France
La colère monte: «Avis de K.O. social»
Après différentes interpellations du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, par plusieurs comédiens lors de la soirée de remise des Césars, après la pétition du magazine les Inrockuptibles fustigeant la politique de «guerre à l’intelligence» menée par le gouvernement, c’est à l’initiative du groupe de rock les Têtes raides qu’une quarantaine d’associations d’horizons très divers ont été conviées à faire entendre lundi 1er mars leur mécontentement. Plus d’un millier de personnes ont défilé derrière une banderole unitaire «Avis de K.O. social» pour contrer «les politiques réactionnaires» menées par les gouvernements successifs.
«Nous sommes là pour réaffirmer la priorité du principe de solidarité, et la nécessité de mettre l’homme et non l’économie au centre de la société» a déclaré Grégoire Simon, co-fondateur du groupe de rock les Têtes raides, à l’origine du mouvement «K.O.Social», qui a l’ambition de fédérer les colères éparses des artistes et des associatifs, et de favoriser une confrontation des expériences de lutte. Aucune pancarte corporatiste n'a été affichée lors de la manifestation car le mouvement craint la récupération d’où qu’elle vienne. Grégoire Simon porte-parole du mouvement a été clair : «Il faut redéfinir le mouvement social (…) on cache nos chapelles et on revendique ensemble (…) je ne me reconnais pas dans le discours des élus. La politique aujourd’hui est un vrai désert (…) on peut exiger une autre manière de gouverner. C’est une ré-appropriation du champ politique, en dehors des partis».
Les manifestants ont donc répondu à un appel «Marchons, marchons!» initié par ce mouvement : «Nous, individus, particuliers et professionnels de tous secteurs, regroupés ou non en organisations diverses, vous invitons dans un esprit militant et festif à la manifestation qui précèdera la soirée de K.O. social, pour venir vous informer, échanger et protester contre les politiques de plus en plus répressives portant atteinte aux droits les plus fondamentaux, et revendiquer ensemble notre droit inaliénable à une autre réalité: Y’EN A MARRE !». C’est ainsi que, dans le défilé qui partait de la place de la République à Paris et qui se rendait au Zénith pour se terminer par une soirée «festive et militante», les médecins urgentistes hospitaliers ont côtoyé les représentants d’associations de sans-papiers, la Confédération paysanne et les apiculteurs de Vendée, ou bien encore des collectifs de l’éducation, de la recherche ou des intermittents du spectacle. Grégoire Simon insiste sur la nécessaire «reprise de l’expression électorale» par les citoyens : «on nous individualise, on nous sectorise, on nous corporatise, et on monte les gens les uns contre les autres sous prétexte qu’ils n’auraient pas les mêmes intérêts. Il faut redéfinir l’intérêt général de la culture, l’éducation, la santé, la recherche et le développement, les étrangers…».
«Combattre l’apathie en retrouvant une énergie nouvelle»
Le printemps électoral s’annonce agité. Lors du défilé, les seules pancartes brandies par les manifestants proclamaient «On a faim!» «A l’attaque!» «Des papiers pour tous!», les voix s’élevaient pour demander «l’abrogation des lois Pasqua et Sarkozy» et, lors du concert des prises de paroles ont alterné avec les prestations des artistes autour de différents thèmes qui étaient «liberté d’expression, liberté de circulation, droit à l’emploi et à un revenu décent». Marc Fromentin, de l’association Gisti défendant le droit des étrangers, déplorait «un recul de pans entiers de droits avec ce gouvernement, du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale», et à l’instar d’autres groupes le chanteur Loïc Lantoine a estimé qu’il fallait «agréger les bonnes volontés en cette période d’humiliation», un appel à l’union qui fait la force. Grégoire Simon entend bien, en effet, faire avancer le débat des revendications éparses en mobilisant les citoyens et en incitant chacun à sortir de l’apathie et du silence: «Aujourd’hui les gens sont très difficiles à mobiliser, chacun étant empêtré dans ses préoccupations personnelles. La précarité amène le silence, et ceux qui ne sont pas encore précaires doivent prendre la parole, ou plutôt donner la parole à ceux qui ne l’ont plus.(…) aujourd’hui, l’urgence sociale nous amène à sortir de la réserve initiale et nécessaire d’un groupe de musique et à passer à l’action» souffle le saxophoniste des Têtes raides.
