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Pakistan

Abdul Qadeer Khan «pardonné» par Musharraf

Le chef de l'État pakistanais accorde son pardon à Abdul Qadeer Khan comme l'avait recommandé le gouvernement fédéral, un peu plus tôt dans la journée. Cette grâce présidentielle intervient au lendemain de la confession du père de la bombe atomique pakistanaise, qui dans une déclaration, lue à la télévision nationale, s'était dit seul responsable de la livraison de secrets nucléaires à l'Iran, la Libye et la Corée du Nord, dans les années 80 et 90.
La boucle est bouclée au terme de quatre jours d'un scénario savamment orchestré. Lundi matin : annonce officielle de l'implication d'Abdul Qadeer Khan, qui, selon les autorités, a signé des aveux devant la commission d'enquête... mercredi: tête-à-tête Musharraf-Khan, suivi de la confession télévisée du scientifique, qui présente ses excuses à la Nation, mais qui aussi et surtout blanchit les autorités politiques et militaires de son pays, tout en protestant de sa bonne foi.

Enfin ce jeudi, appel gouvernemental à la clémence auquel répond peu après la grâce présidentielle.

La thèse officielle masse mal

Le général Musharraf a pris soin, dans son allocution, de ne pas trop humilier Abdul Qadeer Khan, maintenu au rang de «héros national», afin de ménager une opinion publique très secouée, et dont il pardonne les «erreurs».

Il n'y a donc pas lieu de le traduire en justice. Et c'est là l'essentiel pour Islamabad, qui évite ainsi de devoir expliquer comment l'homme le plus cajolé mais aussi le plus surveillé du pays a pu tromper la vigilance de l'armée.

Une thèse officielle qui passe mal au Pakistan, où l'opposition réclame une commission d'enquête. Qui passe mal aussi à l'extérieur. L'Agence internationale de l'énergie atomique l'a déjà réfutée. L'AIEA, avec laquelle Pervez Musharraf a catégoriquement exclu toute collaboration.



par Alain  Renon

Article publié le 06/02/2004