Liban
Echange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah
Les autorités israéliennes s’apprêtent à relâcher des centaines de prisonniers en échange d’un civil israélien enlevé au Liban en octobre 2000 et des dépouilles de trois soldats capturés par le Hezbollah chiite. Cet accord entre L’Etat hébreu et l’un de ses plus farouches ennemis a été conclu grâce à la médiation de l’Allemagne qui depuis trois ans sert d’intermédiaire entre les deux partis. Il a failli capoter en novembre dernier à cause de l’intransigeance de la milice chiite qui exigeait la libération du doyen des prisonniers libanais, détenu depuis 24 ans en Israël pour le meurtre d’un civil israélien, de sa fille et d’un policier. Si au Liban tout le monde se félicite de la conclusion de cet accord qualifié de «succès» par le Hezbollah, en Israël les avis sont beaucoup plus partagés. Un sondage révèle en effet que 44% des Israéliens sont opposés à cet échange tandis que 44% y sont plutôt favorables.
Quatre cent trente-six prisonniers arabes et les dépouilles de 59 Libanais d’un côté, un civil israélien et les corps de trois soldats israéliens de l’autre, l’accord conclu entre le Hezbollah et l’Etat hébreu paraît bien déséquilibré. Et pourtant le gouvernement israélien s’est félicité de l’échange. «Nous avons pris une décision juste et morale, conforme à nos valeurs, une décision difficile à prendre», a ainsi déclaré le Premier ministre Ariel Sharon. Le général de réserve Ilan Biran, chargé du dossier, est déjà en Allemagne pour régler les derniers détails techniques de l’opération. Des représentants de l’aumônerie militaire israélienne et des médecins légistes doivent le rejoindre dans les jours qui viennent. Ils seront chargés notamment de déterminer si les dépouilles qui leur seront remises en Allemagne appartiennent bien aux trois soldats capturés par le Hezbollah en octobre 2000.
La télévision publique israélienne a donné dimanche soir le détail des étapes prévues pour l’échange des prisonniers. L’Etat hébreu doit ainsi publier mardi la liste des détenus –400 Palestiniens, 23 Libanais, 5 Syriens, 3 Marocains, 3 Soudanais, un Libyen et un Allemand– appelés à être relâchés pour permettre d’éventuels recours contre leur libération devant la Cour suprême d’Israël. L’échange aura lieu jeudi avec dans un premier temps la restitution dans la matinée au poste frontière israélo-libanais de Rosh Hanikra des dépouilles de 59 Libanais. L’armée israélienne a d’ailleurs commencé lundi à déterrer les corps de ces combattants qu’elle doit remettre aux autorités libanaises par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. L’Etat hébreu doit ensuite procéder à la libération de 400 Palestiniens qui seront acheminés par autobus vers la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les autres prisonniers seront convoyés en Allemagne tandis qu’au même moment Elhanan Tanenbaum, le civil israélien, et les dépouilles des trois soldats de Tsahal quitteront Beyrouth pour la même destination.
La dernière phase de l’échange doit avoir lieu dans l’après-midi de jeudi sur une base militaire allemande de Frankfort. Des rabbins de l'aumônerie militaire assistés des médecins légistes identifieront alors les trois militaires dont les dépouilles doivent être accueillies dans la soirée à l'aéroport de Tel-Aviv lors d'une cérémonie en présence du Premier ministre Ariel Sharon et du ministre de la Défense Shaoul Mofaz. Elhanan Tanenbaum ne participera pas à cette cérémonie. Ce colonel de réserve, accusé d’être un espion par le Hezbollah –ce que dément Israël–, est en effet menacé de poursuites judiciaires pour des agissements qui ont conduit à son enlèvement.
Succès indéniable pour le Hezbollah
Cet accord, approuvé bon gré mal gré par la classe politique israélienne, divise en revanche l’opinion publique. Selon un sondage publié lundi par le quotidien Maariv, 44 % des personnes interrogées l’approuvent, 44% y sont hostiles, et 12% sans opinion. Tous les analystes s’accordent par ailleurs pour souligner que cet échange inégal va renforcer le prestige d’un mouvement extrémiste qui figure sur la liste des organisations terroristes internationales. Certains estiment en outre qu’il pourrait encourager les groupes radicaux palestiniens à enlever des civils ou des militaires israéliens dans l’espoir d’organiser des échanges en leur faveur.
Une chose est sûre, l’accord conclu constitue un succès indéniable pour le Hezbollah qui, en obtenant la libération de centaines de combattants arabes, s’est hissé au rang de négociateur régional avec l’Etat hébreu. Une situation dont a su profiter le président libanais Emile Lahoud pressé depuis plusieurs semaines par Washington de cesser son appui à la milice chiite. «L’aboutissement des négociations obtenu par l’intermédiaire d’un Etat ami est une reconnaissance par Israël de la légitimité de la résistance armée libanaise et prouve que le Hezbollah n’est pas une organisation terroriste», a-t-il affirmé dans un communiqué.
