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Mondialisation

De Bombay à Davos : paix et sécurité

Des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Bombay pour clore dans la liesse le 4ème Forum social mondial. A l’autre bout du monde, en Suisse, s’ouvre le Forum économique mondial, 32ème du genre. En Inde, les altermondialistes ont réclamé la paix tandis qu’à Davos les acteurs économiques et politiques ont placé leur rencontre sous le signe de la sécurité.
Les 100 000 participants au Forum social mondial de Bombay ont réussi le pari des organisateurs : s’ouvrir aux problèmes économiques et sociaux du continent asiatique et, de ce fait, ajouter encore à la diversité des situations crées par la mondialisation sur l’ensemble de la planète. Cette démarche ne va pas sans difficultés car sous le slogan «un autre monde est possible» les revendications les plus divergentes peuvent se cacher. Ainsi, on a pris conscience avec un certain étonnement qu’en Inde les intouchables (dalits) voient dans la mondialisation un moyen de fissurer le système des castes qui les opprime. A la traditionnelle lutte des classes de l’Occident se juxtapose dans cette région du monde la lutte des castes.

En Europe et sur le continent américain on considère assez généralement que les délocalisations sont cause de chômage au nord et d’exploitation au sud. Là encore les syndicalistes asiatiques et plus particulièrement les Indiens ont donné, à Bombay, un autre son de cloche. Un représentant de l’Union des syndicats indiens observait que pour eux cette question est de peu d’importance «car les délocalisations affectent une couche infime de la population qui se sent privilégiée et ne veut pas se syndiquer». Les débats du 4ème forum social mondial ont donc permis d’aborder des problèmes généraux sous un angle inédit. Mais la contrepartie à cet enrichissement de la réflexion est l’absence de plus en plus évidente de débouchés concrets aux revendications qui s’expriment.

Le Forum social mondial 2005 retournera à Porto Alegre au Brésil, son lieu d’origine, et ne pourra cette fois évincer la question. D’autant que le choix de l’Afrique en 2006 devrait donner lieu à la prise en compte de nouveaux problèmes, spécifiques au continent. Dès à présent les organisateurs du Forum social régional de Bamako en 2002 entendent placer ce Forum social mondial africain sous le signe de la dette, de la lute contre le sida et le paludisme.

Irak et billet vert

Le Forum économique mondial de Davos attend jusqu'au 25 janvier près de 2 300 participants originaires de 94 pays dont plus de la moitié sont des décideurs économiques et financiers. Dans une conjoncture économique mondiale incertaine les débats sont placés sous le signe de la sécurité et de la prospérité. Mais comme il arrive souvent dans ce genre de réunions les thèmes d’actualité se sont invités à la rencontre. La reconstruction en Irak et les fluctuations du dollar feront l’objet de discussions, parmi les nombreux débats prévus.

Les Européens participant au Forum économique mondial dont le président de la Banque centrale européenne Jean-Paul Trichet, attendent avec intérêt ce que dira le vice-président américain Dick Cheney sur la politique monétaire des Etats-Unis. La chute du dollar inquiète les pays dont la relance est entravée par le cours trop élevé du billet vert. Début février une rencontre des ministres des Finances du G7 doit se tenir et les Européens espèrent un geste des Américains à cette occasion.

La politique américaine contre le terrorisme et les «Etats voyous» sera également au centre des débats en présence pour la première fois depuis plus de 20 ans d’un représentant de la Libye, qui longtemps mise au ban de la communauté internationale effectue un retour remarqué en la personne de son Premier ministre Choukri Ghanem.



par Francine  Quentin

Article publié le 21/01/2004