Cet appel aux mobilisations ressemble à un prélude à un printemps sulfureux. «Avis de K.O. social» n’est rien de moins qu’une volonté affirmée depuis l’automne dernier d’élargir la lutte. Lors du concert, un comédien est intervenu pour appeler à la mobilisation générale : «C’est le début d’un mouvement social qui pourrait se prolonger par d’autres K.O. social dans d’autres villes. On veut éviter le discours alter-mondialiste global. Nous, on est dans le concret. On se prend en main. Et si on continue de fédérer les différentes franges de la population, on arrivera à mettre les gens dans la rue». La contestation s’amplifie de jour en jour. Médecins, chercheurs, enseignants, intermittents, agriculteurs n’ont pas dit leurs derniers mots et selon les organisateurs du mouvement qui vient d’émerger, la prochaine échéance devrait être le printemps de Bourges.
Jean-Jacques Aillagon recevait ce jour, rue de Valois, le «comité de suivi» chargé de veiller à la mise en place et à l’éventuel aménagement du protocole d’accord refondant l’intermittence, entrée en vigueur au 1er janvier 2004.
Les manifestants ont donc répondu à un appel «Marchons, marchons!» initié par ce mouvement : «Nous, individus, particuliers et professionnels de tous secteurs, regroupés ou non en organisations diverses, vous invitons dans un esprit militant et festif à la manifestation qui précèdera la soirée de K.O. social, pour venir vous informer, échanger et protester contre les politiques de plus en plus répressives portant atteinte aux droits les plus fondamentaux, et revendiquer ensemble notre droit inaliénable à une autre réalité: Y’EN A MARRE !». C’est ainsi que, dans le défilé qui partait de la place de la République à Paris et qui se rendait au Zénith pour se terminer par une soirée «festive et militante», les médecins urgentistes hospitaliers ont côtoyé les représentants d’associations de sans-papiers, la Confédération paysanne et les apiculteurs de Vendée, ou bien encore des collectifs de l’éducation, de la recherche ou des intermittents du spectacle. Grégoire Simon insiste sur la nécessaire «reprise de l’expression électorale» par les citoyens : «on nous individualise, on nous sectorise, on nous corporatise, et on monte les gens les uns contre les autres sous prétexte qu’ils n’auraient pas les mêmes intérêts. Il faut redéfinir l’intérêt général de la culture, l’éducation, la santé, la recherche et le développement, les étrangers…».
«Combattre l’apathie en retrouvant une énergie nouvelle»
Le printemps électoral s’annonce agité. Lors du défilé, les seules pancartes brandies par les manifestants proclamaient «On a faim!» «A l’attaque!» «Des papiers pour tous!», les voix s’élevaient pour demander «l’abrogation des lois Pasqua et Sarkozy» et, lors du concert des prises de paroles ont alterné avec les prestations des artistes autour de différents thèmes qui étaient «liberté d’expression, liberté de circulation, droit à l’emploi et à un revenu décent». Marc Fromentin, de l’association Gisti défendant le droit des étrangers, déplorait «un recul de pans entiers de droits avec ce gouvernement, du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale», et à l’instar d’autres groupes le chanteur Loïc Lantoine a estimé qu’il fallait «agréger les bonnes volontés en cette période d’humiliation», un appel à l’union qui fait la force. Grégoire Simon entend bien, en effet, faire avancer le débat des revendications éparses en mobilisant les citoyens et en incitant chacun à sortir de l’apathie et du silence: «Aujourd’hui les gens sont très difficiles à mobiliser, chacun étant empêtré dans ses préoccupations personnelles. La précarité amène le silence, et ceux qui ne sont pas encore précaires doivent prendre la parole, ou plutôt donner la parole à ceux qui ne l’ont plus.(…) aujourd’hui, l’urgence sociale nous amène à sortir de la réserve initiale et nécessaire d’un groupe de musique et à passer à l’action» souffle le saxophoniste des Têtes raides.
Cet appel aux mobilisations ressemble à un prélude à un printemps sulfureux. «Avis de K.O. social» n’est rien de moins qu’une volonté affirmée depuis l’automne dernier d’élargir la lutte. Lors du concert, un comédien est intervenu pour appeler à la mobilisation générale : «C’est le début d’un mouvement social qui pourrait se prolonger par d’autres K.O. social dans d’autres villes. On veut éviter le discours alter-mondialiste global. Nous, on est dans le concret. On se prend en main. Et si on continue de fédérer les différentes franges de la population, on arrivera à mettre les gens dans la rue». La contestation s’amplifie de jour en jour. Médecins, chercheurs, enseignants, intermittents, agriculteurs n’ont pas dit leurs derniers mots et selon les organisateurs du mouvement qui vient d’émerger, la prochaine échéance devrait être le printemps de Bourges.
Jean-Jacques Aillagon recevait ce jour, rue de Valois, le «comité de suivi» chargé de veiller à la mise en place et à l’éventuel aménagement du protocole d’accord refondant l’intermittence, entrée en vigueur au 1er janvier 2004.
par Dominique Raizon
Article publié le 02/03/2004