Le mouvement radical pro-iranien peut en outre s’enorgueillir d’avoir obtenu la libération de deux de ses cadres. Cheikh Mustapha Dirani et cheikh Abdelkarim Obeïd avaient été enlevés respectivement en 1989 et en 1994 par l’armée israélienne qui espérait s’en servir comme monnaie d’échange pour des informations sur le sort de Ron Arad, l’un de ses pilotes les plus prestigieux, dont l’appareil avait été abattu au-dessus du Liban en 1986. Le Hezbollah n’a en revanche pas obtenu la libération du doyen des prisonniers libanais. Détenu depuis 24 ans en Israël, Samir Katar purge une peine de 542 ans de prison pour avoir tué en 1979 un civil israélien et sa fille de quatre ans ainsi qu’un policier dans une ville de nord d’Israël. Un compromis sur son sort a toutefois été négocié. L’Etat hébreu s’est en effet engagé à discuter de son éventuelle libération en échange d’«informations substantielles» sur le sort de Ron Arad. Ces négociations devraient se conclure dans les trois qui viennent.
La télévision publique israélienne a donné dimanche soir le détail des étapes prévues pour l’échange des prisonniers. L’Etat hébreu doit ainsi publier mardi la liste des détenus –400 Palestiniens, 23 Libanais, 5 Syriens, 3 Marocains, 3 Soudanais, un Libyen et un Allemand– appelés à être relâchés pour permettre d’éventuels recours contre leur libération devant la Cour suprême d’Israël. L’échange aura lieu jeudi avec dans un premier temps la restitution dans la matinée au poste frontière israélo-libanais de Rosh Hanikra des dépouilles de 59 Libanais. L’armée israélienne a d’ailleurs commencé lundi à déterrer les corps de ces combattants qu’elle doit remettre aux autorités libanaises par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. L’Etat hébreu doit ensuite procéder à la libération de 400 Palestiniens qui seront acheminés par autobus vers la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les autres prisonniers seront convoyés en Allemagne tandis qu’au même moment Elhanan Tanenbaum, le civil israélien, et les dépouilles des trois soldats de Tsahal quitteront Beyrouth pour la même destination.
La dernière phase de l’échange doit avoir lieu dans l’après-midi de jeudi sur une base militaire allemande de Frankfort. Des rabbins de l'aumônerie militaire assistés des médecins légistes identifieront alors les trois militaires dont les dépouilles doivent être accueillies dans la soirée à l'aéroport de Tel-Aviv lors d'une cérémonie en présence du Premier ministre Ariel Sharon et du ministre de la Défense Shaoul Mofaz. Elhanan Tanenbaum ne participera pas à cette cérémonie. Ce colonel de réserve, accusé d’être un espion par le Hezbollah –ce que dément Israël–, est en effet menacé de poursuites judiciaires pour des agissements qui ont conduit à son enlèvement.
Succès indéniable pour le Hezbollah
Cet accord, approuvé bon gré mal gré par la classe politique israélienne, divise en revanche l’opinion publique. Selon un sondage publié lundi par le quotidien Maariv, 44 % des personnes interrogées l’approuvent, 44% y sont hostiles, et 12% sans opinion. Tous les analystes s’accordent par ailleurs pour souligner que cet échange inégal va renforcer le prestige d’un mouvement extrémiste qui figure sur la liste des organisations terroristes internationales. Certains estiment en outre qu’il pourrait encourager les groupes radicaux palestiniens à enlever des civils ou des militaires israéliens dans l’espoir d’organiser des échanges en leur faveur.
Une chose est sûre, l’accord conclu constitue un succès indéniable pour le Hezbollah qui, en obtenant la libération de centaines de combattants arabes, s’est hissé au rang de négociateur régional avec l’Etat hébreu. Une situation dont a su profiter le président libanais Emile Lahoud pressé depuis plusieurs semaines par Washington de cesser son appui à la milice chiite. «L’aboutissement des négociations obtenu par l’intermédiaire d’un Etat ami est une reconnaissance par Israël de la légitimité de la résistance armée libanaise et prouve que le Hezbollah n’est pas une organisation terroriste», a-t-il affirmé dans un communiqué.
Le mouvement radical pro-iranien peut en outre s’enorgueillir d’avoir obtenu la libération de deux de ses cadres. Cheikh Mustapha Dirani et cheikh Abdelkarim Obeïd avaient été enlevés respectivement en 1989 et en 1994 par l’armée israélienne qui espérait s’en servir comme monnaie d’échange pour des informations sur le sort de Ron Arad, l’un de ses pilotes les plus prestigieux, dont l’appareil avait été abattu au-dessus du Liban en 1986. Le Hezbollah n’a en revanche pas obtenu la libération du doyen des prisonniers libanais. Détenu depuis 24 ans en Israël, Samir Katar purge une peine de 542 ans de prison pour avoir tué en 1979 un civil israélien et sa fille de quatre ans ainsi qu’un policier dans une ville de nord d’Israël. Un compromis sur son sort a toutefois été négocié. L’Etat hébreu s’est en effet engagé à discuter de son éventuelle libération en échange d’«informations substantielles» sur le sort de Ron Arad. Ces négociations devraient se conclure dans les trois qui viennent.
par Mounia Daoudi
Article publié le 26/01/2004