Irak
Prudente, l’ONU pourrait envoyer une mission
Après avoir tout fait pour écarter les Nations unies de la gestion de l’Irak de l’après-Saddam, l’administration américaine, engagée depuis quelques semaines dans un bras de fer avec la communauté chiite, s’est résignée à venir demander l’aide de l’organisation internationale. Le chef de l’Autorité de la coalition, Paul Bremer, ne sait en effet pas comment gérer l’hostilité croissante des chiites à l’égard des modalités de transfert de souveraineté aux Irakiens fixé au 30 mai prochain et compte dans ce contexte sur l’aide de Kofi Annan pour désamorcer la crise. Mais si le retour du dossier irakien dans le giron des Nations unies n’est pas pour déplaire à son secrétaire général, ce dernier ne tient toutefois pas à impliquer l’organisation dans un processus dans lequel elle n’a rien décidé. Il s’est donc contenté d’affirmer qu’il avait besoin d’«éléments techniques supplémentaires» avant d’envoyer une équipe sur le terrain.
L’administration Bush «à la recherche d’une bouée de sauvetage», estime le très sérieux Washington Post. Comment en effet interpréter autrement le retour des Etats-Unis à l’ONU ? Certes l’initiative des rencontres qui ont réuni à New York le secrétaire général des Nations unies, l’administrateur américain Paul Bremer et une délégation du Conseil de gouvernement transitoire irakien revient à Kofi Annan lui-même. Le responsable onusien souhaitait lors de ces réunions clarifier le rôle de l’organisation dans la perspective de la phase qui doit suivre le transfert de souveraineté aux Irakiens. Il ne s’attendait sans doute pas à voir le chef de l’Autorité provisoire de la coalition réclamer son aide pour organiser le départ dans les six prochains mois de son équipe et encore moins le retour rapide des Nations unies en Irak. «Nous espérons que l’ONU reviendra jouer un rôle en Irak et nous souhaitons que cela sera très prochainement», a notamment insisté Paul Bremer.
Neuf mois après la chute du régime de Saddam Hussein, l’administrateur américain se trouve en effet confronté à une série de problèmes tous aussi difficiles à résoudre les uns que les autres. En plus de l’extrême précarité de la situation sécuritaire à laquelle les forces de la coalition ont déjà payé un lourd tribut, il doit organiser dans les cinq mois le transfert de leur souveraineté aux Irakiens. Mais à qui doit-il rendre le pouvoir et comment ? Peut-il continuer à ignorer les revendications de la majorité chiite au risque de la voir se radicaliser ? Peut-il y accéder sans déclencher les hostilités du côté des minorités kurde et sunnite ? Autant de questions en suspens auxquelles Paul Bremer doit apporter des réponses rapides pour éviter que le dossier irakien ne s’invite dans la campagne électorale américaine et ne vienne compromettre les chances du président Bush d’être réélues.
Les réticences de Kofi Annan
Les Nations unies ont certes souligné leur «satisfaction» quant au dialogue enfin renoué sur la question irakienne. «C’est le début de ce que nous espérons voir devenir un dialogue fructueux sur l’objectif que nous partageons tous», à savoir le transfert de la souveraineté aux Irakiens, avait déclaré le porte-parole du secrétaire général, Fred Eckhard à la veille de la rencontre tripartite. Mais à l’issue de ses entretiens, Kofi Annan s’est montré des plus prudents. Il s’est en effet contenté de déclaré «avoir besoin d’informations techniques supplémentaires» avant de décider s’il allait ou non envoyer une mission en Irak. «Le Conseil intérimaire de gouvernement et l’Autorité provisoire de la coalition ont exprimé clairement le souhait que les Nations unies envoient une mission pour émettre un avis sur la faisabilité des élections et, dans le cas contraire, sur de possibles solutions alternatives», a expliqué le secrétaire général, précisant qu’il avait été convenu que «de nouvelles discussions devaient avoir lieu au niveau technique». Certains diplomates estiment toutefois s’attendre à une réponse positive qui pourrait intervenir dès la semaine prochaine.
Kofi Annan a par ailleurs réaffirmé qu’aucune date n’avait pour le moment été fixée pour le retour de l’ONU en Irak. L’organisation avait évacué son personnel en octobre dernier après plusieurs attentats sanglants qui avaient directement visé ses bureaux. Son représentant spécial, Sergio Vieira de Mello, avait notamment été tué en août dernier dans une attaque suicide particulièrement meurtrière. Dans ce contexte, on comprend mieux la réticence du secrétaire général quant à la perspective d’un retour des Nations unies en Irak même si, sur ce point précis, Paul Bremer s’est engagé à fournir «une sécurité totale» au personnel expatrié de l’organisation.
