Irak
Les Américains blâmés pour les attentats
L’Irak a connu mardi sa journée la plus meurtrière depuis la chute du régime de Saddam Hussein, les attentats qui ont visé la communauté chiite dans la ville sainte de Kerbala et dans la capitale Bagdad ayant coûté la vie à plus de 180 personnes. Une quinzaine de suspects ont été interpellés par les forces de la coalition dirigée par l’Américain Paul Bremer qui s’est engagé à ce que les responsables de ces attaques terroristes soient poursuivis et jugés. Mais la colère gronde au sein de la communauté chiite dont plusieurs responsables ont rejeté la responsabilité de ces attentats sur les Américains incapables selon eux de garantir la sécurité en Irak.
Très attendue, la réaction des dirigeants chiites, dont la communauté a été durement frappée alors qu’elle célébrait pour la première fois depuis plusieurs décennies le deuil de l’Achoura, n’a pas épargné l’administration américaine. Le porte-parole du grand ayatollah Ali Sistani, le plus influent des chefs religieux chiites a en effet rejeté la responsabilité de ces attaques sur les Etats-Unis. «Nous pensons que les forces d’occupation sont responsables à la fois directement et indirectement», a ainsi affirmé Ahmed Saffi quelques heures après le drame. «Nous imputons aux forces d’occupation la responsabilité des tergiversations dans les contrôles aux frontières de l’Irak, la lutte contre les infiltrations et surtout le manque de renforcement des forces nationales irakiennes, qui ne reçoivent pas l’équipement nécessaire pour effectuer le travail», a-t-il notamment précisé, accusant ouvertement les Américains de ne pas associer suffisamment les forces de sécurité du pays au maintien de l’ordre.
Jusqu’ici plutôt discret, le grand ayatollah Bachir Najafi a également stigmatisé les défaillances en matière de sécurité de l’administration de la coalition, l’accusant d’avoir «laissé les frontières ouvertes à tous ceux qui veulent s’infiltrer en Irak». «Entre-temps, a-t-il ajouté dans un communiqué, les forces d’occupation sont occupées à piller les richesses de l’Irak». La critique est également venue du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak dont le chef, Abdelaziz Hakim, qui participe pourtant au gouvernement provisoire, a vivement pris à partie le travail des soldats de la coalition. «Les forces d’occupation sont incapables de protéger les Irakiens et les empêchent de se protéger eux-même», a-t-il affirmé les accusant d’être «responsables de ces boucheries». Ce responsable, qui n’a vraisemblablement pas apprécié les pressions américaines en faveur du démantèlement de la branche armée de son mouvement, a saisi l’occasion pour affirmer que ces attentats étaient bien la preuve que la sécurité devait être confiée à des groupes tels que sa milice.
La piste d’al-Qaïda
Conscients toutefois des dangers que pourraient engendrer des troubles intercommunautaires, les dirigeants de la communauté chiite ont tous lancé un appel à l’unité nationale. «Nous appelons tous les fils du peuple irakien à montrer plus de vigilance face aux pièges des ennemis et nous les exhortons à resserrer les rangs et unifier les discours afin d’accélérer le retour à la souveraineté», a ainsi affirmé l’ayatollah Ali Sistani. Le même discours a été relayé par Abdelaziz Hakim qui a appelé ses compatriotes à «la retenue pour que ces perfides n’atteignent pas leurs objectifs et pour qu’il n’y ait pas de discordes entre les Irakiens».
Le choc passé, le sentiment qui semble aujourd’hui prévaloir parmi les Irakiens est que les attentats dirigés contre la communauté chiite n’ont pas été commis par des compatriotes mais bien par des combattants étrangers. Une thèse qui ne peut que conforter les Américains qui considèrent depuis plusieurs mois déjà que l’Irak est devenu l’avant-poste du combat contre le terrorisme international. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu pour trouver un responsable aux attaques de mardi. Le directeur général des opérations en Irak, Mark Kimmit, a ainsi désigné le Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui, soupçonné de liens avec le réseau d’Oussama ben Laden, comme le principal suspect. Le responsable américain en veut pour preuve une lettre interceptée par les forces de la coalition dans laquelle l’homme expliquerait à des responsables d’al-Qaïda sa stratégie en Irak. Il y évoquerait notamment l’organisation d’attentats contre la communauté chiite.
