Congo démocratique
Difficile partage des pouvoirs
Le dernier accroc en date, «l’affaire Kasongo», mais aussi la bataille des groupes armés de l’Ituri pour accéder à la table du pouvoir ou les polémiques verbales qui agitent les sommets de la transition, témoignent de l’épreuve de force, à fleurets plus ou moins mouchetés, qui agite l’attelage chargé de conduire les Congolais aux urnes. Après la course aux fauteuils de la transition, qui les a incitées au compromis, chacune des composantes de la transition (gouvernement Kabila, ex rebellions armées, opposition civile, société civile et maï-maï) se livrent à des joutes inégales pour s’ancrer dans des fiefs électoraux encore mouvants. Et même si aucun des participants n’a vraiment intérêt à saborder trop vite la lucrative transition, des affrontements font encore des morts. Ils font aussi resurgir les pommes de discorde qui ont alimenté la guerre entrée en 1996 par le Kivu, à l’est du pays.
Eminent gradé du Rassemblement congolais démocratique (le RCD-Goma du vice-président Azarias Ruberwa qui contrôle le Kivu), ancien responsable adjoint de ses services à Kisangani (Province Orientale), le major Joseph Kasongo était au premier rang des accusés du procès de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila (qui aurait été tué le 16 janvier 2001 par un garde du corps originaire du Kivu). Kasongo a été condamné à mort par contumace, en janvier 2003. Il a refait surface dans l’actualité congolaise le 21 février dernier avec l’annonce d’une importante quantité d'armes et de munitions saisie à son domicile de Bukavu, au Sud-Kivu. Immédiatement arrêté, il avait été transféré le 23 février à Kinshasa, le tout sur ordre du président de la République au commandant de la 10ème région militaire (celle du Sud-Kivu), le général Prosper Nabyolwa. Issu des forces gouvernementales, ce derniers est en effet chargé de la sécurité en terres RCD, conformément aux accords de transition organisant l’affectation des militaires dans des zones où ils n’opéraient pas pendant la guerre.
L’«extradition» du major Kasongo a déchaîné l’ire du RCD-Goma. Le soir même, des soldats de l’ex-rébellion ont mis à sac la résidence du général Nabyolwa. Son adjoint RCD, le colonel Jules Mutebusi, proclamait alors la destitution sur les ondes de la radio locale. De leur côté, les anciens combattants Maï-Maï recyclés dans la transition se déclaraient prêts à se battre contre leurs anciens adversaires RCD pour restaurer l’autorité du représentant des Forces armées gouvernementales (FAC), le général Nyabyolwa. En même temps, à Kinshasa, le vice-président RCD, Azarias Ruberwa montait au créneau, qualifiant la mesure présidentielle de «terrorisme d’Etat» et menaçant de quitter la transition avec tout son équipage de ministres, de députés et autres gouverneurs. Le 25 février, le président Joseph Kabila est revenu sur sa décision en forme de ballon d’essai. Le major a été «rapatrié» à Bukavu dans un avion de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc). Le RCD-Goma a remercié le chef de l’Etat pour son «oreille attentive». Il a aussi bien sûr rengainé ses menaces contre la transition.
Avant Kasongo, un autre dignitaire du RCD-Goma, le gouverneur du Sud-Kivu, Xavier Ciribanya Cirimwami, avait été suspendu début février après que les mêmes services du général Nabyolwa eurent découvert, le 3 février, une cache d'armes contenant 65 caisses de munitions (parmi lesquelles des roquettes et des obus), sur une parcelle lui appartenant, à Bukavu. Pourtant accusé d’avoir voulu lancer la «troisième» guerre du Congo, le gouverneur déchu a quitté la ville sans tambours ni trompettes après avoir remis les armes à la Monuc et conclu une sorte de gentlemen’s agreement. Entre temps, des tirs nourris avaient été échangés. Depuis lors, la suspicion perdure entre les différentes parties. Avec l’affaire Kasongo, les affrontements feutrés ont franchi un pas supplémentaire, avec, en ligne de mire, les élections promises pour 2005.
