France
Les chercheurs lancent un ultimatum au gouvernement
Le ton monte entre les chercheurs et le gouvernement. Les pétitions et autres manifestations au cours desquelles les scientifiques français ont mis le gouvernement en garde contre la paupérisation des laboratoires hexagonaux et la fuite des cerveaux ne leur ont pas encore permis d’obtenir autre chose que la promesse de ne pas geler les crédits en 2004. Devant ce qu’ils estiment être une fin de non recevoir, plusieurs centaines de chefs de service menacent de présenter une démission collective si aucune réponse concrète n’est apportée à leurs revendications avant le 9 mars.
Chercheur, bac + 10, précaire, cherche co-locataire pour partager loyer : c’est le triste sort de certains jeunes scientifiques surdiplômés et surqualifiés qui ne trouvent pas de débouchés après avoir passé leur thèse et sont obligés de faire de «petits boulots» mal payés faute de pouvoir intégrer un laboratoire dans de bonnes conditions. Etre «thésard» et gagner 1 000 euros par mois en occupant un poste à mi-temps d’assistant temporaire dans une université… c’est possible. Mais de plus en plus de jeunes chercheurs trouvent que ce n’est pas admissible après avoir fourni autant d’efforts pour arriver au bout d’un cursus difficile. Car comme l’explique l’un d’eux : «Une thèse, c’est 10 heures par jour, sept jours sur sept».
C’est pour cette raison que lors des manifestations organisées le 29 janvier dans plusieurs villes de France à l’appel de 27 organisations syndicales, les jeunes en blouse blanche étaient au premier rang et scandaient avec vigueur des slogans comme : «Pas de pipettes sans pépettes». Après l’annonce de la transformation de quelque 500 postes titulaires (chercheurs, ingénieurs, techniciens) des laboratoires publics, en contrats à durée déterminée (CDD) de trois à cinq ans, ils estiment qu’on leur ferme encore plus de portes et qu’on les transforme en précaires à long terme. Une perspective complètement décourageante. Pour les jeunes et pour les moins jeunes qui refusent, eux aussi, d’admettre une situation qui les réduit à voir partir de plus en plus de scientifiques, faute de pouvoir leur offrir des conditions de travail et de rémunération à la hauteur de leurs attentes.
«L’attitude du gouvernement se durcit»
Pas de doute, en parlant de contrats de mission et de CDD, après avoir évoqué les financements privés, le gouvernement n’a pas eu les mots pour plaire. Il a, au contraire, provoqué une réaction épidermique dans une profession déjà largement désabusée par les restrictions budgétaires. Le porte-parole de l’intersyndicale des chercheurs en colère, Alain Trautmann, a évoqué «une baisse moyenne de 20 à 30 % des crédits publics dans les laboratoires». Cette situation aboutit à obliger des équipes à stopper leurs travaux ou des organismes à renoncer à la recherche fondamentale, trop peu rentable. Au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), par exemple, on envisage de vendre le siège parisien pour faire face aux difficultés financières qui ont déjà conduit à «décaler» certains projets de recherche fondamentale, notamment dans le département d’astrophysique des particules, de physique nucléaire et de l’instrumentation associée (DAPNIA).
Dans ce contexte, plus de 33 000 chercheurs ont déjà signé la pétition «Sauvons la recherche» lancée comme un appel à l’aide au début du mois de janvier pour dénoncer «l’asphyxie financière» des laboratoires publics. Anonymes et têtes d’affiche, tous les scientifiques se retrouvent dans ce combat et défendent les mêmes revendications. A savoir la demande d’un collectif budgétaire portant sur les crédits et les emplois, avec un versement immédiat des impayés de 2002, la réattribution des crédits annulés, et le retour à des emplois de statutaires pour les 550 CDD inscrits sur le budget 2004. La délégation d’une douzaine de chercheurs, qui a été reçu à Matignon par les conseillers du Premier ministre à la suite de la manifestation du 29 janvier, a présenté ces requêtes mais ne semble pas avoir été entendue. Alain Trautmann a déclaré à la suite de ces entretiens : «L’attitude du gouvernement se durcit. C’est non». Les seuls engagements pris par Claudie Haigneré, la ministre déléguée à la Recherche, et son collègue de l’Economie, Francis Mer, concernent l’absence de gels ou d’annulations de crédits pour 2004 et la mise en place d’une mission d’expertise contradictoire sur «les crédits dans les laboratoires publics» qui doit rendre ses conclusions avant le 20 février.
Mais les chercheurs ne veulent pas se contenter de cela. Ils attendent un signe «concret» de la volonté du gouvernement de remédier à la situation qui conduit, selon eux, la France à devenir une nation sous-développée en matière de recherche. Ou tout au moins l’engagement d’un véritable dialogue pour évoquer les réformes éventuellement nécessaires (sur le financement, les objectifs de la recherche, le statut des chercheurs…) et les conditions dans lesquelles elles peuvent être admises par la communauté scientifique.
