis et par la France d’apporter une réponse politique à la situation de crise que traverse son pays, le président haïtien a profité de la tribune de Monterrey pour qu’il est «très content d’organiser ces élections». «Je propose donc le prochain semestre pour le dialogue avec les milieux de l’opposition, de la société civile et des hommes d’affaires», a-t-il ajouté. Aucune date n’est fixée, mais dans l’entourage du président on affirme que les législatives ont lieu dans les six mois qui viennent.

L’opposition politique, la société civile et les intellectuels réunis au sein du groupe «184» n’accordent aucun crédit aux affirmations du pouvoir. Ils maintiennent leur pétition dans laquelle ils réclament «le départ immédiat» du président Jean-Bertrand Aristide. Le groupe des «184» qui s’est agrandi de 166 nouvelles participations d’associations et de groupes d’influence divers, a présenté une «alternative de transition» sur deux ans. Cette «alternative de transition» prévoit le remplacement du président Jean-Bertrand Aristide par un président de transition qui serait choisi parmi les juges de la Cour de cassation. La plate-forme proposée par l’opposition prévoit également la désignation d’un conseil de neuf sages désignés les partis politiques, la société civile et les églises. Ce Conseil des sages devra aussi veiller à l’installation d’un conseil électoral et la nomination d’un Premier ministre. La réorganisation des forces publiques, l’organisation de nouvelles élections, un plan d’urgence pur la relance économique seront les priorités du pouvoir cde transition.

L’opposition divisée

Mais cette «alternative de transition» n’emporte par les faveurs de la Conférence épiscopale d’Haïti. Elle a élaboré un texte qui prévoit des réformes institutionnelles. La formation d’un Conseil de neuf sages était une idée de la Conférence épiscopale qui lui accordait plutôt une mission d’encadrement du chef de l’Etat «pour combler le vide provoqué par l’absence de parlement» et relancer le processus électoral. La Conférence épiscopale d’Haïti ne souhaite pas le renvoi du président Jean-Bertrand Aristide et préfère qu’il aille au terme de son mandant en février 2006. Ce compromis est accepté par le président et la liste des personnalités désignées pour le Conseil des sages est aussi prête. Mais pour des raisons de sécurité, l’entrée en fonctions de ces personnalités est retardée.

L’opposition au pouvoir Lavalas (Parti au pouvoir) ne s’entend donc pas sur la marche à suivre pour le règlement de la crise en Haïti. Le groupe des «184» continue de réclamer une démission immédiate du président, après avoir noté la répression violente des manifestations du 7 janvier qui a fait deux morts et une trentaine de blessés. Un mot d’ordre de grève de 48 heures est diversement suivi dans les grandes villes de l’île. Le petit commerce et les activités dites du secteur informel ont normalement fonctionné, mais selon les observateurs cette grève moyennement suivie ne peut être interprétée comme une victoire du gouvernement. Cette situation serait tout simplement due à la grande précarité dans laquelle vivent la plupart des Haïtiens.



par Didier  Samson

Article publié le 14/01/2004