Kabila regarde à l’Est
L’Est intéresse tout naturellement le futur candidat Kabila aux présidentielles. C’est son fief naturel, celui d’où son père a conduit jusqu’à Kinshasa (en mai 1997) les forces composites de l’Alliance organisée fin 1996 sous la férule rwandaise. Porte d’entrée de la guerre du Rwanda où sont passées en 1994, avec armes et bagages, les cohortes militaires et miliciennes du régime «génocidaire» moribond, le Kivu n’a toujours pas rompu avec son histoire lourde en particulier des querelles de nationalité faites à ses kinyarawandophones, Hutu ou Tutsi. Chemin faisant, Kabila père s’était défait, par mort brutale, de ses associés congolais de la première heure, puis, plus tard, en 1998 de ses parrains rwandais. La rupture a provoqué la «deuxième guerre du Congo». Elle a aussi consommé le divorce entre Banyamulenge (kinyarwandophones du Sud-Kivu installé sur le plateau de Minembwe, dans la région d’Uvira et de Bukavu), les uns composant le noyau dur du RCD-Goma, les autres militant contre la présence militaire rwandaise. Certains de ces derniers ont fui en août 1998 jusqu’en Equateur, ralliant le Mouvement de libération du Congo, le MLC du vice-président Jean-Pierre Bemba. Envoyés en nombre soutenir Patassé de l’autre côté de la frontière centrafricaine, beaucoup sont morts au combat. D’autres restés au Sud-Kivu ont rejoint en février 1999 le commandant Patrick Masunzu, finalement armé par le régime Kabila contre le RCD-Goma et les troupes rwandaises.
Comme depuis des lustres, les Banyamulenge risque aujourd’hui encore d’être les perdants de l’histoire mouvementée de l’Est congolais. Quant au RCD-Goma, dont les dignitaires ont rejoint les hauteurs de la transition à Kinshasa, il a tout lieu de s’inquiéter des efforts de neutralisation plus ou moins discrets entrepris par Joseph Kabila. Au passage, l’affaire Kasongo fait apparaître comme coquilles vides les ministères sécuritaires (défense et sécurité intérieure) attribués au RCD-Goma dans la transition. En la matière, nombre de services directement rattachés à la présidence font court-circuits. Sur le terrain politique, le vice-président Ruberwa doit cohabiter avec son pair de la composante gouvernementale, Yerodia Ndombasi qui en 1998 appelait à l’extermination de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un kinyarwandophone (Ruberwa est munyamulenge). Par ailleurs, l’allié tactique du RCD-Goma, Etienne Tshisekedi, le chef historique de l’opposition civile de l’Udps a été écarté des quatre vice-présidences. Celle qu’il revendiquait a été confiée a un autre allié de Kabila, transfuge du RCD, Zahidi Ngoma, dont les ambitions électoralistes ont toujours été d’empêcher le probable jeu politique à trois (Kabila-ex-rebelles-Tshisekedi).
En matière de pouvoirs réels, Jean-Pierre Bemba n’est guère mieux loti que ses anciens amis du RCD, malgré sa vice-présidence. Aujourd’hui, il estime avoir maille à partir avec le ministre des Transports, également président des Forces novatrices pour l'union et la solidarité (Fonus), un des partis de l'opposition politique, Joseph Olenghankoy. Jean-Pierre Bemba a même ordonné à ses ministres et vice-ministres de boycotter toutes les réunions auxquelles participerait Olenghankoy qu’il accuse d’avoir tenu des propos orduriers à son encontre dans une publication congolaise à Londres. Une fois de plus, comme il l’a dit à propos de l’affaire Kasongo, Joseph Kabila «s’élève au-dessus de la mêlée», assurant qu’il va régler le problème. Par ailleurs, à la veille des nominations attendues «dans la territoriale, le portefeuille de l'Etat et dans la diplomatie», le président promet qu’il «n'y aura pas de criminels ni de voleurs». Cela donne quand même une idée du climat à Kinshasa. D’autant que de son côté, la Conférence épiscopale du Congo, rangée derrière l’archevêque de Kisangani, Monseigneur Monsengwo (qui présida la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1991), déplore «l’amateurisme» de certains dirigeants de la transition «ayant accédé au pouvoir à la faveur de la logique du consensus».
