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Pakistan

Le <i>mea culpa</i> du «père de la bombe»

A la télévision, Abdul Qadeer Khan a pris sur lui l’entière responsabilité de la livraison de secrets nucléaire à d’autres États, exonérant le pouvoir politique.
«Je suis responsable et je vous demande pardon»... C'est en substance le message délivré mercredi par le père de la bombe atomique pakistanaise à ses concitoyens, dans une déclaration lue en anglais à la télévision d'État.

Ce mea culpa public, est intervenu dans la foulée d'un entretien d'Abdul Qadeer Khan avec le chef de l'État, Pervez Musharraf. Il conforte donc la thèse officielle d'une trahison, ou, à tout le moins, d'erreurs «personnelles» du scientifique dans la livraison de secrets nucléaires à l'Iran, la Libye et la Corée du Nord dans les années 80 et 90, alors qu'il était à la tête du programme militaire pakistanais.

C'est le point clé de cette autocritique télévisée... Abdul Qadeer Khan a en effet exonéré le pouvoir politique de toute implication dans cette affaire en se déclarant seul et unique responsable, dans des termes on ne peut plus clairs, bien plus clairs que sa tentative d'explication. A l'en croire, c'est malgré lui et en raison, sans doute, d'erreurs de jugement que ces transferts illicites de technologie se sont produits. Il dit avoir été amené à le reconnaître, en étant confronté à des preuves et à des informations, dont il assure avoir volontairement admis la véracité.

Deux généraux auditionnés, mais pas inquiétés

Une phraséologie alambiquée pour admettre sa culpabilité, en se défendant implicitement d'avoir vendu des secrets militaires par appât du gain. Avant de lire cette déclaration, Abdul Qadeer Khan avait été reçu par le chef de l'État, dont il aurait sollicité l'indulgence.

Reste à savoir si cet acte de contrition est sincère ou s'il fait partie d'une mise en scène destinée à faire taire ceux qui doutent que le scientifique ait pu agir à l'insu des militaires et de leur chef, qui à l'époque déjà, n'était autre que Pervez Musharraf. Une suspicion entretenue par le refus des enquêteurs de prendre en compte les accusations formulées à l'encontre de deux anciens chefs d'état-major. Deux généraux qui certes ont été auditionnés mais nullement inquiétés.

A écouter également :

Maryam Abou Zahab, chercheur au Ceri au micro de Philippe Lecaplain (05/02/2004, 5')



par Alain  Renon

Article publié le 05/02/2004