Madagascar
Le cyclone «Elita» s’est acharné sur la Grande Ile
Pendant une semaine, le cyclone tropical Elita a harcelé la Grande Ile, en traversant trois fois le territoire. Plusieurs régions ont été touchées. La pluie a causé davantage de dégâts que les forts vents. Des milliers de personnes sont sinistrées.
De notre correspondant à Madagascar
«On n’a jamais vu un cyclone qui fait trois entrées sur le territoire, qui fait un tour complet… C’est du jamais vu !». Lucile Randrianarivelo est secrétaire permanente du Conseil national de secours (CNS), un organisme habitué à gérer ce genre de catastrophe. Et c’est vrai que le cyclone Elita a surpris tout le monde.
D’abord, cette tempête tropicale s’est formée dans le canal du Mozambique, ce qui est plutôt rare. La plupart des cyclones qui touchent Madagascar arrivent en effet de l’océan Indien. Elita a ainsi frappé la Grande Ile par le nord-ouest, dans la région de Majunga.
Premier impact le 28 janvier, dans la soirée. Les services météo re-qualifient alors la «tempête» en «cyclone», avec des vents dépassant les 150 km/h en rafales. Et puis beaucoup de pluie. En 24 heures, Elita traverse la partie nord de Madagascar, pour ressortir des terres au niveau de Vatomandry, sur la côte est. On pense alors que la tempête va disparaître en mer. Erreur. Elita reprend des forces aux larges, change de trajectoire, descend le long des côtes et revient sur Madagascar.
Deuxième impact le 31 janvier, dans la région de Mananjary, sur la côte est. Les vents et les précipitations sont de moindre ampleur que lors du premier impact, mais ce retour inopiné prend les populations au dépourvu. Elita traverse une deuxième fois la Grande Ile, en passant alors par le sud. La tempête ressort quelques heures plus tard dans la région de Morondava, sur la côte ouest. On pense que cette fois, Elita va mourir dans le canal du Mozambique.
Nouvelle erreur: la logique de la Nature dépasse parfois les calculs scientifiques des météorologues. Elita se ré-intensifie, et, demi-tour: le cyclone revient à la charge. Troisième impact, le 3 février, dans la région de Morondava, sur la côte ouest. Elita re-traverse la partie sud de Madagascar, en diagonale, pour ressortir mercredi matin dans l’océan Indien. Cette fois-ci pour de bon, promettent les services météo.
La pluie plus grave que le vent
En l’espace d’une semaine, Elita a donc balayé une grande partie du territoire, causant de nombreux dégâts. A cause du vent, d’abord. Les arbres qui se cassent, les pylônes électriques qui tombent, les toits qui s’envolent, les maisons en bois qui s’écroulent… Mais c’est surtout les fortes pluies, incessantes durant une semaine, qui ont entraîné les plus graves sinistres. De très nombreuses zones rurales sont inondées. Les rivières sont en crue un peu partout. Des dizaines de villages, notamment sur les côtes, sont partiellement détruits. Des milliers d’habitants se trouvent les pieds dans l’eau, sans-abri. Et ce n’est là qu’un bilan très provisoire.
La tâche immédiate des autorités est maintenant d’établir une évaluation précise des dégâts. Et pour cela, il faut se rendre sur place, survoler les zones sinistrées, rencontrer les responsables locaux, pour définir les priorités des besoins. Ce travail de collecte d’information risque de prendre plusieurs jours. «D’ordinaire, les cyclones peuvent frapper plus violemment, mais sur une seule région, d’ailleurs souvent sur la côte Est, explique Didier Young, responsable de l’ONG Care International. Là, Elita a été peut être moins dramatique, mais il a touché le pays en plusieurs régions. Ce qui complique d’autant l’organisation des secours».
A Madagascar, un organisme est chargé de gérer ces situations de catastrophe: le Conseil national de secours (CNS). Placé sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, le CNS coordonne l’action des partenaires: départements ministériels, services météo, ONG nationales et internationales, agences des Nations unies… Après 30 ans d’existence, ce CNS commence à être rodé. En outre, il s’appuie sur un réseau de correspondants dans chaque préfecture et sous-préfecture.
Dans la situation présente, l’étendue des dégâts commence à peine à être connue. Mercredi, le CNS avançait le chiffre de 5 morts, plusieurs dizaines de blessés, et des milliers de sinistrés. Les premiers secours consistent donc en l’envoi de nourriture et d’eau potable. En effet, les populations touchées ont souvent perdu leurs réserves alimentaires, qu’il faut donc remplacer. Ensuite, envoyer éventuellement des tentes et des couvertures, dans les zones où les sinistrés n’ont pas de refuge. S’assurer que les centres de santé sont suffisamment approvisionnés en médicaments, pour éviter tout risque d’épidémies.
D’après les explications de Lucile Randrianarivelo, du CNS, plusieurs «bases opérationnelles» sont et seront établies dans quelques villes, pour assurer localement une meilleure efficacité dans la distribution des aides. Mais comme souvent, malheureusement, la difficulté est d’atteindre les zones sinistrées les plus reculées, en brousse, «là-même où les populations ont le plus besoin d’aide», explique avec fatalité un responsable d’ONG, partenaire du CNS.