«Le peuple congolais est fatigué de passer de transition en transition», notent les évêques, rappelant que, outre le chiffre incalculable des morts provoqués par cinq ans de conflit, «à ce jour, notre pays bat le record des déplacés de guerre, avec environ 1,5 millions de personnes qui vivent dans des conditions très précaires». Appelant à une conférence des Grands lacs où les belligérants de la région s’engageraient dans un pacte de non-agression, ils rappellent que «dans la sous-région des Grands Lacs, il circule des quantités impressionnantes d’armes qui alimentent les conflits en liaison avec les exploitations frauduleuses du bois, du café, ainsi que des mines de diamant, d’or et de coltan». De fait, au plan intérieur, le volet militaire des accords intercongolais n’est toujours pas en place. Outre les «rebelles» rwandais dont la Monuc a renvoyé le désarmement à d’hypothétiques meilleurs jours de paix, l’intégration des troupes des anciens belligérants n’est pas finalisée malgré l'installation de l'état-major de la nouvelle armée le 5 septembre 2003. Des Belges viennent d’engager la formation d’une première brigade de 2.500 hommes. Mais, au Nord-katanga, par exemple, des milliers de combattants Maï-Maï attendent toujours leur intégration militaire. En outre, la Monuc n’a pas encore commencé à se déployer sur les zones frontalières orientales où elle doit ensuite céder la place à l’armée nationale. Pis encore, en Ituri, l’Union des patriotes congolais (UPC), continue de briguer violemment une place dans la transition et, au Katanga, des massacres de civils témoignent de l’insécurité persistantes.
Le 24 février, «nos troupes ont riposté à une attaque des miliciens de l'UPC de Thomas Lubanga et détruit leur camp», à Niamamba, à 62 km à l'est de Bunia (la métropole de l’Ituri, au nord-est), se félicite la Monuc. Pour autant, cette victoire marque l’incapacité de ses 4 700 Casques bleus a ramener le calme. Et puis, à l’autre extrémité du pays, à Kitengie, à 700 km au sud-est de Lubumbashi (Katanga), la Monuc rapporte également cette semaine la mort entre janvier et février d’une trentaine de personnes au moins. «On pense que ces tueries seraient perpétrées par des factions Maï-Maï qui opèrent dans cette zone», indique la Monuc qui ajoute que l’insécurité coupe tout accès aux zones reculées de cette région. Elle dénonce par ailleurs des «entraves inacceptables et injustifiables» à la circulation de se observateurs militaires à Gbadolite, dans l’Equateur (nord-ouest), l’ancienne capitale de Mobutu, aujourd’hui contrôlée par le MLC de Jean-Pierre Bemba.
Au total, le Congo est encore très loin de la réunification promise par la transition. Quant aux élections, le Comité international d'accompagnement de la transition, qui réunit des représentants des pays membres permanents du conseil de sécurité, de la Belgique, du Canada, de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Mozambique, de la Zambie et de la MONUC, le CIAT tire la sonnette d’alarme. A ses yeux, les premiers travaux de la Commission électorale indépendante (CEI) vont dans le sens d’un «blocage du processus électoral».
L’«extradition» du major Kasongo a déchaîné l’ire du RCD-Goma. Le soir même, des soldats de l’ex-rébellion ont mis à sac la résidence du général Nabyolwa. Son adjoint RCD, le colonel Jules Mutebusi, proclamait alors la destitution sur les ondes de la radio locale. De leur côté, les anciens combattants Maï-Maï recyclés dans la transition se déclaraient prêts à se battre contre leurs anciens adversaires RCD pour restaurer l’autorité du représentant des Forces armées gouvernementales (FAC), le général Nyabyolwa. En même temps, à Kinshasa, le vice-président RCD, Azarias Ruberwa montait au créneau, qualifiant la mesure présidentielle de «terrorisme d’Etat» et menaçant de quitter la transition avec tout son équipage de ministres, de députés et autres gouverneurs. Le 25 février, le président Joseph Kabila est revenu sur sa décision en forme de ballon d’essai. Le major a été «rapatrié» à Bukavu dans un avion de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc). Le RCD-Goma a remercié le chef de l’Etat pour son «oreille attentive». Il a aussi bien sûr rengainé ses menaces contre la transition.