La crise est tellement sérieuse que plusieurs centaines de chefs de laboratoires signataires de la pétition sont prêts à aller jusqu’à une démission collective de leurs fonctions administratives, si rien ne bouge d’ici le 9 mars, date à laquelle ils doivent se réunir en assemblée générale. Une menace, qui si elle était mise à exécution, amènerait à une situation aussi inédite que «chaotique», car comme l’explique Alain Trautmann, «une unité de recherche n’existe pas si elle n’a pas de responsable, les personnels ne peuvent y travailler dans des conditions légales».
C’est pour cette raison que lors des manifestations organisées le 29 janvier dans plusieurs villes de France à l’appel de 27 organisations syndicales, les jeunes en blouse blanche étaient au premier rang et scandaient avec vigueur des slogans comme : «Pas de pipettes sans pépettes». Après l’annonce de la transformation de quelque 500 postes titulaires (chercheurs, ingénieurs, techniciens) des laboratoires publics, en contrats à durée déterminée (CDD) de trois à cinq ans, ils estiment qu’on leur ferme encore plus de portes et qu’on les transforme en précaires à long terme. Une perspective complètement décourageante. Pour les jeunes et pour les moins jeunes qui refusent, eux aussi, d’admettre une situation qui les réduit à voir partir de plus en plus de scientifiques, faute de pouvoir leur offrir des conditions de travail et de rémunération à la hauteur de leurs attentes.
«L’attitude du gouvernement se durcit»
Pas de doute, en parlant de contrats de mission et de CDD, après avoir évoqué les financements privés, le gouvernement n’a pas eu les mots pour plaire. Il a, au contraire, provoqué une réaction épidermique dans une profession déjà largement désabusée par les restrictions budgétaires. Le porte-parole de l’intersyndicale des chercheurs en colère, Alain Trautmann, a évoqué «une baisse moyenne de 20 à 30 % des crédits publics dans les laboratoires». Cette situation aboutit à obliger des équipes à stopper leurs travaux ou des organismes à renoncer à la recherche fondamentale, trop peu rentable. Au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), par exemple, on envisage de vendre le siège parisien pour faire face aux difficultés financières qui ont déjà conduit à «décaler» certains projets de recherche fondamentale, notamment dans le département d’astrophysique des particules, de physique nucléaire et de l’instrumentation associée (DAPNIA).
Dans ce contexte, plus de 33 000 chercheurs ont déjà signé la pétition «Sauvons la recherche» lancée comme un appel à l’aide au début du mois de janvier pour dénoncer «l’asphyxie financière» des laboratoires publics. Anonymes et têtes d’affiche, tous les scientifiques se retrouvent dans ce combat et défendent les mêmes revendications. A savoir la demande d’un collectif budgétaire portant sur les crédits et les emplois, avec un versement immédiat des impayés de 2002, la réattribution des crédits annulés, et le retour à des emplois de statutaires pour les 550 CDD inscrits sur le budget 2004. La délégation d’une douzaine de chercheurs, qui a été reçu à Matignon par les conseillers du Premier ministre à la suite de la manifestation du 29 janvier, a présenté ces requêtes mais ne semble pas avoir été entendue. Alain Trautmann a déclaré à la suite de ces entretiens : «L’attitude du gouvernement se durcit. C’est non». Les seuls engagements pris par Claudie Haigneré, la ministre déléguée à la Recherche, et son collègue de l’Economie, Francis Mer, concernent l’absence de gels ou d’annulations de crédits pour 2004 et la mise en place d’une mission d’expertise contradictoire sur «les crédits dans les laboratoires publics» qui doit rendre ses conclusions avant le 20 février.
Mais les chercheurs ne veulent pas se contenter de cela. Ils attendent un signe «concret» de la volonté du gouvernement de remédier à la situation qui conduit, selon eux, la France à devenir une nation sous-développée en matière de recherche. Ou tout au moins l’engagement d’un véritable dialogue pour évoquer les réformes éventuellement nécessaires (sur le financement, les objectifs de la recherche, le statut des chercheurs…) et les conditions dans lesquelles elles peuvent être admises par la communauté scientifique.
La crise est tellement sérieuse que plusieurs centaines de chefs de laboratoires signataires de la pétition sont prêts à aller jusqu’à une démission collective de leurs fonctions administratives, si rien ne bouge d’ici le 9 mars, date à laquelle ils doivent se réunir en assemblée générale. Une menace, qui si elle était mise à exécution, amènerait à une situation aussi inédite que «chaotique», car comme l’explique Alain Trautmann, «une unité de recherche n’existe pas si elle n’a pas de responsable, les personnels ne peuvent y travailler dans des conditions légales».
par Valérie Gas
Article publié le 30/01/2004