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Politique française

Le Pen : victime ou manipulateur ?

La candidature du président du parti d'extrême droite Front national lors des élections régionales en Provence-Alpes Côte d’Azur est hypothéquée par une controverse sur sa domiciliation fiscale. La justice et le préfet estiment qu’il ne respecte pas les conditions requises pour se présenter.
Jean-Marie Le Pen nous propose une nouvelle fois de jouer à ce jeu que nous connaissons tous. Il est coutumier du fait. Souvenez-vous de l'élection présidentielle de 2002 et du problème rencontré pour obtenir les 500 signatures nécessaires pour être candidat. Jusqu'au dernier moment, le président du Front national avait laissé planer le doute bénéficiant ainsi d'une couverture médiatique qu'il n'aurait osé espérer en d'autres circonstances. Jean-Marie le Pen avait franchi le premier tour en éliminant Lionel Jospin. Du jamais vu dans l'histoire politique de la Vème République.

Cette fois-ci, le problème est différent. L'élection est une élection régionale. Jean-Marie Le Pen devait conduire la liste du Front national en région Provence-Alpes Côte d'Azur (PACA) et voilà que depuis 10 jours on ne parle plus que de la décision des services fiscaux qui ont refusé de lui délivrer une attestation de domicile dans les Alpes maritimes, l'empêchant ainsi de se présenter. Dans un premier temps le tribunal administratif auprès duquel il avait déposé un recours a débouté Jean-Marie Le Pen. Et hier, le préfet a décidé, à son tour de rejeter cette candidature. Jean-Marie Le Pen n'est pas inscrit sur les listes électorales dans le Sud-Est a-t-il été précisé, il n'y possède pas de domicile principal et il ne figure donc pas sur la listes des contribuables de la région: autrement dit, pour le préfet, le dossier n'est pas recevable en l'état.

Signalons tout de même que le nom de Jean-Marie Le Pen apparaît bien sur le bail du local de campagne, mais que c'est le FN qui règle les impôts et qui apparaît sur les listes des services fiscaux, ce qui serait une erreur de l'administration à ses yeux.

Des sondages peu encourageants pour le chef de file de l’extrème-droite

Info ou intox? Jean-Marie Le Pen est un spécialiste des coups médiatiques. Il affirme qu'il n'a pas le même traitement médiatique que ses adversaires et s'arrange généralement pour provoquer l'évènement. C'est peut-être le cas aujourd'hui, auquel cas on pourrait parler d’intox. Mais s’il s’agissait d’une info, cela traduirait tout de même un amateurisme surprenant de la part du Front national qui est toujours très vigilant sur ce genre de question. Ne jamais être pris en défaut, ou alors seulement quand on choisit de l'être : telle est la démarche habituelle de Jean-Marie Le Pen , qui a déjà endossé les habits du martyr à plusieurs reprises.

Cette hypothèse, c’est celle que retiennent Michel Vauzelle, candidat PS en PACA, ou Renaud Muselier, qui conduit la liste UMP. Il y en a d'autres celle, par exemple, dont on parle ce matin. Jean-Marie Le Pen aurait bel et bien fait une erreur, et il l'exploiterait désormais comme il sait si bien le faire en faisant durer le suspens parce qu'encore une fois la posture du martyr est rentable sur le plan électoral

Le président du Front national dit aujourd'hui que, si l'administration lui fait des difficultés, c'est parce que certains ont peur du résultat qu'il pourrait faire en PACA. Or a y regarder de près, l'affaire se présente moins bien que ne le dit Jean-Marie Le Pen et certains militants du Front national disent même que d'autres que lui pourraient obtenir un meilleur résultat dans la région.

La démarche consisterait donc à faire du battage autour de cette histoire de candidature pour obtenir des retombées nationales. Dans le contexte actuel (avec les affaires et les mouvements sociaux) cela, juge-t-on du côté de Saint Cloud, pourrait être payant.



par Patrice  Biancone

Article publié le 19/02/2004