Avant Kasongo, un autre dignitaire du RCD-Goma, le gouverneur du Sud-Kivu, Xavier Ciribanya Cirimwami, avait été suspendu début février après que les mêmes services du général Nabyolwa eurent découvert, le 3 février, une cache d'armes contenant 65 caisses de munitions (parmi lesquelles des roquettes et des obus), sur une parcelle lui appartenant, à Bukavu. Pourtant accusé d’avoir voulu lancer la «troisième» guerre du Congo, le gouverneur déchu a quitté la ville sans tambours ni trompettes après avoir remis les armes à la Monuc et conclu une sorte de gentlemen’s agreement. Entre temps, des tirs nourris avaient été échangés. Depuis lors, la suspicion perdure entre les différentes parties. Avec l’affaire Kasongo, les affrontements feutrés ont franchi un pas supplémentaire, avec, en ligne de mire, les élections promises pour 2005.
Kabila regarde à l’Est
L’Est intéresse tout naturellement le futur candidat Kabila aux présidentielles. C’est son fief naturel, celui d’où son père a conduit jusqu’à Kinshasa (en mai 1997) les forces composites de l’Alliance organisée fin 1996 sous la férule rwandaise. Porte d’entrée de la guerre du Rwanda où sont passées en 1994, avec armes et bagages, les cohortes militaires et miliciennes du régime «génocidaire» moribond, le Kivu n’a toujours pas rompu avec son histoire lourde en particulier des querelles de nationalité faites à ses kinyarawandophones, Hutu ou Tutsi. Chemin faisant, Kabila père s’était défait, par mort brutale, de ses associés congolais de la première heure, puis, plus tard, en 1998 de ses parrains rwandais. La rupture a provoqué la «deuxième guerre du Congo». Elle a aussi consommé le divorce entre Banyamulenge (kinyarwandophones du Sud-Kivu installé sur le plateau de Minembwe, dans la région d’Uvira et de Bukavu), les uns composant le noyau dur du RCD-Goma, les autres militant contre la présence militaire rwandaise. Certains de ces derniers ont fui en août 1998 jusqu’en Equateur, ralliant le Mouvement de libération du Congo, le MLC du vice-président Jean-Pierre Bemba. Envoyés en nombre soutenir Patassé de l’autre côté de la frontière centrafricaine, beaucoup sont morts au combat. D’autres restés au Sud-Kivu ont rejoint en février 1999 le commandant Patrick Masunzu, finalement armé par le régime Kabila contre le RCD-Goma et les troupes rwandaises.
Comme depuis des lustres, les Banyamulenge risque aujourd’hui encore d’être les perdants de l’histoire mouvementée de l’Est congolais. Quant au RCD-Goma, dont les dignitaires ont rejoint les hauteurs de la transition à Kinshasa, il a tout lieu de s’inquiéter des efforts de neutralisation plus ou moins discrets entrepris par Joseph Kabila. Au passage, l’affaire Kasongo fait apparaître comme coquilles vides les ministères sécuritaires (défense et sécurité intérieure) attribués au RCD-Goma dans la transition. En la matière, nombre de services directement rattachés à la présidence font court-circuits. Sur le terrain politique, le vice-président Ruberwa doit cohabiter avec son pair de la composante gouvernementale, Yerodia Ndombasi qui en 1998 appelait à l’extermination de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un kinyarwandophone (Ruberwa est munyamulenge). Par ailleurs, l’allié tactique du RCD-Goma, Etienne Tshisekedi, le chef historique de l’opposition civile de l’Udps a été écarté des quatre vice-présidences. Celle qu’il revendiquait a été confiée a un autre allié de Kabila, transfuge du RCD, Zahidi Ngoma, dont les ambitions électoralistes ont toujours été d’empêcher le probable jeu politique à trois (Kabila-ex-rebelles-Tshisekedi).