Il faudra en tout cas, plusieurs semaines pour que les régions inondées et sinistrées commencent à retrouver une vie à peu près normale. En espérant simplement que d’autres tempêtes tropicales ne viendront pas ravager Madagascar. La saison cyclonique dure théoriquement jusqu’au mois d’avril.
«On n’a jamais vu un cyclone qui fait trois entrées sur le territoire, qui fait un tour complet… C’est du jamais vu !». Lucile Randrianarivelo est secrétaire permanente du Conseil national de secours (CNS), un organisme habitué à gérer ce genre de catastrophe. Et c’est vrai que le cyclone Elita a surpris tout le monde.
D’abord, cette tempête tropicale s’est formée dans le canal du Mozambique, ce qui est plutôt rare. La plupart des cyclones qui touchent Madagascar arrivent en effet de l’océan Indien. Elita a ainsi frappé la Grande Ile par le nord-ouest, dans la région de Majunga.
Premier impact le 28 janvier, dans la soirée. Les services météo re-qualifient alors la «tempête» en «cyclone», avec des vents dépassant les 150 km/h en rafales. Et puis beaucoup de pluie. En 24 heures, Elita traverse la partie nord de Madagascar, pour ressortir des terres au niveau de Vatomandry, sur la côte est. On pense alors que la tempête va disparaître en mer. Erreur. Elita reprend des forces aux larges, change de trajectoire, descend le long des côtes et revient sur Madagascar.
Deuxième impact le 31 janvier, dans la région de Mananjary, sur la côte est. Les vents et les précipitations sont de moindre ampleur que lors du premier impact, mais ce retour inopiné prend les populations au dépourvu. Elita traverse une deuxième fois la Grande Ile, en passant alors par le sud. La tempête ressort quelques heures plus tard dans la région de Morondava, sur la côte ouest. On pense que cette fois, Elita va mourir dans le canal du Mozambique.
Nouvelle erreur: la logique de la Nature dépasse parfois les calculs scientifiques des météorologues. Elita se ré-intensifie, et, demi-tour: le cyclone revient à la charge. Troisième impact, le 3 février, dans la région de Morondava, sur la côte ouest. Elita re-traverse la partie sud de Madagascar, en diagonale, pour ressortir mercredi matin dans l’océan Indien. Cette fois-ci pour de bon, promettent les services météo.
La pluie plus grave que le vent
En l’espace d’une semaine, Elita a donc balayé une grande partie du territoire, causant de nombreux dégâts. A cause du vent, d’abord. Les arbres qui se cassent, les pylônes électriques qui tombent, les toits qui s’envolent, les maisons en bois qui s’écroulent… Mais c’est surtout les fortes pluies, incessantes durant une semaine, qui ont entraîné les plus graves sinistres. De très nombreuses zones rurales sont inondées. Les rivières sont en crue un peu partout. Des dizaines de villages, notamment sur les côtes, sont partiellement détruits. Des milliers d’habitants se trouvent les pieds dans l’eau, sans-abri. Et ce n’est là qu’un bilan très provisoire.
La tâche immédiate des autorités est maintenant d’établir une évaluation précise des dégâts. Et pour cela, il faut se rendre sur place, survoler les zones sinistrées, rencontrer les responsables locaux, pour définir les priorités des besoins. Ce travail de collecte d’information risque de prendre plusieurs jours. «D’ordinaire, les cyclones peuvent frapper plus violemment, mais sur une seule région, d’ailleurs souvent sur la côte Est, explique Didier Young, responsable de l’ONG Care International. Là, Elita a été peut être moins dramatique, mais il a touché le pays en plusieurs régions. Ce qui complique d’autant l’organisation des secours».
A Madagascar, un organisme est chargé de gérer ces situations de catastrophe: le Conseil national de secours (CNS). Placé sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, le CNS coordonne l’action des partenaires: départements ministériels, services météo, ONG nationales et internationales, agences des Nations unies… Après 30 ans d’existence, ce CNS commence à être rodé. En outre, il s’appuie sur un réseau de correspondants dans chaque préfecture et sous-préfecture.
Dans la situation présente, l’étendue des dégâts commence à peine à être connue. Mercredi, le CNS avançait le chiffre de 5 morts, plusieurs dizaines de blessés, et des milliers de sinistrés. Les premiers secours consistent donc en l’envoi de nourriture et d’eau potable. En effet, les populations touchées ont souvent perdu leurs réserves alimentaires, qu’il faut donc remplacer. Ensuite, envoyer éventuellement des tentes et des couvertures, dans les zones où les sinistrés n’ont pas de refuge. S’assurer que les centres de santé sont suffisamment approvisionnés en médicaments, pour éviter tout risque d’épidémies.
D’après les explications de Lucile Randrianarivelo, du CNS, plusieurs «bases opérationnelles» sont et seront établies dans quelques villes, pour assurer localement une meilleure efficacité dans la distribution des aides. Mais comme souvent, malheureusement, la difficulté est d’atteindre les zones sinistrées les plus reculées, en brousse, «là-même où les populations ont le plus besoin d’aide», explique avec fatalité un responsable d’ONG, partenaire du CNS.
Il faudra en tout cas, plusieurs semaines pour que les régions inondées et sinistrées commencent à retrouver une vie à peu près normale. En espérant simplement que d’autres tempêtes tropicales ne viendront pas ravager Madagascar. La saison cyclonique dure théoriquement jusqu’au mois d’avril.
par Olivier Péguy
Article publié le 04/02/2004