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Epidémie

L’Asie craint une flambée de grippe aviaire

Après le Vietnam où la grippe aviaire a déjà fait cinq morts, c’est au tour de la Thaïlande d’annoncer qu’elle procède à des examens sur un enfant de sept ans soupçonné d’être contaminé par cette maladie, transmise jusqu’à présent par les volailles porteuses du virus. En Corée du Sud, à Taiwan et au Japon, des foyers ont aussi été détectés. Malgré l’abattage massif des poulets soupçonnés d’être vecteurs de la maladie, l’Organisation mondiale de la Santé met en garde contre le risque d’extension de l’épidémie.
Pour la Thaïlande, la découverte d’un cas de grippe aviaire sur son territoire risque de représenter une véritable catastrophe économique. Car elle signifie vraisemblablement un arrêt, au moins momentané, de ses exportations de poulets. La Thaïlande vend chaque année à l’étranger 540 000 tonnes de poulets qui lui rapportent environ un milliard d’euros. Ses deux principaux clients sont le Japon et l’Union européenne. Le premier a d’ores et déjà déclaré qu’en vertu du principe de précaution, il suspendait ses importations. Et la deuxième a fait savoir que si la confirmation des soupçons qui portent sur un enfant et deux adultes tombait, elle prendrait la même décision pour éviter que le virus n’atteigne l’Europe.

Après le Vietnam où cinq personnes sont mortes, la Thaïlande pourrait donc être le deuxième pays asiatique à déplorer des contaminations humaines par le virus de la grippe aviaire. Mais d’autres Etats de la région craignent aussi de voir l’épidémie se développer à l’intérieur de leurs frontières. En Corée du Sud, au Japon, à Taiwan, des foyers de volatiles malades ont été décelés mais aucune contamination humaine n’a été rapportée. La plus grande interrogation porte sur la situation en Chine. Les autorités affirment que, pour le moment, le pays est épargné. Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait part de ses doutes à ce propos et a demandé à Pékin un supplément d’information. Après les difficultés rencontrées en 2003 lors de l’épidémie de SRAS pour obtenir des renseignements fiables de la part de la Chine, l’OMS reste vigilante car dans ce pays les élevages de volailles sont particulièrement nombreux et situés près des zones d’habitation. Dans la seule province de Guangdong, d’où le SRAS est parti en novembre 2002, on estime qu’il y a plus d’un milliard de poulets. Dans ce contexte, la découverte d’un faucon contaminé par le virus de la grippe aviaire dans les Nouveaux territoires au nord de Hong Kong près de la frontière avec la Chine, a ravivé les doutes.

Un vaccin en préparation

Le premier cas d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire, qui affecte généralement les oiseaux, a été identifié à Hong Kong en 1997. Depuis cette date, plusieurs épidémies ont donné lieu à d’autres contaminations chez l’homme. En février 2003, par exemple, deux cas ont été répertoriés à Hong Kong dont un mortel. En avril de la même année, un vétérinaire est décédé aux Pays-Bas. Cette maladie est transmise par contact avec des volatiles (poulets ou canards) porteurs d’un virus nommé H5N1. L’Organisation mondiale de la Santé vient même d’annoncer que c’est vraisemblablement l’inhalation de résidus de fiente de poulet qui circulent dans l’air qui provoque la contamination humaine et non la consommation de viande cuite. Par contre, jusqu’à présent, le virus ne s’est pas propagé directement entre humains.

Mais l’OMS a fait part récemment de ses craintes à ce niveau. «Bien que nous n’ayons pas de preuve de transmission de l’homme à l’homme, cela risque d’être la prochaine étape. Il est impossible de prédire une date, mais les occasions d’une évolution du virus et de sa propagation aux populations humaines augmentent», a déclaré le porte-parole de l’Organisation au Vietnam. Le risque est d’autant plus important que le virus de la grippe aviaire mute rapidement et qu’il est susceptible de se combiner avec le virus de la grippe traditionnelle qui peut contaminer des millions de personnes lors des grandes épidémies.

Pour le moment, la lutte contre la propagation de la maladie passe essentiellement par l’abattage massif des poulets soupçonnés d’être porteurs du virus. Au Vietnam, près de deux millions de volatiles ont été tués. En Thaïlande, près d’un million de poulets ont subi le même sort. Mais l’OMS a annoncé qu’un vaccin était en préparation pour protéger l’homme de la grippe aviaire. Un prototype viral, réalisé à partir d’échantillons prélevés sur deux malades au Vietnam qui ont permis d’isoler le virus, devrait être disponible d’ici quatre semaines. Il sera alors mis à la disposition des fabricants de vaccins. Ceux-ci pourront le comparer avec les candidats vaccins mis au point à partir des souches du virus décelé à Hong Kong en 2003, qui ont déjà subi des tests d’efficacité et d’innocuité. Ces avancées sont très intéressantes mais ne signifient pas, malgré tout, que le vaccin est pour demain. Sa réalisation pourrait encore prendre des mois, voire des années.

A écouter également :

Isabelle Nutalle, médecin à l'OMS au département des maladies transmissibles au micro de Caroline Paré (22/01/2004, 5'27")



par Valérie  Gas

Article publié le 22/01/2004 Dernière mise à jour le 21/01/2004 à 23:00 TU