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Irak

Kofi Annan annonce l’envoi d’une mission

En visite à Paris où il s’est notamment entretenu avec le président français Jacques Chirac de la situation en Irak, le secrétaire général des Nations unies a annoncé mardi l’envoi très prochainement d’une équipe d’experts sur place dont la mission sera d’étudier la faisabilité d’élections législatives avant la fin du mois de juin et dans la perspective du transfert du pouvoir aux Irakiens. Kofi Annan avait déjà dépêché en fin de semaine dernière deux fonctionnaires qui ont été chargés de discuter avec l’Autorité de la coalition, dirigée par l’Américain Paul Bremer, les arrangements techniques et sécuritaires pour permettre le bon déroulement de la mission onusienne.
Le secrétaire général des Nations unies s’était montré très réticent le 19 janvier dernier à l’issue de la série d’entretiens qu’il a eu avec l’administrateur américain Paul Bremer et une délégation de gouvernement transitoire irakien. A ses interlocuteurs qui réclamaient un retour rapide de l’organisation internationale, Kofi Annan, prudent, avait en effet rétorqué qu’il allait d’abord étudier la situation sécuritaire sur le terrain avant de décider ou non de l’envoi d’une mission en Irak. Aujourd’hui sa décision est prise. «Nous avons analysé la situation et étudié les documents pertinents. Je suis à présent parvenu à la conclusion que l’ONU peut jouer un rôle constructif en aidant à trouver une issue pour sortir de l’impasse actuelle», a-t-il déclaré à l’occasion de son séjour à Paris. L’Autorité provisoire de la coalition est engagée depuis plusieurs semaines dans un bras de fer avec la communauté chiite, dont le chef spirituel l’ayatollah Ali Sistani réclame des élections générales avant le transfert de souveraineté aux Irakiens. Le leader religieux avait toutefois fait savoir qu’il se rangerait à l’avis des Nations unies.

La mission onusienne pourrait arriver en Irak dès la semaine prochaine ou au plus tard celle d'après, une fois que les discussions en cours à Bagdad sur les conditions de sécurité auront abouti. Elle s’attellera , a précisé le secrétaire général, à «recueillir les vues de nombreux secteurs de la société irakienne dans la recherche de solutions de rechange qui pourraient être envisagées pour avancer vers le processus de formation d’un gouvernement provisoire». Kofi Annan avait, il y a quelques semaines, jugé difficile l’organisation d’élections générales avant l’été prochain. Si les experts qui seront dépêchés sur place parviennent à la même conclusion, les Nations unies devront alors trouver d’autres scénarios que celui proposé par l’Autorité provisoire de la coalition et qui prévoit la désignation d’une Assemblée transitoire qui aura ensuite en charge la désignation avant la fin du mois de juin d’un gouvernement transitoire à qui l’Autorité provisoire de la coalition doit transférer la souveraineté du pays.

Pas de casques bleus en Irak

«Je m’en tiens fermement à l’idée que la solution la plus viable pour aller de l’avant doit venir des Irakiens eux-mêmes», a ainsi insisté Kofi Annan lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français. Selon lui, «la réalisation d’un consensus entre tous les groupes irakiens intéressés fournirait la meilleure garantie pour un système de gouvernement transitoire qui serait légitime et crédible pour l’Irak». Jacques Chirac a pour sa part insisté sur le rôle que doivent avoir les Nations unies «dans le monde d’aujourd’hui et surtout dans celui de demain». Dans ce contexte, a-t-il affirmé, «la France appuie et soutien la dernière proposition du secrétaire général» sur l’envoi d’une mission en Irak.

Concernant la phase qui va suivre le transfert du pouvoir aux Irakiens, le secrétaire général de l'Onu a écarté tout déploiement de casques bleus en Irak. «Je ne crois pas que pour le moment, et même à l'avenir, la question des casques bleus soit posée», a-t-il expliqué. Il a en revanche évoqué la possible mise en place d’«une force multinationale autorisée par le Conseil de sécurité» et qui aurait pour mission d’«aider les Irakiens à stabiliser l'Irak».




par Mounia  Daoudi

Article publié le 27/01/2004