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Inde-Pakistan

Dégel confirmé

Le Premier ministre indien a été reçu lundi par le président pakistanais durant plus d’une heure, en marge du 12ème sommet des 7 pays membres de l’association d’Asie du Sud pour la coopération régionale (SAARC) qui, outre l’Inde et le Pakistan, regroupe également le Bangladesh, le Bhoutan, les Maldives, le Sri Lanka et le Népal. Le contenu exact de l’entretien entre Atal Behari Vajpayee et Pervez Musharraf n’a pas été divulgué. La rencontre intervient dans un contexte de dégel des relations entre Islamabad et New Delhi, après plus de deux ans d’inquiétante dégradation.
La «visite de courtoisie», selon les termes employés pour qualifier la rencontre, a duré 65 minutes. Elle était très attendue et constituait même le principal rendez-vous diplomatique du sommet, compte tenu du poids respectif des deux belligérants dans les enjeux régionaux et des menaces qu’ils font peser sur la région et ses projets. La rencontre a confirmé la tendance au réchauffement à l’œuvre depuis avril 2003, après deux années d’une hostilité qui avait rarement atteint un tel niveau d’intensité et qui avait fait craindre à plusieurs reprises le recours aux armes nucléaires, dont les deux capitales sont équipées, vecteurs compris.

Selon les responsables indiens, membres de la délégation officielle, les deux hommes ne sont pas entrés dans le détail de la querelle territoriale qui oppose les deux parties depuis le démantèlement de l’empire britannique en 1947, avec la question toujours pendante du Cachemire, aujourd’hui encore divisé. A l’issue de l’entretien, le ministre indien des Affaires étrangères a indiqué que «les deux dirigeants ont salué les récentes étapes vers une normalisation des relations entre les deux pays et ont émis le souhait de voir se poursuivre ce processus». En effet, un long chemin a été parcouru depuis les paroxysmes qui avaient suivi l’échec du sommet d’Agra, en juillet 2001 et l’attaque en décembre du parlement de New Delhi par des séparatistes cachemiris, soutenus par le Pakistan selon les Indiens. Et cette étape d’Islamabad est incontestablement un épisode supplémentaire dans la voie de la normalisation entamée entre les deux pays.

Le chef de la diplomatie indienne n’a pas souhaité en dire davantage sur le fond mais il a insisté sur le niveau des délégations présentes. «Le fait que le Premier ministre indien soit venu à Islamabad pour le sommet de la SAARC, le fait que le Premier ministre de l’Inde ait rencontré le Premier ministre du Pakistan, le président du Pakistan, j’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères du Pakistan, les secrétaires d’Etat aux Affaires étrangères se sont rencontrés – c’est un progrès», a notamment déclaré Yashwant Sinha.

La paix, enjeu de prospérité régional

Son homologue pakistanais a été un peu plus optimiste, annonçant que les deux pays envisageaient la publication d’une déclaration commune, ce que démentait peu après son collègue indien dans un éloge diplomatique du silence : «nous sommes face à un problème très délicat. A ce stade, quiconque dit davantage que ce que j’ai dit ne sert pas la cause». Mais selon un responsable pakistanais cité par l’AFP sous couvert de l’anonymat, les deux hommes ont bien discuté du sujet qui intéresse tout le monde et évoqué la mise en place d’une plate-forme commune (vraisemblablement un document) pour démarrer un dialogue sur le Cachemire.

Après les tensions de ces dernières années, les commentaires pointent la satisfaction d’un retour à la détente entre les deux puissances régionales. Sans préjuger de la suite, nombre d’observateurs, d’analystes et de commentateurs estiment qu’en tout état de cause l’événement est déjà, en lui-même, «un succès», «un bon début», «un pas important». Reste évidemment à savoir si les positions ont de bonnes chances de déboucher sur un dialogue.

C’est un dossier crucial au moment où le sommet des sept pays de la SAARC s’apprête à conclure un accord de libre-échange, qui devrait entrer en vigueur en 2006 et que toute la communauté, qui représente le cinquième de la population mondiale, attend avec impatience. Le conflit indo-pakistanais est un handicap au développement d’une région qui demeure parmi les plus pauvres du monde et qui compte pourtant parmi les plus militarisée. Ainsi chaque progrès bilatéral accompli, surtout entre Islamabad et New Delhi, est un pas enregistré pour l’ensemble sur le chemin du développement et la presse régionale retient que ce 12ème sommet fera date dans la construction de l’ensemble.



par Georges  Abou

Article publié le 05/01/2004