Mais les réticences de Kofi Annan ne sont pas uniquement d’ordre sécuritaire. Le secrétaire général, qui jusqu’à présent a réussi à éviter de se laisser entraîner à arbitrer les conflits internes qui secouent la classe politique irakienne, ne souhaite en effet pas offrir un blanc-seing à un accord de transfert du pouvoir pour lequel son organisation n’a été ni associée, ni même consultée. Mais la franche opposition des chiites à cet accord et l’engagement de leur dignitaire religieux, l’ayatollah Ali Sistani, à s’en remettre à la décision des Nations unies sur la faisabilité ou non d’élections générales dans les mois à venir ont placé Kofi Annan dans une position délicate. Dans ce contexte, l’envoi sur place d’une mission paraît désormais inéluctable. Ses conclusions ne sont pas pour autant assurées d’avoir le soutien de la communauté chiite.
Neuf mois après la chute du régime de Saddam Hussein, l’administrateur américain se trouve en effet confronté à une série de problèmes tous aussi difficiles à résoudre les uns que les autres. En plus de l’extrême précarité de la situation sécuritaire à laquelle les forces de la coalition ont déjà payé un lourd tribut, il doit organiser dans les cinq mois le transfert de leur souveraineté aux Irakiens. Mais à qui doit-il rendre le pouvoir et comment ? Peut-il continuer à ignorer les revendications de la majorité chiite au risque de la voir se radicaliser ? Peut-il y accéder sans déclencher les hostilités du côté des minorités kurde et sunnite ? Autant de questions en suspens auxquelles Paul Bremer doit apporter des réponses rapides pour éviter que le dossier irakien ne s’invite dans la campagne électorale américaine et ne vienne compromettre les chances du président Bush d’être réélues.
Les réticences de Kofi Annan
Les Nations unies ont certes souligné leur «satisfaction» quant au dialogue enfin renoué sur la question irakienne. «C’est le début de ce que nous espérons voir devenir un dialogue fructueux sur l’objectif que nous partageons tous», à savoir le transfert de la souveraineté aux Irakiens, avait déclaré le porte-parole du secrétaire général, Fred Eckhard à la veille de la rencontre tripartite. Mais à l’issue de ses entretiens, Kofi Annan s’est montré des plus prudents. Il s’est en effet contenté de déclaré «avoir besoin d’informations techniques supplémentaires» avant de décider s’il allait ou non envoyer une mission en Irak. «Le Conseil intérimaire de gouvernement et l’Autorité provisoire de la coalition ont exprimé clairement le souhait que les Nations unies envoient une mission pour émettre un avis sur la faisabilité des élections et, dans le cas contraire, sur de possibles solutions alternatives», a expliqué le secrétaire général, précisant qu’il avait été convenu que «de nouvelles discussions devaient avoir lieu au niveau technique». Certains diplomates estiment toutefois s’attendre à une réponse positive qui pourrait intervenir dès la semaine prochaine.
Kofi Annan a par ailleurs réaffirmé qu’aucune date n’avait pour le moment été fixée pour le retour de l’ONU en Irak. L’organisation avait évacué son personnel en octobre dernier après plusieurs attentats sanglants qui avaient directement visé ses bureaux. Son représentant spécial, Sergio Vieira de Mello, avait notamment été tué en août dernier dans une attaque suicide particulièrement meurtrière. Dans ce contexte, on comprend mieux la réticence du secrétaire général quant à la perspective d’un retour des Nations unies en Irak même si, sur ce point précis, Paul Bremer s’est engagé à fournir «une sécurité totale» au personnel expatrié de l’organisation.
Mais les réticences de Kofi Annan ne sont pas uniquement d’ordre sécuritaire. Le secrétaire général, qui jusqu’à présent a réussi à éviter de se laisser entraîner à arbitrer les conflits internes qui secouent la classe politique irakienne, ne souhaite en effet pas offrir un blanc-seing à un accord de transfert du pouvoir pour lequel son organisation n’a été ni associée, ni même consultée. Mais la franche opposition des chiites à cet accord et l’engagement de leur dignitaire religieux, l’ayatollah Ali Sistani, à s’en remettre à la décision des Nations unies sur la faisabilité ou non d’élections générales dans les mois à venir ont placé Kofi Annan dans une position délicate. Dans ce contexte, l’envoi sur place d’une mission paraît désormais inéluctable. Ses conclusions ne sont pas pour autant assurées d’avoir le soutien de la communauté chiite.
par Mounia Daoudi
Article publié le 20/01/2004