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Politique française

Sarkozy veut «finir le travail» à l’Intérieur

Nicolas Sarkozy, «l’homme pressé» de 2003 semble, en 2004, vouloir passer encore la vitesse supérieure. Sous sa casquette de ministre de l’Intérieur il a présenté les progrès enregistrés en matière de sécurité et s’est fixé de nouveaux objectifs. Et, en même temps il a minimisé l’ampleur de son conflit larvé avec Jacques Chirac, le président de la République étant manifestement agacé par les ambitions présidentielles à peine voilées de son ministre pour 2007.
Nicolas Sarkozy ne se reconnaît pas, dit-il, dans les portraits qui sont faits de lui par la presse. En effet, l’omniprésent ministre de l’Intérieur, débordant d’activité sur tous les fronts de la sécurité, de la lutte contre l’immigration clandestine, de la Corse, de la laïcité, ne passe pas un jour sans apparaître dans les journaux et à la télévision. A tel point qu’un député préconisait dans les couloirs de l’Assemblée nationale une «journée sans Sarkozy», comme il y a, chaque année, une journée sans voiture.

Cela a pris un tour encore plus politique quand celui que les journalistes avaient pris coutume d’appeler «l’homme pressé» a révélé, fin novembre, qu’il pensait à la présidentielle, et pas seulement en se rasant le matin. A l’Elysée il semble que les sorties répétées du ministre de l’Intérieur aient fini par exaspérer. Quelques jours après sa première manifestation «d’intention» quant à l’avenir, Nicolas Sarkozy se prononçait pour une limitation à deux quinquennats du mandat présidentiel. Voilà qui marquerait la fin de la carrière de Jacques Chirac, élu en 1995 et réélu en 2002. De même si Alain Juppé se retirait de la vie politique en cas de condamnation, le 30 janvier, dans le procès sur les emplois fictifs du RPR, comme il l’a annoncé, la route se dégagerait encore plus devant les pas de Nicolas Sarkozy.

Mais le ministre de l’Intérieur plantait la cerise sur le gâteau lors d’un voyage en Chine, début janvier, rapportant complaisamment aux journalistes présents qu’il avait demandé au président Hu Jintao de ce qu’il avait ressenti en devenant numéro un dans son pays après avoir été numéro 2. Cette fois il s’attirait la réplique cinglante du président Chirac : «Moi aussi quand je n’étais rien j’étais reçu par le président chinois !». Et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de rappeler que c’est lui qui est, de par les institutions, numéro 2 de l’exécutif et numéro 1 du gouvernement.

Double sens

Même les décisions les plus ordinaires de Nicolas Sarkozy prennent, dans ce contexte, un double sens. Le dîner offert à une centaine de parlementaires UMP à la veille de la présentation des résultats de son ministère a été interprété comme un signe de mobilisation de ses «amis» en sa faveur, et un embryon de comité de soutien pour quand le moment sera venu. La conférence de presse à grand spectacle, devant 250 journalistes, qu’il a tenue Place Beauvau avait été qualifiée par avance de «gaullienne», en référence aux événements que constituaient les prestations devant la presse du général de Gaulle, à son époque.

Pourtant, cette fois, Nicolas Sarkozy a choisi de ne pas jeter davantage d’huile sur le feu. «Personne ne sait qui sera candidat, et moi le premier» a-t-il affirmé. Il a démenti un malaise quelconque avec l’Elysée à propos d’une conférence de presse ramenée au rang d’exercice normal en démocratie.

Et, surtout, il a estimé ne pas encore avoir terminé le travail qui lui a été fixé, à la place où il est actuellement. «Je n’ai pas obtenu, dans la durée les résultats qu’on m’a demandés», a-t-il plaidé. Les Français semblent lui donner raison en se prononçant, dans un sondage BVA, pour son maintien au gouvernement en cas de remaniement ministériel. Ainsi le ministre de l’Intérieur a fait état d’une diminution de 3,3% de la délinquance en 2003 et s’est fixé un objectif de réduction de 3% à 4% en 2004.



par Francine  Quentin

Article publié le 14/01/2004