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Madagascar

Le cyclone Gafilo s’acharne

D’heure en heure, le bilan du cyclone Gafilo s’alourdit : des victimes, des sans-abris, des dégâts matériels. Après avoir ravagé la moitié nord de Madagascar, ce cyclone pourrait retraverser l’île, cette fois par le sud, dans les tout prochains jours.
De notre correspondant à Madagascar

C’est la dernière information qui inquiète les autorités : le ferry Samson a disparu au large de Majunga (Nord-Ouest de Madagascar), avec à son bord une centaine de passagers. Ce bateau devait arriver lundi matin, en provenance des Comores. Personne ne sait où il est. Peut être à l’abri dans une crique, avancent les plus optimistes. Peut être au fond de l’eau. Les autorités malgaches ont sollicité l’aide française depuis les îles de la Réunion et de Mayotte, pour les recherches. Ce ferry se trouvait en mer dimanche, au moment où Gafilo passait sur la région.

La province de Majunga a subi de gros dégâts matériels, et des pertes humaines. On parle de milliers de sans-abris. Désolation, donc dans cette région qui avait déjà subi de plein fouet le précédent cyclone, Elita, il y a un peu plus d’un mois.

Pour autant, la zone la plus touchée par Gafilo semble être la côte nord-est, entre les villes de Maroantsetra et Antalaha. C’est là que le «cyclone tropical très dense», appellation la plus élevée dans la classification des météorologistes, a cogné en premier, au petit matin de dimanche. Des rafales de vents à plus de 300 km/h. «C’est catastrophique ! raconte un habitant d’Antalaha, interrogé par RFI. 95% de maisons en tôle sont détruites. Seules les maisons en dure ont résisté. Il y a beaucoup de blessés, par les tôles, par la casse des maisons. Actuellement, dans la ville d’Antalaha, il y a des gens qui nagent dans l’eau.» Dans toutes les régions sinistrées, l’eau, l’électricité et le téléphone sont coupés. Difficile, donc, d’avoir des informations chiffrées précises. Seul mode de communication : les liaisons radio BLU (bande latérale unique).

Retour imminent sur la Grande Ile

Au compte-gouttes, les autorités reçoivent les bilans locaux, venant des villes, très peu de données sur les villages reculés. Cinq morts ici, trois cent famille sans-abri par là. Et on ne compte plus les maisons détruites, les routes coupées, les arbres arrachés, les zones inondées… Dès dimanche, sur RFI, le Premier ministre Jacques Sylla parlait de «catastrophe nationale», et lançait un appel à la solidarité internationale. Message reçu. Immédiatement, la France a mis à disposition ses moyens logistiques, notamment par le biais des forces militaires basées sur l’île de la Réunion. Les agences des Nations-Unies (Programme alimentaire mondial, UNICEF, PNUD…) débloquent leur aide matérielle et financière.

«L’urgence, explique Lucile Randrianarivelo, secrétaire permanente du Conseil national de secours (CNS), c’est d’avoir une évaluation précise des dégâts.» D’où les survols qui commencé dès lundi, avec des experts, malgaches et étrangers. Ces évaluations permettront alors de préciser les besoins des sinistrés, et de fait, l’aide d’urgence à apporter.

Les secours s’organisent, mais ils sont tributaires des caprices du temps. Même si Gafilo a quitté la Grande Ile lundi matin, ses effets se font encore sentir. Et la mauvaise nouvelle, c’est son retour imminent sur Madagascar. Actuellement, la dépression reprend des forces dans le Canal du Mozambique, et elle pourrait frapper à nouveau les côtes malgaches, ce mercredi. Les services météo prévoient ainsi un deuxième passage, à travers le sud du pays, après le premier passage de dimanche, au nord. Seule relative bonne nouvelle : Gafilo n’est plus, d’après les experts météo, «qu’une tempête tropicale», alors qu’il était classé «cyclone tropical très intense» à sa première arrivée dimanche.



par Olivier  Péguy

Article publié le 09/03/2004