Cette thèse, que rien ne vient pour l’instant accréditer, semble plus crédible que celle concernant une éventuelle implication de l’Iran. Parmi les quinze suspects arrêtés à Kerbala, quatre parleraient le farsi. Un responsable de la coalition a notamment affirmé que ces hommes étaient probablement venus d’Iran. «Un nombre significatif d’Iraniens est venu célébrer le deuil de l’Achoura, des centaines de milliers de personnes et parmi elles il y avait probablement un petit nombre lié à des organisations terroristes», a-t-il précisé. Mais ce serait ne pas faire cas de l’importance que revêt pour les chiites du monde entier le deuil de l’Achoura. Le chercheur Pierre-Jean Luizard estime cette thèse improbable. Selon lui en effet «Achoura est intouchable pour les chiites, même pour des gens qui ont des intérêts politiques».
Jusqu’ici plutôt discret, le grand ayatollah Bachir Najafi a également stigmatisé les défaillances en matière de sécurité de l’administration de la coalition, l’accusant d’avoir «laissé les frontières ouvertes à tous ceux qui veulent s’infiltrer en Irak». «Entre-temps, a-t-il ajouté dans un communiqué, les forces d’occupation sont occupées à piller les richesses de l’Irak». La critique est également venue du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak dont le chef, Abdelaziz Hakim, qui participe pourtant au gouvernement provisoire, a vivement pris à partie le travail des soldats de la coalition. «Les forces d’occupation sont incapables de protéger les Irakiens et les empêchent de se protéger eux-même», a-t-il affirmé les accusant d’être «responsables de ces boucheries». Ce responsable, qui n’a vraisemblablement pas apprécié les pressions américaines en faveur du démantèlement de la branche armée de son mouvement, a saisi l’occasion pour affirmer que ces attentats étaient bien la preuve que la sécurité devait être confiée à des groupes tels que sa milice.
La piste d’al-Qaïda
Conscients toutefois des dangers que pourraient engendrer des troubles intercommunautaires, les dirigeants de la communauté chiite ont tous lancé un appel à l’unité nationale. «Nous appelons tous les fils du peuple irakien à montrer plus de vigilance face aux pièges des ennemis et nous les exhortons à resserrer les rangs et unifier les discours afin d’accélérer le retour à la souveraineté», a ainsi affirmé l’ayatollah Ali Sistani. Le même discours a été relayé par Abdelaziz Hakim qui a appelé ses compatriotes à «la retenue pour que ces perfides n’atteignent pas leurs objectifs et pour qu’il n’y ait pas de discordes entre les Irakiens».
Le choc passé, le sentiment qui semble aujourd’hui prévaloir parmi les Irakiens est que les attentats dirigés contre la communauté chiite n’ont pas été commis par des compatriotes mais bien par des combattants étrangers. Une thèse qui ne peut que conforter les Américains qui considèrent depuis plusieurs mois déjà que l’Irak est devenu l’avant-poste du combat contre le terrorisme international. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu pour trouver un responsable aux attaques de mardi. Le directeur général des opérations en Irak, Mark Kimmit, a ainsi désigné le Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui, soupçonné de liens avec le réseau d’Oussama ben Laden, comme le principal suspect. Le responsable américain en veut pour preuve une lettre interceptée par les forces de la coalition dans laquelle l’homme expliquerait à des responsables d’al-Qaïda sa stratégie en Irak. Il y évoquerait notamment l’organisation d’attentats contre la communauté chiite.
Cette thèse, que rien ne vient pour l’instant accréditer, semble plus crédible que celle concernant une éventuelle implication de l’Iran. Parmi les quinze suspects arrêtés à Kerbala, quatre parleraient le farsi. Un responsable de la coalition a notamment affirmé que ces hommes étaient probablement venus d’Iran. «Un nombre significatif d’Iraniens est venu célébrer le deuil de l’Achoura, des centaines de milliers de personnes et parmi elles il y avait probablement un petit nombre lié à des organisations terroristes», a-t-il précisé. Mais ce serait ne pas faire cas de l’importance que revêt pour les chiites du monde entier le deuil de l’Achoura. Le chercheur Pierre-Jean Luizard estime cette thèse improbable. Selon lui en effet «Achoura est intouchable pour les chiites, même pour des gens qui ont des intérêts politiques».
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/03/2004