En matière de pouvoirs réels, Jean-Pierre Bemba n’est guère mieux loti que ses anciens amis du RCD, malgré sa vice-présidence. Aujourd’hui, il estime avoir maille à partir avec le ministre des Transports, également président des Forces novatrices pour l'union et la solidarité (Fonus), un des partis de l'opposition politique, Joseph Olenghankoy. Jean-Pierre Bemba a même ordonné à ses ministres et vice-ministres de boycotter toutes les réunions auxquelles participerait Olenghankoy qu’il accuse d’avoir tenu des propos orduriers à son encontre dans une publication congolaise à Londres. Une fois de plus, comme il l’a dit à propos de l’affaire Kasongo, Joseph Kabila «s’élève au-dessus de la mêlée», assurant qu’il va régler le problème. Par ailleurs, à la veille des nominations attendues «dans la territoriale, le portefeuille de l'Etat et dans la diplomatie», le président promet qu’il «n'y aura pas de criminels ni de voleurs». Cela donne quand même une idée du climat à Kinshasa. D’autant que de son côté, la Conférence épiscopale du Congo, rangée derrière l’archevêque de Kisangani, Monseigneur Monsengwo (qui présida la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1991), déplore «l’amateurisme» de certains dirigeants de la transition «ayant accédé au pouvoir à la faveur de la logique du consensus».
«Le peuple congolais est fatigué de passer de transition en transition», notent les évêques, rappelant que, outre le chiffre incalculable des morts provoqués par cinq ans de conflit, «à ce jour, notre pays bat le record des déplacés de guerre, avec environ 1,5 millions de personnes qui vivent dans des conditions très précaires». Appelant à une conférence des Grands lacs où les belligérants de la région s’engageraient dans un pacte de non-agression, ils rappellent que «dans la sous-région des Grands Lacs, il circule des quantités impressionnantes d’armes qui alimentent les conflits en liaison avec les exploitations frauduleuses du bois, du café, ainsi que des mines de diamant, d’or et de coltan». De fait, au plan intérieur, le volet militaire des accords intercongolais n’est toujours pas en place. Outre les «rebelles» rwandais dont la Monuc a renvoyé le désarmement à d’hypothétiques meilleurs jours de paix, l’intégration des troupes des anciens belligérants n’est pas finalisée malgré l'installation de l'état-major de la nouvelle armée le 5 septembre 2003. Des Belges viennent d’engager la formation d’une première brigade de 2.500 hommes. Mais, au Nord-katanga, par exemple, des milliers de combattants Maï-Maï attendent toujours leur intégration militaire. En outre, la Monuc n’a pas encore commencé à se déployer sur les zones frontalières orientales où elle doit ensuite céder la place à l’armée nationale. Pis encore, en Ituri, l’Union des patriotes congolais (UPC), continue de briguer violemment une place dans la transition et, au Katanga, des massacres de civils témoignent de l’insécurité persistantes.
Le 24 février, «nos troupes ont riposté à une attaque des miliciens de l'UPC de Thomas Lubanga et détruit leur camp», à Niamamba, à 62 km à l'est de Bunia (la métropole de l’Ituri, au nord-est), se félicite la Monuc. Pour autant, cette victoire marque l’incapacité de ses 4 700 Casques bleus a ramener le calme. Et puis, à l’autre extrémité du pays, à Kitengie, à 700 km au sud-est de Lubumbashi (Katanga), la Monuc rapporte également cette semaine la mort entre janvier et février d’une trentaine de personnes au moins. «On pense que ces tueries seraient perpétrées par des factions Maï-Maï qui opèrent dans cette zone», indique la Monuc qui ajoute que l’insécurité coupe tout accès aux zones reculées de cette région. Elle dénonce par ailleurs des «entraves inacceptables et injustifiables» à la circulation de se observateurs militaires à Gbadolite, dans l’Equateur (nord-ouest), l’ancienne capitale de Mobutu, aujourd’hui contrôlée par le MLC de Jean-Pierre Bemba.
Au total, le Congo est encore très loin de la réunification promise par la transition. Quant aux élections, le Comité international d'accompagnement de la transition, qui réunit des représentants des pays membres permanents du conseil de sécurité, de la Belgique, du Canada, de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Mozambique, de la Zambie et de la MONUC, le CIAT tire la sonnette d’alarme. A ses yeux, les premiers travaux de la Commission électorale indépendante (CEI) vont dans le sens d’un «blocage du processus électoral».
par Monique Mas
Article publié le 26/02/2004