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Politique française

Sans Le Pen, les régionales cherchent un deuxième souffle

Jean-Marie Le Pen a désigné Guy Macary pour le remplacer à la tête de la liste Front national aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une fois levée l’hypothèque de cette candidature à rebondissements judiciaires le plus dur reste à faire pour les partis politiques, de droite comme de gauche, qui peinent à mobiliser les électeurs.
Dans la campagne pour les élections régionales des 21 et 28 mars on va peut-être maintenant pouvoir parler d’autre chose que de la candidature à suspens du président du Front national en Paca, estiment commentateurs et leaders politiques, même s’ils ne croient guère à une erreur de Jean-Marie Le Pen, qui aurait ignoré les exigences légales de résidence pour poser sa candidature. D’autant que, remplacé à la tête de la liste par Guy Macary, avocat de 74 ans, membre depuis vingt ans du parti d’extrême droite, Jean-Marie Le Pen sera plus présent que jamais dans une campagne où il peut désormais déployer son activité au plan non plus local mais national.

Jean-Marie Le Pen ne sera pas candidat, mais, a souligné Arlette Laguiller, porte-parole de la formation d’extrême gauche Lutte ouvrière, «les idées du FN vont continuer à être défendues, et il y a un combat à mener contre elles». Et si, comme le prétend Jean-François Copé, tête de liste UMP en région parisienne, le FN ne fait que «surfer sur les angoisses des Français», son propre parti a du souci à se faire. En effet, selon un sondage Sofres, 62% des Français veulent faire des élections régionales un vote de sanction du gouvernement. Dans le même temps, les cotes de popularité de Jacques Chirac et de son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin chutent, au baromètre Ifop de février, à 47% de satisfaits pour le chef de l’Etat et 39% pour l’hôte de Matignon.

L’abstention, adversaire commun

Les partis de gauche de l’ex-majorité plurielle espèrent bien profiter de l’aubaine pour redorer leur blason terni par les résultats de la présidentielle de 2002. Dans un premier temps, François Hollande, premier secrétaire du PS, avait invité les électeurs à un vote-sanction mais plus récemment l’ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius y a ajouté un élément plus positif : se protéger de l’avenir car, dit-il «ce qu’on a vu n’est rien à côté de ce qui va venir, en matière de sécurité sociale, d’éducation et le reste». Pour l’instant, a encore observé Laurent Fabius, «les gens sont mécontents mais il n’y a pas un report mécanique du mécontentement vers l’opposition».

Les intentions de vote ne laissent en effet pas présager un raz-de-marée en faveur de l’opposition parlementaire. Toujours selon la Sofres, PS, PC et Verts recueilleraient 37,5% des voix, l’UMP et l’UDF 33%, 15,5% des votants se prononceraient pour l’extrême droite et 7,5% pour l’extrême gauche.

Tous partis politiques confondus, le véritable adversaire pourrait bien être l’abstention. Plus de la moitié des Français manifestent leur manque d’intérêt pour ce scrutin que les formations politiques en fassent ou non un enjeu de politique nationale. Une très forte majorité des électeurs ignorent le nom du président actuel de leur conseil régional et bien peu connaissent les compétences exactes de l’exécutif régional.

Aujourd’hui l’UMP est à la tête de 13 des 22 régions françaises, 8 sont dirigées par la gauche et une par l’UDF. Dans 3 régions, la gauche avait obtenu la majorité relative en 1998 et si elles sont aujourd’hui gouvernées par la droite, c’est grâce à l’apport des voix du Front national. Les états-majors politiques apprécieront les résultats des élections régionales à la lumière du nouvel équilibre qui en sortira. De plus, 19 ministres sont candidats à un mandat régional ce qui impliquera, probablement après les élections européennes de juin, un remaniement ministériel d’autant plus large que davantage de ministres auront été élus et opteront pour un Conseil régional.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/02/2004