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Politique française

La gauche attaque sur le front social

Les partis de gauche se rassemblent, pour la première fois depuis longtemps, afin de dénoncer la politique sociale menée par le gouvernement. Le parti socialiste appelle les électeurs à sanctionner la majorité lors des scrutins régionaux de mars prochain.
Assommée par son échec aux élections présidentielles et législatives de 2002 la Gauche plurielle, au pouvoir du temps du gouvernement Jospin, renaît aujourd’hui pour s’opposer aux projets du gouvernement Raffarin en matière d’emploi. Dans une déclaration commune, socialistes, communistes, verts, radicaux de gauche et chevènementistes dénoncent le «démantèlement du droit du travail» et la «remise en cause de l’ensemble des acquis sociaux». En ligne de mire, les propositions formulées par Michel de Virville, haut dirigeant du constructeur automobile Renault, qui préconise, dans un récent rapport, la création d’une nouvelle forme de contrat de travail, intermédiaire entre le contrat à durée déterminée (CDD) et le contrat classique à durée indéterminée (CDI), le contrat de mission dont la durée serait liée à la réalisation d’un projet précis.

L’ex-gauche plurielle reprend donc à son compte les critiques déjà faites par les organisations syndicales d’une dévalorisation du contrat à durée indéterminée comme fondement du droit du travail. Plus généralement, c’est tout le projet de loi de mobilisation en faveur de l’emploi, annoncé par le président de la République le 31 décembre qui constituerait «une grave menace pour notre modèle social». A moins de deux mois des élections régionales les partis de la gauche parlementaire accusent le gouvernement Raffarin de mener une politique marquée par «200 000 chômeurs de plus, l’explosion de la précarité, la dérégulation généralisée». A cela s’ajoutent la réforme en préparation de la sécurité sociale qui devrait intervenir par ordonnances, la remise en cause du revenu minimum d’insertion que constitue, pour les signataires, la création du revenu minimum d’activité, la réduction des indemnisations des chômeurs et des intermittents du spectacle.

Vote-sanction

Absente depuis de long mois du devant de la scène politique, la gauche revient donc à l’offensive et choisit pour cela le terrain du social alors que les scrutins de 2002 avaient été marqués par le thème de la sécurité. De la manière la plus claire, lançant sa campagne pour les élections régionales, le parti socialiste a appelé à un vote sanction du gouvernement les 21 et 28 mars car, a insisté François Hollande premier secrétaire du PS, si les Français ne saisissent pas cette occasion, ils n’auront plus la chance de la faire avant les présidentielles de 2007.

Laurent Fabius auquel il a souvent été reproché, dans le passé, de manquer de «fibre sociale» s’est élevé contre la politique de régression sociale du gouvernement, la «plus forte qu’on ait connue depuis la libération», en 1944. L’ancien ministre socialiste Jack Lang a invité les électeurs à donner un «coup d’arrêt à la casse des services publics», situation qu’il assimile à une «thatchérisation» de la France, en référence à la politique ultra-libérale menée en Grande-Bretagne par le Premier ministre Margaret Thatcher dans les années 80.

Donner à une élection régionale ou locale un enjeu national est de tradition pour l’opposition quelle qu’elle soit. Il est tout aussi habituel que le gouvernement en place relativise par avance la valeur de ce test de sa popularité. C’est donc ce qu’a fait le Premier ministre, rappelant l’importance locale, dans le cadre de la décentralisation, de ces élections régionales.

Jean-Pierre Raffarin marque également son attachement au modèle social français. Il a déclaré récemment que «le chômeur est une victime, pas un coupable» c’est pourquoi il faut «tendre la main à ceux qui veulent travailler». Pour autant, défendant la création du RMA, tant critiqué par la gauche, il a affirmé que «les revenus du travail doivent être supérieurs à ceux de l’assistance» et cela passe par «une revalorisation du travail».



par Propos recueillis par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 27/01/2004